DROITS D’AUTEURS : Coups de machettes entre pirates et artistes

Samedi 4 janvier, les choses auraient pu très mal tourner pour ce groupe d’artistes… Alain Ramanisum, Bruno Raya, Clarel Armelle, Michel Nany et Jawass, entre autres, s’étaient rendus à Chemin-Grenier où, avaient-ils appris, « des pirates avaient réalisé, eux-mêmes, des compilations de nos musiques et les vendaient comme des petits pâtés… » Sur place, les choses auraient pu déraper dangereusement quand le propriétaire du magasin concerné n’a pas hésité à « briser les vitres de son propre commerce, pensant nous faire peur, et nous a même agressé avec des armes, dont des machettes… » Et ce, malgré la présence de policiers en uniforme…
Des compilations de tubes comme Métisse de Zulu/Mario Ramsamy, Souffrans lamur de Alain Ramanisum, Marye moi de Yoann Catherine ou encore Touss sali de 6Tem R ainsi que des morceaux de Michel Nany étaient « en vente libre dans ce magasin de Chemin-Grenier », expliquent ces artistes, interrogés par Le Mauricien. « Nous avions eu des informations selon lesquelles un commerçant de cette région du sud avait copié plusieurs de nos albums, voire même réalisé ses propres compilations et les mettait en vente… Ces CD commercialisés n’ont jamais été agréés par la MASA. »
Samedi matin, quand ces artistes ont eu vent de ces informations, « nous nous sommes organisés », expliquent-ils. « Nous étions une dizaine, artistes et amis. Notre propos était de nous rendre compte, de visu, de la situation. » Dans ce groupe, on retient la présence de Bruno Raya, Alain Ramanisum, Clarel Armelle et Michel Nany, pour ne citer qu’eux. D’autres personnes proches des artistes, dont Brian Veerapin de Paradize Burning et de Culture Events, ont également fait le déplacement.
Ce groupe prend la route durant la matinée : « Notre première étape a été le poste de police de Chemin-Grenier, où nous avons enregistré une plainte selon laquelle nous avions des informations que nos oeuvres étaient piratées et que nous sollicitions l’aide de la police pour faire la lumière sur cette affaire. » Sur place, poursuivent-ils, « si c’est à l’ADSU de s’occuper de cas de piratage, l’effectif de cette unité n’étant pas au complet, nous avons bénéficié de la présence de deux policiers normalement affectés à ce poste… »
Les artistes expliquent que « dès notre arrivée au magasin en question, les choses se sont gâtées… » Bruno Raya, Alain Ramanisum, Clarel Armelle et les autres devaient « voir de nos propres yeux que des compilations de nos musiques respectives étaient en vente… Des albums en commun que nous n’avons jamais produits ! » Ces artistes maintiennent que « nou finn vinn ek lespri pou diskite ek explik sa bann pirat la ki travay zot pe fer napa bon. Ki zot bizin aret pirat nou bann lamizik ek ki nou pe pran bann aksion legal… » Les albums sont vendus à Rs 100 l’unité « ou Rs 150 si on en achète deux, et même Rs 50 l’unité si on en prend 4 ! »
À l’arrivée des artistes, « et malgré la présence de deux policiers en uniforme, ceux qui étaient dans le magasin ont commencé à proférer des insultes à notre égard et même envers les policiers ! » Bien vite, racontent nos interlocuteurs, « les choses ont dérapé quand ceux qui sont du côté du propriétaire du magasin ont sorti des machettes avec lesquels ils ont tenté de nous agresser… » Pire, continuent-ils, « zot finn mem kraz zot prop vit magazin, an pansan ki zot pe fer nou per ek ki nou pou kile ! »
« Nous avons tenu bon. Nous n’étions pas venus nous bagarrer », poursuivent les artistes, qui ajoutent que « la situation dégénérait rapidement ; la police a même dû faire appel à des renforts ». Quelques artistes prennent alors l’initiative de calmer les choses, et avec l’arrivée d’une dizaine de policiers de Souillac, « la situation s’est améliorée quelque peu. Le propriétaire du magasin a été arrêté et placé en détention ».
Les artistes interrogés par Le Mauricien soulignent que « il n’y a pas que ce magasin qui vend des albums piratés. Nous avons aussi eu des problèmes avec d’autres commerçants dans la même région, ainsi qu’à Curepipe et nous avons des informations selon lesquelles à Triolet et à Plaine-Verte aussi, il y a des magasins qui vendent ces produits piratés ».
Il revient à ces artistes que « c’est un seul et même fournisseur qui réalise les albums piratés et les place chez ces commerçants ». Plus que jamais, disent-ils, « les Mauriciens ne doivent pas acheter ces produits piratés mais respecter les artistes locaux. Nous avons énormément de frais pour investir et réaliser nos albums. C’est totalement injuste de nous exploiter comme cela ! » Les artistes soutiennent également que « la MASA et les autorités, dont le ministère des Arts et de la Culture, ne sont pas assez vigilants sur la question de respect de droits d’auteurs… »

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