DISCOURS BUDGÉTAIRE : Bérenger pessimiste quant aux objectifs de croissance et de création d’emplois

Commentant, hier, le discours budgétaire du ministre des Finances, Vishnu Lutchmeenaraidoo, Paul Bérenger, leader de l’opposition et du MMM s’est montré pessimiste quant à la réalisation des objectifs de croissance et de création d’emplois fixés par le Grand Argentier. Selon lui, non seulement le gouvernement « donne le mauvais exemple », il se décharge, en plus, de ses responsabilités en se fiant au secteur privé alors même que, dit-il, l’investissement privé n’a cessé de chuter.
Paul Bérenger parle « d’occasion ratée » pour la relance de l’économie et la lutte contre le chômage des jeunes et des femmes. Il explique, à ce propos, que les montants budgétisés laissent entrevoir que le budget de développement de l’Etat a été sacrifié.
S’en tenant à des chiffres comparatifs pour 2014 et 2015, le leader de l’opposition souligne, en effet, que si les dépenses globales du gouvernement augmentent par 15% et les dépenses courantes par 18%, la somme prévue pour le budget de développement, explique-t-il, diminuera par 8%.
Paul Bérenger avance, de plus, que, quand il avait présenté le budget 2014 sous le précédent gouvernement, Xavier Duval, alors ministre des Finances, avait fait des projections pour un budget de développement de l’ordre de Rs 12 milliards pour 2015 et de Rs 14 milliards pour 2016.
Pour le chef de l’opposition, ce n’est que quand le gouvernement consent à faire l’effort nécessaire en matière de projets de développement que le secteur privé accepte de lui emboîter le pas et joue le jeu. Réaffirmant, ainsi, son pessimisme, Paul Bérenger doute que les objectifs fixés de croissance de 5,3% pour 2015/16 et de 5,7% pour 2016/17 ne soient atteints.
Le leader de l’opposition exprime le même pessimisme quant aux objectifs du Grand Argentier pour la création d’emplois. Il trouve que, non seulement, le gouvernement « donne le mauvais exemple », il se décharge aussi, selon lui, de ses responsabilités en s’appuyant sur le secteur privé. Or, explique Paul Bérenger, le taux d’investissements du secteur privé n’a cessé de dégringoler. D’où sa conviction qu’il n’y aura pas de « miracle » économique comme promis.
Technopoles: « vaste bluff »
L’autre point autour du discours budgétaire de Vishnu Lutchmeenaraidoo qui fait l’objet de commentaires de Paul Bérenger: les projets de technopoles annoncés.
Il parle, à cet effet, de « vaste bluff ». Le leader de l’opposition rappelle, d’abord, que des huit méga-projets annoncés, cinq — ceux d’Omnicane, de St Félix, de Médine, d’Azuri et de Terra — sont, déjà, en chantier.
Paul Bérenger affirme qu’un sixième, celui de Roches-Noires, « dormait dans un tiroir depuis des années ». Venant au septième — le projet d’Highlands —, le chef de l’opposition se réfère à ce qui est indiqué, à ce propos, dans le Public Sector Investment Programme. Il explique, ainsi, que ce projet qui n’est qu’à un stade tout à fait embryonnaire prendra tout son temps avant de se matérialiser.
Paul Bérenger se veut ironique dans le cas du huitième et dernier projet — celui annoncé à Riche-Terre — soit, l’ancien projet Jinfei. Il rappelle, dans ce cas, que pour le projet initialement prévu, des investisseurs chinois qui avaient carte blanche pour des investissements à 100% ne se sont, finalement, jamais manifestés.
Le leader de l’opposition se demande, ainsi, comment avec, cette fois, une quote-part de seulement 20% d’intérêts dans le projet, des investisseurs chinois seraient, maintenant, disposés à y investir.
Paul Bérenger estime, ainsi, que les uns et les autres commencent, petit à petit, à y voir plus clair et se rendent compte que le discours budgétaire de Vishnu Lutchmeenaraidoo n’aura été, selon lui, qu’un « grand show ». « C’est avec tristesse que je le dis et je n’ai aucune raison de m’en réjouir », déclare, en conclusion, le chef de l’opposition.
Toujours au chapitre budgétaire, il réaffirme, une fois encore, que c’est un « bad joke » que de parler de « no tax budget ». Pour Paul Bérenger, en effet, il s’agit, davantage, d’un « hidden tax budget ». Il en veut, notamment pour preuve, la ponction additionnelle de Rs 1,4 milliard par an sur le carburant avec la baisse conséquente des produits pétroliers sur le marché international. Baisse qui, rappelle-t-il, n’a pas été répercutée sur le coût à la pompe.
Municipales: réunion samedi
Le leader de l’opposition note, par ailleurs, l’absence de toute référence dans le budget au Gold Fund. Il souligne, à cet effet, qu’un tel fonds aurait été improductif à l’économie nationale contrairement, par exemple, aux Bons du Trésor.
Alors qu’il est question d’élections municipales anticipées, le MMM confirme, d’autre part, qu’il se tient prêt pour cette éventualité. C’est ainsi qu’une première réunion de concertation est prévue samedi prochain à la mairie de Beau-Bassin / Rose-Hill avant le démarrage d’une série de rassemblements dans les villes.
Celle-ci débutera à la mairie de Port-Louis le vendredi 10 avril et concernera les circonscriptions 1 à 4. Commentant, par la même occasion, le projet de nouvelle loi des Administrations régionales, le secrétaire général des mauves, Ajay Gunness, rappelle, pour sa part, comment, à l’époque, le MSM et le MMM qui étaient en accord avaient, vigoureusement, combattu la nouvelle loi Aimée.
Ajay Gunness rappelle aussi que le MSM avait, alors contesté les nouvelles délimitations proposées dans le cadre de la loi du ministre travailliste. « Nous avions, alors, réclamé le retour à la loi MSM/MMM de 2003 », souligne le secrétaire général du MMM. Une demande renouvelée même si Ajay Gunness convient que cette loi de 2003 peut, toujours, être peaufinée.
Reza Uteem a, lui, commenté un tout récent jugement de la Cour suprême indienne relatif aux infractions lors de l’utilisation des moyens de communication numérique. Paul Bérenger devait expliquer, à ce propos, que ce sont, surtout, les arrestations prévues sous la loi en cas d’infraction qui intéresse son parti.
Le feu couve-t-il toujours?
Absence remarquée de Ramano et d’Obeegadoo
Le MMM, assure son leader, est bien décidé à se restructurer. En point de mire, la grande réunion prévue le 1er mai en vue d’un « débat approfondi ».  Paul Bérenger indique qu’il ne se limitera, à cette occasion, qu’à une allocution d’introduction avant de se retirer pour laisser aux militants de son parti le loisir de « débattre dans la plus grande liberté ».
Il annonce, pour l’occasion, la présence de certains « anciens » en citant, nommément, les noms de Jayen Cuttaree et de Ahmad Jeewa. « Ce qui est arrivé est arrivé. Nous regardons, désormais, en direction de l’avenir », affirme Paul Bérenger.
Il semble, toutefois, que pour un certain nombre de militants, le coeur n’y est pas. Certains — et non des moindres — accusent, en effet, la direction de vouloir noyer le poisson de la contestation en organisant cette réunion entre apparatchiks alors que, estiment-ils, c’est d’une vaste consultation auprès des militants de base et de l’électorat que le parti a besoin.
Preuve, s’il en faut, que le feu couve encore sous les cendres au sein du parti mauve en dépit du ton officiellement conciliant de la direction. Hier, à la conférence de presse à l’hôtel Le Labourdonnais, deux absences remarquées : celles de Kavi Ramano et de Steve Obeegadoo.
Interrogé par Week-End, ce dernier a, néanmoins, laissé entendre que son camarade de parti et député de Belle-Rose / Quatre-Bornes et lui étant, tous deux, pris, ils s’étaient faits excuser. Excuses diplomatiques? L’avenir le dira…

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