DÉMISSION DU PRÉSIDENT: Le Réduit retrouve son hygiène politique, estime le PTr

Après la démission de Sir Anerood Jugnauth et sa sortie contre le leadership de Navin Ramgoolam, vendredi, les membres de PTr et du PMSD sont sur le pied de guerre. La conférence de presse d’hier a été consacrée à « remettre en perspective » la démission de SAJ. S’il soutient que les élections générales ne sont prévues qu’en 2015, le tandem PTr-PMSD aborde déjà la conjoncture politique actuelle sur un air de campagne électorale. Entre les « baté bef nu pu donn zot » et « nu lékip soudé paré pu zot », le PTr-PMSD affûte déjà ses armes pour « tir so manzé », promettant aux habitants de la circonscription No 7, Piton-Rivière du Rempart, fief de SAJ depuis 1963, un 3-0 sans bavures.
Le ton est donné au sein du gouvernement pour discréditer SAJ. Pas moins de 11 ministres et 2 députés sont intervenus vendredi au College Universal, Rivière du Rempart, pour dénoncer « la trahison de SAJ ». Et surtout pour demander au peuple « de ne pas se laisser avoir par le bourrage de crâne des médias et de certaines personnes, mais de faire confiance au gouvernement.  » « Ingrat, menteur, traître, jouisseur… » sont quelques qualificatifs dont les rouges affublent aujourd’hui l’ex-président de la République.
A Kalyanee Jughoo – dont le nom a été cité plusieurs fois en haut de la liste des éventuels transfuges qui pourraient abandonner le navire rouge – est revenu l’honneur d’ouvrir les hostilités envers SAJ. Agrémentant son intervention de plusieurs phrases en bhojpuri et poussant même la chansonnette, la députée rouge soutient, comme les autres membres du PTr, que « SAJ a démissionné dans l’intérêt de son fils et non dans celui du pays. » Si Rajesh Jeetah, ancien élu de la circonscription, n’a pas pris la parole, Abu Kasenally, Jim Seetaram, Tasarajen Pillay Chellunbrum, Sutyadeo Mootia et Deva Virahsawmy ont, eux, tous tiré à boulets rouges sur SAJ, dénonçant sa « trahison » envers SSR et les années noires sous son règne.
« SAJ aveuglé par l’amour de son fils »
Citant le Mahabharata, Anil Baichoo estime que SAJ est « aveuglé par l’amour de son fils. » Selon lui, SAJ parle de la fraude et de la corruption mais omet de mentionner l’affaire Medpoint. Demandant à l’assistance de se souvenir de l’affaire Amsterdam Boys, de l’assassinat de Vanessa Lagesse et de l’éclatement de l’affaire MCB-NPF, sous SAJ, le ministre des Infrastructures publiques interroge l’électorat de la circonscription No 7 sur les réalisations de SAJ en tant que député pendant environ 50 ans.
Arvin Boolell a mis en garde les partisans rouges contre les tentatives de l’opposition de diviser la population. Selon le ministre des Affaires étrangères, SAJ ment lorsqu’il dit que Maurice est en tête du classement des pays où la drogue fait des ravages. Il demande au peuple de « sanctionner la trahison de SAJ » et réclame la vigilance, car « certains utiliseront la violence afin de créer une instabilité dans le pays. »
Le vice-PM Rashid Beebeejaun s’est réjoui que « pe mett SAJ ek Paul ensam, coum sa nu coul zot tou lé dé enn sel coup. » Il affirme que la base du MMM ne souhaite pas une alliance avec SAJ et que la base du MSM ne veut pas entendre parler de Bérenger. Il qualifie le remake de 2000 de « rebake », soit « comme un pain rassi auquel on ajoute un peu de farine pour tenter de berner les gens. » Pour M. Beebeejaun, « il n’y a pas lieu d’effectuer un sondage pour connaître le sentiment qui anime les Mauriciens après la démission de SAJ. » Mettant en garde la population contre les tentatives de divisions, il fait ressortir que « zot pe zis oulé gayn pouvwar. Me ena trwa zans pou atann elections. » Il demande à l’électorat de rester solidaire.
Sauver l’empire Jugnauth
A de la conférence du PTr et PMSD, hier, le président du PTr a laissé comprendre que « la population ce samedi matin commence enfin à respirer avec le départ de SAJ de la Présidence. » Selon lui, « depuis quelque temps, avec la cascade de cinéma, de bluff et de perversion de nos institutions, particulièrement le Réduit, cette instance a été souillée. » Patrick Assirvaden estime qu’avec la démission de SAJ, « la Présidence retrouve sa clarté, son hygiène politique. » Il rappelle que pendant les 7 dernières années, SAJ a servi en tant que Président sous et avec le leadership de Navin Ramgoolam: « Lerla tou ti bon. Li ti dan so chato pe zouir tou privilez ek confort, et so fami ti dan pouvoir. L’empire des Jugnauth ti pe consolidé. Me zordi ki so garçon dan difé, lerla nanien napli bon. »
Patrick Assirvaden avance que la population a noté que, lors de son discours de départ, SAJ n’a pipé mot de l’affaire Medpoint. « Eski Medpoint embarassant pou li coz sa? »
Le PTr réclame des explications de l’ex-Président concernant son silence sur l’ICAC alors que les fonctionnaires, voire même sa nièce, ont été arrêtés par l’organisme. « Kifer ce zis kan so garçon tombé ki li, li lévé? », interroge le tandem PTr-PMSD, qui poursuit: « L’unique raison de la descente de SAJ dans l’arène politique est pour sauver son fils et l’empire des Jugnauth. » Un empire qui s’élèverait, selon un calcul du parti, à près de Rs 2 milliards.
Les membres du PTr trouvent inacceptable qu’une fois encore, SAJ a utilisé la résidence présidentielle pour faire un meeting politique. Les lieutenants de Navin Ramgoolam sont d’avis que « SAJ est dépassé et ne maîtrise pas la réalité locale ou internationale. »
Redécoupage électoral: hypocrisie du MSM
Et de rappeler la hausse de la TVA sous le règne de SAJ et Paul Bérenger, les 350 advisors du tandem MSM-MMM au pouvoir entre 2000-2005. Selon Patrick Assirvaden, « lorsque SAJ dit que les ministres ne rencontrent pas Navin Ramgoolam, il fait référence à Pravind Jugnauth à qui le PM a refusé un rendez-vous sur l’affaire Medpoint alors que le Président le lui avait demandé. » Pour le PTr, autre preuve que le MSM n’est pas sincère dans sa démarche: le retrait de sa contestation pour le redécoupage des wards, la veille de la démission du Président. 
Le tandem PTr-PMSD estime que le peuple est témoin de quoi SAJ est capable pour sauver son clan familial, rappelant « le mensonge du Président lorsque le PM l’a interrogé sur son implication dans le remake de 2000. » Selon lui, la démission de SAJ était programmée en raison du refus du PM d’intervenir dans l’ICAC et d’arrêter leur enquête, de céder au chantage du MSM et de sauver l’empire Jugnauth. Les membres du PTr-PMSD se disent « satisfaits que Navin Ramgoolam a le full control de l’agenda politique de Maurice et de sa vision kot li envi amenn le pays. »
Révélations
Et Lormus Bundhoo, secrétaire général du PTr, de prévenir SAJ que « le compte à rebours a commencé. » Le porte-parole du PMSD Lindsay Morvan ajoute que « nu paré pu fer face à sa lekip Old Boys-là. » Il leur donne rendez-vous en 2015 devant la population « pour une raclée. » Car pour le gouvernement, « la population retiendra que SAJ a quitté le Réduit avec le chantage du siècle. » En attendant, le PTr-PMSD donne rendez-vous aux partisans de l’alliance à Vacoas, le 1er Mai prochain, pour des « révélations lor révélations. »
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A L’HEURE DES QUESTIONS: « Nous sommes un bloc soudé de 37 députés PTr-PMSD »
Interrogés hier par la presse sur les dernières défections au sein du PTr, les membres du parti disent unanimement que « tou sa cinema la pe montré ki zot pe rabatt lor ti moustik. Soi disan zot pe lapess rekin, labaleine, ler gueté zot gagn ti milletons. » Selon eux, le tandem PTr-PMSD est « une équipe soudée derrière un leader crédible qui a la confiance du peuple. » En ce qu’il s’agit du nom pressenti pour assurer la Présidence de la République, les membres du PTr affirment que « ena enn ta noms. » Et le profil? « Exactement le contraire de ce qu’est SAJ », disent-ils.
La nomination de SAJ à la Présidence était donc une erreur de Ramgoolam? « La population et nous-mêmes avons sous-estimé jusqu’où SAJ peut aller pour sauver son fils et l’empire des Jugnauth. Et cette question est toujours à l’ordre du jour aujourd’hui. Jusqu’où peut-il tomber? », répondent-ils. Ils refusent de commenter les propos de Cehl Meeah, leader du FSM, à l’effet que le gouvernement peut perdre sa majorité d’ici le 16 avril et renvoient la presse au député pour voir « quels sont les arrangements que le MMM a fait avec lui. » Et d’affirmer: « Nu, nu koné ki nu enn bloc soudé ek 37 députés PTr-PMSD. »

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