DROGUES ET VIH/SIDA : Méthadone et échange de seringues, des bouleversements redoutés

Les changements qui semblent se profiler dans le domaine de la réduction des risques inquiètent des professionnels de santé, des travailleurs sociaux, des usagers aussi bien que leurs proches. Selon les éléments qui se mettent en place le gouvernement avancerait vers d’importants bouleversements au niveau de la thérapie de maintenance à la méthadone aussi bien qu’au niveau du programme d’échange de seringues.
A ce stade, peu d’informations officielles ont été communiquées, mais de récentes décisions laissent comprendre que ces mesures pourraient être revues, voire, menacées. En début de semaines des ONG encadrant les usagers placés sous la méthadone ont été informées de ne plus envoyer de nouveaux patients sur le programme. Ce, malgré leurs listes d’attente. Ces directives interviennent quelques mois après la fermeture de plusieurs sites de distribution et la canalisation des bénéficiaires vers les postes de police. Au niveau des sites d’échange de seringues d’autres règlements se mettent en place. L’un d’eux pourrait permettre aux autorités de connaître l’identité des bénéficiaires contrairement à ce qui avait été décidé au départ.
Résultats pourtant positifs.
Si ces changements interviennent ils mettront hors circuit tout le programme de réduction tel qui est pratiqué à Maurice depuis 2006. Méthadone et échange de seringues avaient été introduits pour réduire la transmission du VIH auprès des usagers de drogue par voie intraveineuse. En quelques années, les statistiques ont démontré une baisse des plus significatives dans la transmission du VIH et de l’hépatite C par cette voie. Ce qui a valu à Maurice d’être salué sur le plan international et d’être cité en exemple. Parallèlement la méthadone a permis à de nombreux usagers qui étaient accrocs à l’héroïne de décrocher des drogues illicites et d’adopter un nouveau mode de vie. Les exemples de ces hommes et femmes qui ont appris à se remettre debout et à redevenir socialement et économiquement actifs sont nombreux. La baisse a aussi été observée dans les crimes liés aux drogues dures et des délits commis par des toxicomanes en manque. Certains des bénéficiaires se sont sevrés de la méthadone. D’autres ont choisi d’y rester selon le protocole établi et qui s’appuie sur l’évidence reconnue que l’addiction est une maladie qui nécessite un accompagnement médical.
Lacunes.
Tout au long, plusieurs problèmes ont été soulevés plus particulièrement sur les sites de distribution de la méthadone. Une situation liée au fait que le programme préconisé au départ n’a été que partiellement introduit. Les autorités se sont limitées à la distribution de méthadone sans se concentrer sur l’accompagnement psychosocial des patients tandis que des médicaments conçus pour le sevrage, dont la buprénorphine, ont été déclarés illégaux à Maurice.
En 2006, suivant l’adoption du AIDS Act, la réduction des risque a fait son entrée à Maurice après au moins trois années d’études, de recherches, d’analyses et de discussions entre partenaire. Les inquiétudes concernaient alors l’explosion qu’il y avait eu dans le taux d’infections au VIH face à laquelle les autorités avaient été lentes à réagir. En 2004, c’est le gouvernement MSM/MMM qui avait jeté les bases des lois et des règlements qui avaient permis au PTR d’introduire ces mesures à son retour au pouvoir.
Le VIH n’est plus une priorité.
L’actuel ministre de la Santé, Anil Gayan, semble être personnellement moins convaincu du programme de maintenance à la Méthadone tandis que le VIH/Sida n’est plus une des grandes priorités du gouvernement depuis que nous ne sommes plus dans la zone rouge. Aucune étude n’a été faite ces derniers temps pour diriger le pays vers une nouvelle voie. La prochaine sera publiée après les travaux de la commission Lam Shang Leen. La nouvelle approche inquiète puisqu’elle risque de replonger Maurice dans des abysses très rapidement. Dans le pire des cas la mise à l’écart de la réduction des risques pourrait faire repartir l’épidémie du VIH et de l’hépatite C, relancer le trafic d’héroïne, contribuer à une recrudescence de la criminalité, entre autres.
Mais nous n’en sommes pas encore à ce stade des spéculations. Le ministère de la Santé nous confirme que les programmes sont pour l’instant toujours “on-going” et que des changements interviendront bientôt. Toutefois les inquiétudes restent vives en attendant que le gouvernement n’exprime clairement sa position sur la question.

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