Dimension protocolaire : le pape François réitère ses préoccupations à Réduit

  • Le Saint-Père rappelle aux politiques l’urgence du « comportement et de la volonté de combattre toutes les formes de corruption »
  • « Je vous encourage à relever le défi de l’accueil et de la protection des migrants qui aujourd’hui viennent ici pour trouver un travail »

Le vivre-ensemble mauricien a été au centre du discours prononcé par le pape François lors de sa rencontre avec les autorités mauriciennes, la société civile et le corps diplomatique. Il a fait état de la « diversité réconciliée » de l’île Maurice. Avant son discours à la State House, il a été reçu en tête-à-tête avec le président par intérim, Barlen Vyapoory qui a présenté au Saint Père tous les membres de sa famille à savoir son épouse, ses enfants et sa mère. Le Premier ministre, Pravind Jugnauth a aussi rencontré le Saint Père en présence de son épouse et de ses deux filles ainsi que du ministre Mentor, sir Anerood Jugnauth et Lady Sarojini.

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Le Président de la République et le Premier ministre ont tous les deux offert des cadeaux au souverain pontife dont un tableau illustrant le château du Réduit pour le premier et un tableau de Marie Reine de la Paix pour le second.

Dans son discours, le pape s’est dit heureux d’avoir pu rencontrer le peuple mauricien, « caractérisé non seulement par un visage multiforme sur le plan culturel, ethnique et religieux, mais, surtout par la beauté qui vient de votre capacité à reconnaître, respecter et harmoniser les différences existantes selon un projet commun ». Et celui-ci de poursuivre : « Ainsi, c’est toute l’histoire de votre peuple qui est née avec l’arrivée des migrants venus de divers continents porteurs de leurs traditions, de leur culture et de leur religion, et qui ont appris, peu à peu, à s’enrichir de la différence des autres et trouver les moyens de vivre ensemble, en cherchant à construire une fraternité soucieuse du bien commun. »
« En ce sens », a-t-il insisté en citant l’exhortation apostolique Evangelii Gaudium, « vous possédez une voix faisant autorité parce qu’elle s’est faite vite capable de rappeler qu’il est possible de parvenir à une paix stable à partir de la conviction que la diversité est belle quand elle accepte d’entrer constamment dans un processus de réconciliation, jusqu’à sceller une sorte de pacte culturel qui fait émerger une diversité réconciliée ». Et de mettre en exergue : « Cela est la base et une opportunité pour la construction d’une véritable communion au sein de la grande famille humaine sans avoir besoin de marginaliser, d’exclure et de rejeter. »

Le pape a observé que l’ADN du peuple mauricien garde la mémoire de ces mouvements migratoires qui ont conduit les ancêtres des Mauriciens jusque sur l’île ; et les ont amenés aussi à s’ouvrir aux différences pour les intégrer et les promouvoir en vue du bien de tous. « C’est pourquoi je vous encourage, dans la fidélité à vos racines, à relever le défi de l’accueil et de la protection des migrants qui aujourd’hui viennent ici pour trouver un travail et, pour beaucoup d’entre eux, de meilleures conditions de vie pour leurs familles. Ayez à cœur de les accueillir comme vos ancêtres ont su s’accueillir les uns les autres comme protagonistes et défenseurs d’une véritable culture de la rencontre qui permette aux migrants et à tous d’être reconnus dans leur dignité et dans leurs droits ».

Le pape François a aussi rendu hommage à la tradition démocratique de Maurice. À ceux engagés dans la vie politique de la République, le pape a souhaité « qu’ils puissent être un exemple pour celles et ceux qui comptent pour vous, et en particulier pour les jeunes ». Il dira : « Par votre comportement et par votre volonté de combattre toutes les formes de corruption, puissiez-vous manifester la valeur de l’engagement au service du bien commun et être toujours dignes de la confiance de vos concitoyens. »

Revenant sur le développement économique du pays, le pape est revenu sur le fait que « il semble souvent que la croissance économique ne profite pas toujoirs à tout le monde ». Il souhaite voir le pays s’engager à « promouvoir une politique économique axée sur les personnes et qui soit en mesure de favoriser une meilleure répartition des revenus, la création d’emplois et la promotion intégrale des plus pauvres. » Il a également eu un mot sur l’écologie, préconisant une conversion écologique intégrale.

Le Saint Père a finalement salué la manière dont, à Maurice, les différentes religions avec leurs identités propres travaillent main dans la main pour contribuer à la paix sociale et rappeler la valeur transcendante de la vie contre toutes sortes de réductionnisme. Il a réaffirmé la disponibilité des catholiques de Maurice de continuer à participer dans ce dialogue fructueux « qui a marqué si fortement l’histoire de votre peuple ».

Pour sa part, Pravind Jugnauth se réjoui que Maurice affiche une convergence avec le Vatican sur les grands enjeux internationaux, tels que la paix dans le monde, le changement climatique et la lutte contre la pauvreté. Il a affirmé que les disparités sociales et culturelles trop grandes entre peuples provoquent tensions et discordes et mettent la paix en péril. Et ce, avant de souligner que dans le sillage du jugement de la Cour internationale de justice sur les Chagos, le gouvernement a pris l’engagement de faciliter le retour des Chagossiens dans l’archipel des Chagos et le repeuplement de certaines îles afin de rendre à ces citoyens mauriciens leur dignité. Il a terminé en affirmant que la visite du pape consolide davantage les bonnes relations qu’entretiennent les autorités mauriciennes avec le Vatican.

Barlen Vyapoory a souligné le rôle unificateur du Père Laval. «  Le Père Laval a réussi à consolider l’unité nationale dans le pays car son tombeau, de nos jours, est visité non seulement par les catholiques mais aussi par des Mauriciens d’autres confessions religieuses ».

Avant de quitter la State House, le pape Francois a béni symboliquement le projet « planter 200 000 arbres » qui bénéficie du soutien du diocèse de Port-Louis.


Père Georgy Kenny (Coordinateur du comité diocésain) : « Un bel enthousiasme national »

Ce que je retiens surtout est le bel enthousiasme national que la visite du pape a suscité. Nous avons vécu un grand moment d’unité et d’émotions intenses à Marie Reine de la Paix et sur tous les lieux où il est passé. Le pape était lui aussi heureux d’être parmi nous et a livré de beaux messages à la population, en nous invitant et en nous encourageant à continuer de cimenter la population mauricienne. Le pape nous a aussi interpellés sur certaines situations de vivre en société et c’est à nous maintenant de savoir recueillir ce qui a été dit pour un travail de réflexion. Cette foule qui s’est déplacée est un témoignage que la personne du pape François dépasse l’horizon de l’Église catholique. Tous les Mauriciens l’ont accueilli comme un pèlerin de paix et d’espérance.
Je profite de l’occasion pour remercier toutes ces personnes au sein du diocèse de Port-Louis et du côté du gouvernement qui m’ont épaulé dans ma responsabilité de coordinateur. Une tâche sensible qui m’a été confiée et que j’ai accomplie avec joie et enthousiasme depuis l’annonce de cette visite au mois de mars grâce à cette belle collaboration. Je n’oublie pas aussi ces centaines de volontaires qui ont accompagné le diocèse durant les préparatifs et qui ont été avec nous jusqu’à la fin de cette journée mémorable.


Mgr Ian Ernest (évêque de Maurice) : « L’accolade de la paix avec le pape m’a profondément touché »

Durant le rite de la paix, lors de la messe, on m’a appelé et j’ai été très touché de donner l’accolade de la paix au pape. C’était un moment très fort qui m’a accompagné durant la journée. Les Mauriciens ont vécu un beau moment de communion à Marie Reine de la Paix J’ai eu aussi le privilège et la joie de le rencontrer à l’évêché en compagnie du cardinal Piat, juste avant son départ pour Sainte-Croix. Ce fut une rencontre courte et intense, durant laquelle j’ai évoqué ma venue à Rome, dans quelques jours, pour mes prochaines responsabilités en tant que représentant de la Communion anglicane auprès du Vatican. Ses propos sur la jeunesse, dans son homélie, m’ont interpellé et rejoignent mes convictions sur le potentiel des jeunes pour la transformation d’un monde meilleur.

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