“Digital assets” : Plaidoyer pour l’émergence de technopreneurs locaux

  • Kabir Ruhee, CEO de Rogers Capital : « Avancer de manière rapide et profonde sur les aspects de la régulation »

Dans une “Guidance Note” récemment publiée à l’intention du secteur FinTech, la Financial Services Commission (FSC) reconnaît désormais les actifs numériques comme investissement (“Recognition of Digital Assets as an asset-class for investment by Sophisticated and Expert Investors”). Si la crypto-monnaie avait soulevé dans un passé récent le courroux de certains – qui s’étaient montrés résolument contre ce type d’actifs numériques, notamment à la BOM Tower –, la FSC a clairement choisi la voie de la modernité en donnant sa chance à la crypto-monnaie. Le régulateur se déclare « highly supportive of Fintech regulated activities » et reconnaît que ces actifs peuvent avoir une valeur marchande.

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La “Guidance Note” vient clarifier certains points afin de permettre aux opérateurs évoluant dans la FinTech d’effectuer des transactions en crypto-monnaie. Ces opérateurs se disent « satisfaits » de cette première étape. « C’est déjà un grand pas en avant pour moderniser l’économie et le secteur financier », disent-ils. Avec cette “Guidance Note”, la FSC vient ainsi officiellement reconnaître l’importance des “digital assets” incluant les cryptomonnaies, dont le Bitcoin. « The FSC considers as a Digital Asset, any token, in electronic/binary form, which is representative of either the holder’s access rights to a service or ownership of an asset », dit-elle.

Interrogé sur les opportunités que représentent la crypto-monnaie et la portée de cette “Guidance Note”, Kabir Ruhee, CEO de Rogers Capital, y voit du positif. Ce document, dit-il, fait suite aux annonces faites dans le dernier budget. « C’est un pas dans la bonne direction. Dorénavant, les priorités sur le plan national devraient être, selon moi, la mise en place d’un écosystème qui soit favorable à l’innovation. Il faut avancer de manière rapide et profonde sur les aspects de la régulation. C’est un sujet difficile de par la nature “disruptive” des Fintech. S’équiper de compétences internationales est aussi sans doute un impératif », explique-t-il. Cet écosystème, dont il fait mention, consiste en tout un travail de base pour jeter les jalons d’une île Maurice 100% orientée sur la technologie. Il plaide ainsi pour l’émergence de technopreneurs locaux. « C’est un travail de longue haleine qui doit mobiliser les efforts de l’État, du privé et du monde académique. Cela implique un certain nombre de sujets incluant un meilleur apprentissage des STEM dès l’école primaire, du “capacity building” au niveau de certains métiers par exemple, et en premier lieu le “software engineering”, et une refonte des cursus au niveau tertiaire, entre autres. Il faut également continuer à inciter les meilleurs à venir s’installer dans notre pays. Que ce soit des technopreneurs ou des institutions académiques de renom », souligne Kabir Ruhee.

En attendant, si les cryptomonnaies ne sont pas considérées comme “legal tender” à Maurice, la FSC reconnaît cependant qu’elles ont une valeur, puisqu’elles peuvent s’échanger contre d’autres biens ayant de la valeur, tels que des produits d’investissement tangibles et traditionnels, tels les céréales et les métaux précieux. « The FSC thus considers a Digital Asset including a Cryptocurrency as being a store of value », dit-elle.

Toutefois, le régulateur met en garde contre les risques inhérents à cette classe d’actifs et invite les investisseurs à la prudence. Vu la non-réglementation des transactions en crypto-monnaie, et leur caractère extrêmement volatil, la FSC soutient que l’investissement dans ce type d’actifs doit se faire par des investisseurs « avisés », « experts » ainsi que des “expert funds” ou des fonds d’investissement, précisant qu’« Investments in Digital Assets and Cryptocurrencies not protected by any statutory compensation arrangements in Mauritius ».

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