Démocratie et transparence (?) — Dépenses électorales déclarées : Pravind Jugnauth : Rs 122 333, soit moins que les dépenses de Ramgoolam

  • Le leader du PMSD, XLD, révèle des débours de Rs 146 375, soit Rs 2 375 de plus que le leader de l’Alliance Nationale
  • Paul Bérenger partage la note de Rs 302 816 avec ses deux colistiers, soit une moyenne de Rs 100 937 chacun

À vendredi dernier, 422 des 810 candidats en lice pour les 70 sièges à pourvoir à l’Assemblée nationale dont les huit sièges de “Best Loser” avaient soumis des “returns” de leurs dépenses électorales à la Commission aux termes de l’article 56 (4) de la Representation of the Act. La limite imposée par la loi à ce titre est de Rs 150 000 pour les candidats ayant obtenu l’investiture d’un parti ou d’une alliance politique et de Rs 250 000 pour les autres candidats. Comme par enchantement et pour ne pas déroger à cette « démarche s’apparentant à une farce démocratique », aucun des candidats des partis de la “mainstream politics” n’a crevé la barre des Rs 150 000 des dépenses. Tout le monde s’est gardé à distance de ce chiffre magique, sauf le ministre des Affaires étrangères et secrétaire général du MSM, Nando Bodha, qui a osé déclarer des dépenses de Rs 150 000 au cours de la dernière campagne électorale. D’autre part, les derniers chiffres affichés à la fin de la journée d’hier sur le site Web de la Commission électorale complète la série des dépenses électorales des ténors de la politique, sauf que les bailleurs de fonds pourront être appelés à se demander où sont passées leurs contributions financières ou autres au nom de la transparence et de la démocratie.

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Avec l’affidavit juré devant la cour de district de Moka vendredi dernier à la date limite imposée par la loi, Me Sharmila Romila Sonah-Ori, agissant au nom du Premier ministre et leader de l’Alliance Morisien, Pravind Jugnauth, déclare que celui-ci n’aura dépensé qu’une moyenne d’un peu plus de Rs 4 000 par jour pendant la campagne électorale, menant aux législatives du 7 novembre dernier. Les documents annexés à cet affidavit font état des déboursements de Rs 122 333 au nom du leader du MSM, soit Rs 1 000 de plus que ses deux colistiers, la vice-Première ministre et ministre de l’Éducation, Leela Devi Dookun-Luchoomun, et le ministre du Commerce, Yogida Sawmynaden.

Les principaux items de dépenses sont Rs 33 333 pour la note de carburant pour chacun des trois candidats à Quartier-Militaire/Moka (No 8), les deux autres étant des paiements pour des “flyers” et autres oriflammes et la sonorisation lors des réunions et meetings de la campagne. Contrairement à Nando Bodha, qui affirme avoir dépensé Rs 50 000 pour des “take-aways” de biryani en faveur des agents de l’Alliance Morisien de la circonscription de Vacoas/Floréal (No 16) le jour du scrutin, les déclarations de dépenses électorales de Pravind Jugnauth ne font pas état de cet item crucial du 7 novembre dernier.

Comparé aux autres chefs de file engagés dans la campagne électorale, Pravind Jugnauth aura dépensé moins que son challenger pour le poste de Premier ministre, en l’occurrence, le leader du parti Travailliste, Navin Ramgoolam, ou encore le candidat battu du Muvman Liberater et de l’Alliance Morisien dans la circonscription No 17 (Curepipe/Midlands), Eddy Boissézon, propulsé aux fonctions de vice-président de la République.

Navin Ramgoolam a déclaré avoir dépensé Rs 144 000 pour ces élections générales, soit Rs 100 000 pour les oriflammes, Rs 36 000 pour les salles vertes et Rs 8 000 pour les posters. Aucune entrée de dépenses pour le carburant pendant la durée de la campagne à Grande-Rivière-Sud-Est/Montagne-Blanche (No 10), sans compter la tournée des circonscriptions ou encore pour les “take-aways” des agents. Tout comme Pravind Jugnauth durant la campagne, de par son statut d’ancien Premier ministre, Navin Ramgoolam bénéficie de facilités en termes de voiture officielle pour ses déplacements tous les jours.

À Belle-Rose/Quatre-Bornes (No 18), le leader du PMSD, Xavier-Luc Duval, a déclaré des dépenses globales de 146 375 pour la campagne électorale. Celles de ses deux colistiers, Arvin Boolell, devenu leader de l’opposition, et Rama Sithanen s’élèvent respectivement à Rs 140 200 et Rs 124 500.

Dans le camp du MMM, notamment à Stanley/Rose-Hill (No 19), les trois candidats, dont le leader du MMM, se sont partagé la facture de Rs 302 816, soit une moyenne de Rs 100 937 chacun, avec Rs 5 de plus pour la candidate battue, Jenny Adebiro. La mise en place des podiums et des “lightings” pour les réunions aura constitué le plus gros item du MMM au No 19, soit Rs 90 000 avec une facture de Rs 60 000 pour les “food and beverages” et Rs 53 396 pour les oriflammes, banderoles et travaux d’imprimerie.

Force est de constater que pour les observateurs politiques et ceux qui étaient sur le terrain pendant la campagne électorale, « ces dépenses déclarées officiellement ne représenteraient même pas le bout de l’iceberg avec un “war chest” électoral recelant des dizaines de millions ». La réalité est que ni l’Electoral Supervisory Commission ni la Commission électorale ne détiennent le pouvoir légal de contester ces déclarations sur l’honneur des candidats à des élections. Pour cet aspect de l’exercice démocratique, ces institutions ne sont là que pour consigner « une farce sur laquelle tout un chacun s’accorde à fermer les yeux ».

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