DEMANDE D’INJONCTION REJETÉE : La résistance s’organise

Le spectacle de désolation perdure avec, au beau milieu de la plage publique, un bâtiment en construction. Après les fouilles, le week-end dernier, les promoteurs – en l’occurrence, la famille du Pandit Sungkur – ont entrepris des travaux de bétonnage, au grand désarroi des habitants de la région et d’autres Mauriciens. Malgré les contestations, ce projet dispose de la bénédiction du Premier ministre qui s’est évertué toute la semaine à défendre le Pandit Sungkur. Leur recours à la justice ayant essuyé un échec – le juge Hajee Abdoola a rejeté la demande d’injonction déposée par deux habitants de Trou aux Biches, les habitants de la localité ne baissent pas les bras. “Nous avons perdu une bataille, mais pas la guerre”, disent-ils. Une manifestation était prévue ce matin à Trou aux Biches. Cette action sera suivie par d’autres recours légaux.
“Enough is enough! Nous n’allons pas laisser passer les choses. C’est injuste. Les plages appartiennent à tous les Mauriciens. Pas kapav deproclaim du jour au lendemain ek donn ti copain. Mauriciens bizin réagir!” C’est l’appel lancé par les habitants du Nord, surtout de Trou aux Biches et Mon Choisy, deux sites sujets à l’accaparement pour des projets commerciaux au détriment du public. Si la demande d’injonction déposée par les habitants de Trou aux Biches a été rejetée, vendredi, par le juge Abdoula, les contestataires, certes choqués par cette décision, ne comptent pas en rester là.
Durant cette semaine, ils ont redoublé d’efforts pour tenter de contrer le projet de construction d’un restaurant par la famille du Pandit Sungkur. Leur première demande, lundi dernier, auprès du juge Caunhye ne devant être entendue que le 25 septembre, les plaignants ont effectué une nouvelle demande le lendemain. Demande qui a été étudiée vendredi par le juge Hajee Abdoola, la juge Peeroo devant qui la demande avait été présentée jeudi s’étant retirée de cette affaire, pour des raisons jusqu’ici inconnues. Le refus du juge d’accéder à leur demande n’est que partie remise, disent les contestataires qui s’activent pour d’autres recours.
“Nous pas kapav accepté ki donn nou laplaz ti copain! Nou pou continié laguerre”, disent-ils, s’insurgeant contre le fait que les promoteurs ont entrepris des travaux de bétonnage dès cette semaine sur la plage de Trou aux Biches.
Deproclamée en catimini
“S’il est vrai que nous dénonçons l’octroi de ce morceau de terrain au Pandit Sungkur, car tout cela n’a pas été fait dans la transparence, c’est encore plus choquant que ce bout de plage publique ait été deproclamée en catimini”, disent plusieurs habitants de Trou aux Biches. Ils font ressortir que depuis quelques années, cette plage dont l’espace est restreint est source de toutes les convoitises. Est-ce parce que la plage fait partie du fief du Premier ministre que ses proches estiment avoir tous les droits? demandent-ils.
Et de faire ressortir que plusieurs informations circulent, ces jours-ci, à l’effet que le poste du National Coast Guard sera prochainement délocalisé. Cela, pour céder la place à un commerce dont le promoteur est un agent politique du PTr qui, outre les terrains à bail, dispose de plusieurs business dans le Nord. “Li pa possible ki ou coz démocratisation léconomie kan zis ou lentouraz ki pé gagné, ek lezot Mauriciens napli kapav jouir zot laplaz”, deplorent les habitants du Nord.
Si la construction du restaurant envisagée par le Pandit Sungkur avance à grands pas, les protestataires s’organisent pour contrer ce développement qui va à l’encontre des droits de chaque citoyen mauricien. Aux côtés de la Plateforme Pou Sov Nou Lapaz, menée par Georges Ah Yan, les habitants de Trou aux Biches et des villages côtiers avoisinants ainsi que ceux de la région Est et Ouest mèneront une série d’actions pour dénoncer l’accaparement de nos plages. À commencer par le meeting prévu ce matin à 11h devant le supermarché Koko à Trou aux Biches.
Ce meeting sera précédé par une marche pacifique qui démarrera à 10h à partir de l’aquarium de Trou aux Biches jusqu’à la petite plage à côté de l’hôtel Casuarina, où un autre promoteur a obtenu une licence pour installer son business. Par ailleurs, le syndicaliste Jack Bizlall s’est aussi invité à la polémique et mènera en parallèle d’autres actions citoyennes – dont une campagne de sensibilisation qui a déjà démarré sur Facebook – contre l’accaparement de nos plages.

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