Droits de l’homme | Dr Jonathan Ravat : « Éveiller la conscience humaine sur les grands enjeux du monde »

Des participantes au cours de leadership social, dispensé par Dr Jonathan Ravat, se penchent sur les formes d’injustice dans notre société ou encore sur le besoin de nouvelles pensées pour améliorer les conditions de vie

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Pour commémorer l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme, le 10 décembre 1948, la journée des droits de l’homme est célébrée chaque année à cette même date. À l’occasion du 70e anniversaire de l’adoption de ce document fondateur, qui a pour but de protéger les droits de toutes personnes de tout horizon, l’Institut Cardinal Jean Margéot (ICJM) a mis en exergue les défis auxquels Maurice doit faire face pour éviter toute forme d’injustice et prôner l’interactivité et le partage de connaissances pour promouvoir l’exercice universel des droits de l’homme. Le Dr Jonathan Ravat, OSK, chef d’études sociales à l’ICJM, indique qu’il « y a encore beaucoup de défis à relever pour l’application des droits de l’homme » mais qu’il « y a les outils et le besoin de travailler ensemble pour rendre plus efficace son application ».

Maurice a fait montre de son engouement pour la protection des droits de l’homme, avec la signature de traités et de conventions internationales, pour être en ligne avec les aspirations des Nations Unies pour le vivre-ensemble et le respect des droits de tout un chacun. La signature de traités et de conventions n’est toutefois pas suffisante et il demeure le besoin d’éduquer et de conscientiser les citoyens du monde sur les divers types de discriminations et d’injustices qui sont encore d’actualité. Le Dr Jonathan Ravat avance à ce titre que Maurice « a encore beaucoup de défis à relever en matière de droits humains », estimant qu’il « faut savoir comment gérer les institutions, les améliorer et les réformer ». Il soutient : « Il est indéniable qu’il y a un régime démocratique à Maurice, il y a un “rule of law”, aussi une culture des droits de l’homme. Maurice est redevable envers les instances des Nations Unies et cela nous permet de nous rappeler les discriminations toujours présentes, notamment celles envers les femmes ou les enfants. »

Créer le dialogue

Le Dr Jonathan Ravat ne manque pas d’évoquer « l’effort de l’État » dans la promotion des droits universels, avec notamment l’implémentation du système d’Etat Providence (“Welfare State”), « ou encore la réforme de la CSR Foundation avec la Central Funding Agency, qui offre plus de transparence ». Le secteur privé n’est pas en reste, avec la « commission Business Mauritius », comme l’indique le Dr Jonathan Ravat. Selon lui, la solution pour pallier certaines lacunes sur la protection des plus vulnérables « n’est pas dans des lois plus sévères mais sur le besoin de tisser des liens, de créer le dialogue et de travailler ensemble, surtout dans la complexité religieuse, culturelle ou encore ethnique de Maurice ».

Antonio Guterres, le secrétaire général de l’Onu, dans un message adressé à l’ICJM, a rappelé à l’occasion du 70e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme que les lois proclamées «  s’appliquent à tous indépendamment de la race, de la croyance, du lieu géographique ou de toute autre distinction ». Et du fait que les droits de l’homme «  sont assaillis de toute part, il appartient aujourd’hui de défendre ces droits collectivement partout dans le monde ».

La formation en leadership social, « qui permet un éveil d’idées, de conscience et de connaissances avec un partage de compétences pour exercer une responsabilité citoyenne », comme l’explique le Dr Ravat, est ainsi une opportunité d’exposer les maux de la société.

Exposer les maux de société

Le problème du logement a été abordé par Natacha Khoodaruth, qui a pris comme référence l’article 25 de la Déclaration universelle des droits de l’homme,  qui stipule : « Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour l’alimentation, l’habillement, le logement… ». Dans son étude du terrain, principalement dans la région de Rivière-Noire, elle a constaté une « justice à deux vitesses », donnant l’exemple d’un lieu « se nichent des squatters sur un terrain privé, plus connu sous le nom de “Carré d’As”, composé de 46 familles », soit environ 150 personnes. « Alors que juste vis-à-vis de ces squatters, on y retrouve un projet “ERS” avec tout le confort ! Les habitants de “Carré d’As” stagnent donc au même endroit pendant que des projets immobiliers d’envergure voient le jour. » Elle ne manque pas de rappeler la situation précaire dans laquelle vivent ces familles : « Maisons en tôles délabrées, cuisson à même le sol pour certains, promiscuité, problème d’approvisionnement en eau, les mêmes toilettes et une salle de bain pour plusieurs familles. En sus de ça, tous les matins, ils doivent faire la queue pour s’approvisionner en eau ! » Une des solutions serait, selon elle, que le gouvernement mauricien ait recours à la Land Compulsory Acquisition Act. « Cette loi donne droit aux autorités de racheter des terrains privés pour les destiner à des projets de logements sociaux. » 

Protéger l’environnement

L’autre aspect abordé cette fois par Cécilia Samoisy est le “Croisement des savoirs”, soit « une dynamique permettant de créer les conditions pour que le savoir issu de l’expérience de vie des personnes qui connaissent la pauvreté puisse dialoguer avec les savoirs scientifiques et professionnels », comme le souligne ATD Quart-Monde, une Ong internationale qui regroupe des personnes de plus de 30 pays engagées dans la lutte contre la pauvreté. « N’ayons pas tous les savoirs, nous n’arrivons pas à sortir de cette spirale infernale qu’est la misère. Reconnaître le savoir des personnes en situation de pauvreté amènerait la société mauricienne à reconnaître que nous nageons en pleine discrimination, et ce à tous les niveaux », avance-t-elle.

Marlène Lays a quant à elle abordé les effets du changement climatique « À Maurice, ce changement se fait sentir. On a connu la hausse de températures, les inondations et pluies torrentielles de plus en plus fréquentes, provoquant des dégâts considérables, dont celles de mars 2013, qui marqueront les mémoires à jamais avec 11 décès au Caudan. » Et Marlène Lays de soutenir : « Maurice a été parmi les premiers pays de la planète à ratifier l’accord de Paris à la COP21, en 2015. Dans ce cadre, le gouvernement a pris l’engagement de réduire les émissions de CO2 du pays par 30% d’ici 2030. Ainsi, le pays possède un nombre incroyable de politiques, programmes et plans d’actions, parmi lesquels : Maurice Ile Durable, l’Environmental Protection Act 2017, l’Integrated Coastal Zone Management Plan (plan pour la remise en état des plages); le Cadre national de politique d’adaptation aux changements climatiques du pays (NCCAPF – The National Climate Change Adaptation Policy Framework), l’abattement des taxes sur les voitures électriques et hybrides visant à faire diminuer le nombre de véhicules à essence; le Climate Change Bill; un guide pour la famille pour “illustrate practical actions which can be taken at household level to combat climate change”, entre autres. Il faut aussi rappeler que Maurice est partie prenante et a formulé un plan d’action pour la mise en œuvre des Objectifs pour le développement durable (ODD), 2015-2030. » Elle soutient toutefois que « malgré tous ces plans, programmes, lois et politiques, force est de constater que les dégâts à l’environnement, la pollution et le réchauffement climatique se poursuivent » et qu’il en va de tout en chacun de contribuer quotidiennement à la protection de l’environnement.

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