Diplômés de l’étranger : What’s the next step ?

EMILIE PONEN-GANGARAM

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À ceux qui s’envolent vers d’autres horizons très prochainement, mon conseil est : ne vous reposez pas sur vos lauriers… le chantier ne fait que débuter ! Pour l’avoir vécu, entamer ses études à l’étranger est une expérience unique et intense. Une expérience à la fois effrayante et excitante car il s’agit d’un grand saut dans l’inconnu. On a toutefois envie de goûter à cette aventure. Parce que oui, à cet âge, on aime bien être explorateur !
On s’éloigne de notre cocon familial et zone de confort, on sera confronté à des situations inconnues. L’aventure est certes très dure à gérer dans un premier temps, puisque loin de tout, nous devons trouver nos repères. Nous devons acquérir de l’autonomie, nous devons apprendre à vivre loin des siens. Tel un homme lâché en pleine forêt, l’homme fera appel à son instinct de survie.

L’aventure ne peut qu’être riche en rencontres et en expérience. On va à la découverte des modes de vie différents, on côtoie plusieurs nationalités différentes, on est confronté à une mentalité différente, on vit une vie différente, on gagne en ouverture d’esprit…et on ne peut qu’en ressortir grandi ! J’encouragerai personnellement à tous de faire un saut à l’étranger, que ce soit en termes d’études ou de stage, c’est un bagage pour la vie !
Et après cette aventure enrichissante, nous vient la question du retour au pays.
« Il faut revenir pour servir son pays », dit le gouvernement.

Mais, est-ce une décision antipatriotique ? Est-ce une trahison ? Est-ce volontairement égoïste de ne pas rentrer au pays après ses études ?

Pour ceux qui viennent avec le discours : « Je rentre pour venir servir le pays » … Pleaseeee! Stop! Nous recherchons surtout et avant tout à avoir une bonne condition de vie, un salaire décent, un retour sur l’investissement des sacrifices. Après des études longues et coûteuses ? Combien d’étudiants non-boursiers doivent cumuler des petits boulots pour joindre les deux bouts ? Alors que tu fais des études de management et que tu te fais insulter par ton patron de chez McD…, tu te dis qu’un jour tu rêves d’un avenir prometteur.

Le retour des diplômés est aussi motivé par des raisons familiales. Ceux, qui ont des liens très forts avec leurs familles, ne peuvent multiplier les allers-retours pour les mariages, les anniversaires, les funérailles à cause des coûts onéreux impliqués. Ils décident alors de refaire ces milliers de kilomètres pour s’installer au pays pour de bon. Ils reviennent pour des attachements émotionnels, comme ce fut un peu mon cas !

Toutefois, l’hypothèse du non-retour des étudiants repose sur le fait que l’étudiant n’arrive pas à se projeter professionnellement dans son pays. Quel est l’avenir professionnel d’un jeune diplômé en aéronautique à Maurice par exemple ? Les jeunes choisissent leur filière selon leurs intérêts et leurs ambitions, et non pas en fonction des besoins du pays.

Cependant, on pourrait se demander ce que sont les mesures incitatives qui encouragent les étudiants à retourner au bercail. Ils ne s’attendent pas forcément à un comité d’accueil lorsqu’ils atterrissent sur le sol local, mais peut-être un accompagnement dans les filières qui leur sont les plus appropriées ? Trop souvent nous voyons des diplômés qualifiés qui peinent à trouver un travail décent sous prétexte qu’ils sont trop qualifiés. On serait même tenté d’enlever certaines qualifications sur notre CV pour être en phase avec le marché.
Il ne suffit pas de dire qu’il faut retourner au pays pour retourner au pays. L’État a un rôle à jouer pour récupérer ses jeunes qui se sont formés à l’étranger. Il y a certainement beaucoup de diplômés qui voudraient rentrer chez eux, mais force est de constater qu’ils sont aussi nombreux à être confrontés aux difficultés du retour. Pour lutter contre cette fuite, il faudrait d’abord comprendre ce qui les attire à l’étranger ? Ils sont souvent à la recherche de nouvelles opportunités et de meilleures conditions de vie. Sans surprise, ils pointeront du doigt le marché du travail, l’environnement politique et social.

Leur premier emploi ne devrait pas être une source de stress et de bataille acharnée. Les jeunes diplômés doivent faire face à un marché qui se durcit. Combien de CV envoyés avant de trouver satisfaction ? Certaines entreprises pourraient peut-être offrir des stages ou des périodes d’essai, voire un contrat à durée indéterminée. Les portes se ferment trop souvent lorsque les années d’expérience ne sont pas suffisantes.

Certains y restent parce que les métiers à venir ne sont pas valorisés à Maurice. On va chercher souvent la main-d’œuvre à l’étranger pour construire nos routes par exemple, alors qu’on pourrait proposer des formations spécialisées aux jeunes afin qu’ils aient du travail à l’avenir. Il faut changer cette mentalité qui condamne le travail manuel comme étant synonyme d’échec. Être maçon, électricien, peintre, mécanicien devrait avoir autant de valeur que les autres métiers.

Les formations sont également souvent en inadéquation avec le marché du travail et c’est pourquoi j’admire certaines formations en alternance qui proposent à la fois un stage en entreprise et un cours à temps partiel. Les connaissances apprises en cours sont directement appliquées dans l’entreprise. Le stagiaire est considéré au même titre que n’importe quel employé dans l’entreprise et lui permet d’affiner son projet professionnel.

Il n’y a certainement pas de solution ultime contre l’émigration, mais des pistes à explorer pour traiter ces problèmes de mobilité. Il ne faut pas oublier que ces jeunes reviennent la tête emplie de projets et d’ambitions. Le pays se doit de générer une situation favorable à ces jeunes…pour leur donner envie de retourner. La première phase étant sans doute des moyens pour garantir les emplois. Dans le cas contraire, il ne faut pas s’étonner que ces jeunes essaient de mener leur barque à « leur » bon port.

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