DRAME À SEPT-CASCADES: Le commandement de la SMF sur le gril au CCID

Après l’inculpation provisoire pour homicide involontaire du lieutenant Atmanand Sookur, 30 ans, dans la double noyade de Sept-Cascades, le Central CID a convoqué ce matin pour interrogatoire, le commandement général de la Special Mobile Force (SMF). L’objectif de l’exercice, qui était encore en cours à la mi-journée, vise à établir de manière formelle les responsables derrière le cover-up du drame de samedi dernier avec deux victimes, les aspirants-membres du Groupement d’Intervention de la Police Mauricienne (GIPM), Louis Sylvestre Nanon, 22 ans, et Nitish Kumar Binda, 23 ans. Le Deputy Commanding Officer de la SMF, l’assistant commissaire Jaddoo, le surintendant Buddoo et le lieutenant-colonel Samba, responsable du GIPM, sont entendus sur les procédures pour la formation des membres de la SMF et les événements de samedi dernier autour de la séance d’entraînement aux Sept-Cascades. D’autre part, les derniers développements dans l’enquête du Central CID suscitent la révolte au sein des familles Nanon à Château Bénarès, Rivière-des-Anguilles, et Binda à Providence, Quartier-Militaire.
Le lieutenant Sookur, qui a été inculpé d’homicide involontaire par le Central CID et remis en liberté par le tribunal de Curepipe contre une caution de Rs 10 000 et une reconnaissance de dettes de Rs 50 000, sera interdit formellement de ses fonctions en cette fin de semaine. Deux versions circulent quant au déroulement de l’interrogatoire de l’instructeur de la SMF, hier, aux Casernes centrales.
Des sources avancent que le responsable de la SMF, qui a retenu les services de Me Sanjeev Teeluckdharry, a fait prévaloir son droit au silence face aux questions des limiers du Central CID alors que d’autres soutiennent que le lieutenant aurait consigné sa version des faits après sa comparution en Cour. Par ailleurs, cet officier de police a été rattrapé par la version unanime des cinq aspirants-membres du GIPM à l’effet que des instructions ont été données pour que tous les membres du groupe se jettent dans le Bassin des 55 Mètres de la quatrième cascade après plus d’une heure d’exercices physiques intenses.
La version initiale du lieutenant Sookur, consignée dans l’Occurrence Book de la SMF et à la CID de Vacoas, samedi soir, avait privilégié la fausse thèse d’un accident, faisant du Private 3692 Nanon la principale cause du drame. Il avait allégué que soi-disant ce membre de la SMF avait mal à la cheville et qu’il voulait enlever ses Combat Shoes. Dans la séquence des événements concoctée et imposée de force aux autres membres du groupe, Louis Sylvestre Nanon serait tombé accidentellement dans l’eau avant de se retrouver en difficulté.
Dans la seconde partie de l’enquête placée sous la double supervision des ACPs Pregassen Vuddamalay et Heman Jangi, l’accent est mis sur le complot ourdi après le drame de samedi en fin de matinée pour le cover-up de ce drame mettant en cause des structures internes au sein de la SMF. Le N° 2 de la SMF est interrogé par une escouade de limiers du Central CID au sujet des protocoles en place pour la formation des membres de la SMF ou encore ceux du GIPM. Il en est de même pour les mesures de contrôle adoptées quant à l’évaluation des risques des éléments du programme.
Le Deputy Commanding Officer de la SMF sera également appelé à révéler en détail les différentes étapes enclenchées par le commandement général à la mi-journée de samedi, avec la confirmation de la mort de deux membres de la SMF lors d’une séance d’entraînement à Sept-Cascades. Le Central CID est intéressé d’obtenir confirmation si une enquête interne avait été diligentée en vue d’établir de manière neutre la séquence des événements. Si tel avait été le cas, l’officier de la SMF désigné pourrait être assigné formellement aux Casernes centrales pour des détails sur le déroulement de l’exercice et la confirmation si tous les autres membres de la SMF avaient été entendus sur les circonstances du drame de Sept-Cascades. Les réponses à ces questions sont cruciales dans la mesure où elles permettront aux enquêteurs de conclure s’il y a eu complot pour le cover-up ou le délit de « Diffusing False News ». L’inspecteur Dawoodharry, qui s’était adressé à la presse samedi après-midi, avait soutenu lors de son interrogatoire qu’il a fait état des éléments qui lui ont été communiqués. Les conclusions de ce volet de l’enquête du Central CID pourraient amener le commissaire de police à recommander une révision complète des procédures en place.
Le surintendant Buddoo et le lieutenant-colonel Samba, responsable du GIPM, sont entendus sur le contenu du programme d’entraînement et de formation à la SMF, les changements intervenus dans le programme de samedi avec les Sept-Cascades privilégiées aux dépens du Corps-de-Garde.
Mais du côté des familles Nanon et Binda, les derniers développements dans le drame de Sept-Cascades et surtout la remise en liberté conditionnelle du lieutenant Sookur, qui serait responsable de la mort de leurs enfants et qui avait tenté de pervertir les faits, alimentent la révolte. À Providence, la mère du Nitish Kumar Binda, âgée de 44 ans, et sa jeune compagne, enceinte de sept mois, Laetitia Mazone, sont encore sous l’effet du choc de cette cruelle disparition. Les plus proches parents n’arrivent pas encore à comprendre les circonstances de ce drame.
De l’autre côté de l’île, soit dans le Sud, chez les Nanon, où l’aîné de la famille fait également partie de la force policière en tant que membre de la Special Supporting Unit (SSU), la colère grogne avec les dernières révélations sur ce qui s’est véritablement passé à Sept-Cascades ce samedi matin. Mais le père et la mère de Lois Sylvestre Nanon préfèrent rester dignes en cette période de grave tristesse face au cynisme, dont a fait preuve jusqu’ici le lieutenant Sookur.
Ces deux familles, qui ne sont nullement informées du déroulement de l’enquête de la police, ne font qu’un souhait unanime. « Certes, nous sommes révoltés par ce que nous avons appris à travers la presse. Nous voulons au nom de nos enfants que la vérité triomphe et que les faits soient rétablis. Nous réclamons que justice soit faite dans cette affaire », affirment-ils lors des entretiens avec Le Mauricien, hier après-midi. Ils ont également tenu à faire état du manque d’égard des autorités compétentes en la conjoncture.

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