Démographie : Révision de la National Population Policy

  • Le GM veut renverser la tendance à la baisse du taux de fertilité en dessous du taux de remplacement à Maurice, estimé à 2,1 enfants par femme depuis la mi-1980
  • L’expertise de l’UNFPA sollicitée par Maurice avec une mission attendue en ce début d’année
  • L’impact de la démographie sur l’économie a fait l’objet d’une étude documentée de la MCCI

Dans le but de renverser la tendance à la baisse du taux de fertilité, le ministère de la Santé accueillera ce mois-ci une équipe d’experts de l’UNFPA. La principale attribution de cette démarche est de travailler interlocuteurs locaux, dont les représentants du gouvernement, de la société civile et des universitaires, afin de revoir la National Population Policy du gouvernement. Les informations communiquées au Parlement l’année dernière par le ministre de la Santé, Anwar Husnoo, indiquent que le taux de fertilité est en dessous du taux de remplacement à Maurice, estimé à 2,1 enfants par femme depuis la mi-1980. Cette tendance ne s’est pas améliorée depuis. Elle est passée à 1,67 en 2008 et à 1,44 en 2017.

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Les consultants de l’UNFPA, qui étaient en visite à Maurice début de l’année dernière, avaient produit un “National Policy Paper”, lequel a été rejeté par le gouvernement. D’où l’arrivée d’une nouvelle équipe d’analystes de l’UNFPA ce mois-ci. L’objectif du gouvernement est de ramener le taux de fertilité au niveau de 2,1.

Selon les derniers chiffres diffusés par le bureau central des statistiques, la population mauricienne est estimée à 1 264 613 personnes, dont 50,5% de femmes. Le pourcentage de jeunes âgés de moins de 15 ans était estimé à 18,5% en 2017, contre 19% l’année précédente. Le pourcentage de la population âgée entre 15 et 59 ans s’élevait à 65,4% et la tranche 60-64 ans à 5,6% alors que 10,5% de la population étaient âgés de 65 ans et plus, contre 10% en 2016. Toujours en 2017, la population active, incluant les travailleurs étrangers, était estimée à 615 300 personnes (61,2% d’hommes et 38,8 % de femmes).
Par ailleurs, l’impact de la démographie sur l’économie a fait l’objet d’une étude documentée de la MCCI. Le document a été soumis aux autorités lors de la réunion de Social Economic and Social Council, présidée par le Premier ministre, Pravind Jugnauth, la semaine dernière. Le document rappelle qu’avec le faible taux de fécondité et le vieillissement de la population, le taux de dépendance devrait reprendre l’ascenseur à partir de 2020 pour atteindre 58,9% en 2050 et 88,1% en 2100. « Cela aura probablement un impact sur le fardeau social de la population en âge de travailler pour soutenir et fournir les services sociaux nécessaires aux enfants, et plus particulièrement aux personnes âgées, les termes de pension, de sécurité sociale et de santé, par exemple », souligne le document.

Le pourcentage de personnes âgées dans la population devrait augmenter fortement dans les prochaines années pour atteindre 24% en 2050 et 35% en 2100. Ce qui nécessitera des niveaux plus élevés de sécurité sociale et de systèmes de santé publique. La MCCI précise toutefois que le vieillissement de la population mauricienne n’est pas un phénomène isolé, mais plutôt mondial. La population mondiale âgée devrait en effet croître de plus de 300% au cours de ce siècle, alors que la population en âge de travailler augmentera par moins de 50%.
Le document de la MCCI souligne qu’avec une économie similaire à celle de Singapour pour ce qui est de la taille et de la population, Maurice a le potentiel nécessaire pour tirer parti des avantages de la migration circulaire et des talents étrangers afin de répondre aux exigences d’une économie en croissance. Pour la MCCI, le vieillissement de la population d’un pays peut également être l’occasion de puiser dans des secteurs nouveaux et émergents, adaptés à l’évolution démographique. « À Maurice, on assiste depuis quelques années au développement du secteur des sciences de la vie. L’industrie des sciences de la vie, qui comprend les secteurs de la pharmacie, de la biotechnologie et de la technologie médicale, est actuellement en pleine expansion dans le monde entier, avec une population mondiale vieillissante », souligne le document. La MCCI considère qu’à Maurice, le secteur des sciences de la vie est encore naissant, mais qu’il a connu une croissance constante au fil des ans. Il existe en effet un vaste potentiel pour faire du pays un leader dans ce secteur par le biais de processus d’innovation, compte tenu de son profil et de sa tendance démographique.
Il considère qu’à Maurice, face au vieillissement de sa population et au mécanisme de réglementation nécessaire, un certain nombre de sociétés pharmaceutiques produisent des antibiotiques génériques, des anticholestérol, des antipaludéens, des analgésiques, des antipyrétiques et des diurétiques. Le nouveau parc industriel PharmaLogistics de Rose-Belle, associé à des incitations fiscales telles que le régime de la boîte à innovations, pourrait permettre à Maurice de se positionner comme une plate-forme pour les sociétés pharmaceutiques.

La MCCI souligne que l’industrie mondiale de la biotechnologie est une force motrice dans les processus d’innovation. Elle est évaluée à USD 300 milliards, dont une grande partie est attribuable à la composante pharmaceutique (biotechnologie rouge). À Maurice, le secteur génère plus de Rs 2,8 milliards par an et emploie environ 1 300 personnes, principalement dans les domaines de la sélection et des essais cliniques. « Les essais cliniques constituent une composante majeure de l’industrie de la biotechnologie », observe ainsi la MCCI. La tendance des essais cliniques est orientée vers les économies émergentes, positionnant Maurice comme une destination attrayante. Le pays jouit en effet d’une population génétiquement diverse, caractérisée par un certain nombre de groupes ethniques, comprenant des Indiens, des Européens, des Africains et des Chinois. La recherche clinique dans le pays permet ainsi aux entreprises de proposer des solutions d’une large gamme génétique pour les maladies infectieuses et les maladies.

Depuis la promulgation de la loi sur les essais cliniques en 2011, les organisations de recherche sous contrat (ORC) manifestent un intérêt croissant pour la création d’une base et la réalisation d’essais cliniques. Les ORC sont des organisations qui fournissent un soutien à l’industrie des sciences de la vie sous forme de services de recherches. Selon les derniers chiffres publiés par le Conseil de développement économique (EDB), plus de 1 000 essais cosmétiques ont été réalisés à Maurice au cours de la dernière décennie et environ 25 protocoles d’essais cliniques ont été soumis. Cinq autres études, qui ont été soumises au Conseil de réglementation de la recherche clinique, ont été approuvées.
Le MCCI observe qu’avec le vieillissement de sa population, Maurice doit fournir des soins de meilleure qualité à sa population locale tout en se positionnant comme un centre médical de la région et fournir les traitements médicaux les plus récents et les plus avancés aux citoyens locaux et étrangers.

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