Diplomatie et Politique : la défense et Chagos au menu de SAJ en Inde

Le ministre Mentor sera reçu par la ministre de la Défense du gouvernement Modi, Nirmala Sitharaman, pour des consultations sur l’accord de défense avec New Delhi et le projet Trident pour le compte de la National Coast Guard

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Le Mentor Minister et ministre de la Défense, sir Anerood Jugnauth, qui effectuera une mission officielle en Inde à partir du prochain week-end, aura des séances de travail avec la ministre de la Défense du gouvernement Modi, Nirmala Sitharaman. Ces high level consultations porteront sur le dossier de la défense, notamment l’accord bilatéral de défense, dont le Maritime Security Agreement signé en mai de l’année dernière lors de la mission officielle effectuée par le Premier ministre, Pravind Jugnauth. C’est ce qu’a confirmé Week-End auprès des sources autorisées à l’Hôtel du gouvernement en fin de semaine. Le dossier des Chagos, notamment une éventuelle confirmation de l’Inde en vue de soumettre des written submissions à la Cour Internationale de Justice en marge de l’Advisory Opinion sur les Chagos contre la Grande-Bretagne, sera également abordé lors des séances de travail avec des membres du gouvernement indien. Mais auparavant, sir Anerood remplacera le Premier ministre lors d’un investment forum dans l’État de l’Uttar Pradesh en vue de promovoir des investissements étrangers, surtout indiens, à Maurice.

À ce stade, les sources autorisées à l’Hôtel du gouvernement font preuve de réserves pour commenter la teneur du prochain round de consultations de haut niveau. « L’indication à l’effet que lors de cette mission officielle en Inde sir Anerood aura des discussions avec la ministre de la Défense est suffisante pour déterminer les dossiers à être évoqués », laisse-t-on entendre néanmoins. L’Inde et Maurice ont un accord de défense, dont un bilateral maritime agreement, au titre de la coopération.
Un autre dossier qui devra figurer au menu des prochains échanges indo-mauriciens est le Trident Project, soit un integrated development project en vue de mettre en place toute une infrastructure et des facilités, dont la construction d’un nouveau quartier général de la National Coast Guard à Fort William, pour la réparation des bâtiments de la National Coast Guard de même que des  « dry dock facilities with flotilla support services. » La réalisation du Trident Project nécessitera des investissements de l’ordre de 70 millions de dollars américains, l’Inde mettant à la disposition de Maurice une enveloppe de $ 52,5 millions sous forme de ligne de crédits et $ 4 millions de grant element.
Le volet consacré au développement d’Agaléga, dont la construction d’une piste d’atterrissage de quelque 3 000 mètres de même que des facilités portuaires, entre autres, devrait aussi faire l’objet de discussions. Ce projet fait déjà l’objet d’un G to G Agreement avec la partie indienne s’occupant exclusivement de toutes les procédures de procurement pour l’allocation des contrats pour les travaux. Mais très peu de détails ont transpiré quant à l’option d’un Indian Military Outpost jusqu’ici, même si la presse indienne spécialisée, commentant la présence militaire indienne de plus en plus visible dans l’océan Indien, avance que «India moved on Assumption Island in Seychelles and Agalega islands in Mauritius, both on the outer stretches of Africa, with an intent to monitor big shipping traffic moving across the Indian Ocean and also towards the Horn of Africa and to the Persian Gulf. In both these places, India will build infrastructure and operate bases with adequate safeguards to the sovereignty of the country concerned. »

« Cause of concern »
En sus de ce move stratégique, l’Inde prévoit de signer un logistics defence agreement avec la France. Cet accord, qui devra être paraphé lors de la prochaine visite officielle du président Emmanuel Macron en Inde, ouvrira l’accès des bases militaires françaises dans l’océan Indien à la marine indienne. Cette présence indienne accrue est perçue comme une stratégie de New Delhi pour contrer les velléités militaires de la République populaire de Chine dans cette partie du monde. La présente crise politique qui secoue l’archipel des Maldives constitue l’exemple de ce power game que se livrent New Delhi et Beijing, d’autant que l’Inde bénéficie d’un soutien inconditionnel des États-Unis pour tenter de damer le pion à la Chine.
Effectivement, cette proximité politique et militaire grandissante entre New Delhi et Washington avec en toile de fond le Logistics Exchange Memorandum of Agreement (LEMOA) donnant accès à la base militaire de Diego Garcia aux unités de la marine indienne constitue un donne intrigante pour Maurice pour éviter de dire  « a cause of concern ». D’aucuns allèguent qu’au nom de cette coopération militaire, l’Inde s’est gardée de cosponsor avec l’Union africaine la résolution 71/292 du 22 juin 2017 aux Nations unies pour un Advisory Opinion de la Cour Internationale de Justice sur les Chagos. Lors de ses entretiens avec des top ministers du gouvernement indien, sir Anerood aura l’occasion de procéder à une évaluation de la situation tout en réitérant l’appel de Maurice à des pays amis pour des written submissions au Registrar de la Cour de La Haye avant le délai étendu du 1er mars.
À Port-Louis, l’on consent à affirmer que le poids politique et diplomatique de l’Inde lors de cet exercice en prévision de l’Advisory Opinion pourrait s’avérer sans égal, même si l’on se refuse à confirmer ou infirmer si le gouvernement Modi sera au rendez-vous de La Haye du 1er mars prochain

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