DRAME EN MER – RODRIGUES : « Ene gro vag nek balyé nou ek bato déviré »

Le village de Baie-Topaze à l’ouest de Rodrigues vit un véritable drame depuis vendredi soir. Aurélio Jean, âgé de 50 ans, habitant du village, et pêcheur de son état, est porté disparu en mer au large de la Passe-Butte. La pirogue dans laquelle il avait pris place en début de soirée de vendredi pour une partie de pêche a chaviré en pleine mer. La cause : une énorme houle ! Les recherches entreprises par les pêcheurs des environs et des éléments de la National Coast Guard (NCG) pendant toute la journée d’hier n’ont rien donné. La Passe-Butte est réputée pour être une zone extrêmement dangereuse. Par contre, deux autres pêcheurs à bord du Fils du Temps, une embarcation en fibre de verre, en l’occurrence, Sténio Jean, âgé de 42 ans et Francet Raphaël, qui sont restés agrippés pendant six heures à la pirogue renversée, ont pu être secourus par un autre pêcheur, qui rentrait à terre à bord d’une autre embarcation.
A Baie-Topaze, depuis l’annonce de la disparition, d’Aurélio Jean en mer, la vie a changé de cours. Car les maisons des trois pêcheurs sont à quelques encablures l’une de l’autre et les habitants du village tentent de comprendre ce qui a bien pu se passer tout en gardant un mince filet d’espoir de pouvoir retrouver Aurélio Jean. Pourtant, les pêcheurs savent que rater la Passe-Butte n’a jamais pardonné, car à ce jour, il y a des victimes qui n’y sont jamais revenues. Cet espoir est basé sur le fait que l’embarcation a pu être récupérée à environ deux milles nautiques de la passe lors des premières recherches hier matin.
Alors que Francet Raphaël, encore traumatisé par cette mésaventure en mer et surtout ces six heures d’angoisse dans l’obscurité en pleine mer, s’est muré dans un silence, Sténio Jean revoit le film des événements : « Buku letan ine passé. Nou fine reste pandan 6 her dans bato ki pe dérivé. Ene kut dan marénwar, nou truv ene ti lalimier. Li ti bien bien lwen. Ene bato lwen ar nou. Nous réalisons que c’est notre seule chance de survie. Le tout est que nous ne devrons nullement rater ce rendez-vous de la dernière chance », raconte le rescapé.
« Nou fine kryé, krye. Bonfie ar nou. Nou camarade Carno ki toi dan sa bato ine tende nou krye ek fine vine sov nou lavi », poursuit Sténio Jean, qui s’interroge encore sur ce qui aurait pu arriver à son oncle, porté disparu. « Pa fine dormi ditu. Latet fatigué », rajoute-t-il avec la mine assombrie tout en scrutant l’horizon à la recherche du moindre indice pour s’accrocher.
Les trois pêcheurs sont habitués à effectuer des sorties de pêche la nuit ? Et vendredi, comme d’habitude, ils ont mis leur embarcation à l’eau de même que leurs équipements de pêche. « Nous avions traversé la Passe-Butte et nous nous sommes retrouvés en pleine mer. Lor la Passe Butte, ti ena buku kuran. A un moment, une forte houle est venue se donner contre notre embarcation. Nou ti sakouyé dan bato. Mo fine seye tini bato ek mette moteur en mars aryer. Lertla ene lot gro vag ine vine balye nou ek bato ine déviré en ba laho », se souvient Stenio Jean. Les trois pêcheurs sont projetés à la mer. Il parvient à remonter à la surface pour s’accrocher à l’embarcation.

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