Droits de l’homme : Là où ça fait toujours mal

Observée le 10 décembre, la Journée des Droits de l’homme sert de piqûre de rappel pour le mauvais élève qu’est Maurice en la matière. Malgré les critiques de l’ONU, brutalité policière, violence et non-respect des droits des travailleurs étrangers font toujours partie du paysage. En attendant le rapport annuel du Human Rights Committee, prévu en mars 2020, Scope brosse un portrait de la situation.

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En matière de non-respect de la charte universelle des Droits de l’homme, le problème récurrent à Maurice demeure la brutalité policière. Chaque année comporte son lot d’allégations envers des policiers faisant preuve d’excès de zèle envers des citoyens. Pas plus tard que la semaine dernière, le décès d’un détenu récemment arrêté pour une a! aire d’agression est venu jeter un nouveau pavé dans la mare. La famille de ce dernier allègue que le défunt aurait été victime de brutalité policière. Le dernier rapport de l’Independent Police Complaints Commission (IPCC), qui sera publié prochainement, fait état de 720 cas de brutalités policières traités pour la période allant d’avril 2018 à juin 2019. 704 cas concernent Maurice et 16 Rodrigues.

“Je suis traumatisé”

Parmi ces 720 cas relevés, celui de Didier, la vingtaine, qui s’est retrouvé au mauvais endroit au mauvais moment. “Je suis traumatisé. On m’a emmené de force à un poste de police dans la capitale. J’ai été enfermé dans une pièce et on m’a passé à tabac alors que je n’avais rien fait”, relate-il, en regardant ses mains marquées durant l’agression. Ce mauvais souvenir lui fait faire régulièrement des cauchemars. “Je me réveille souvent le soir en sueur. Je revis cet épisode dans mes cauchemars. J’ai peine à oublier ce qu’ils m’ont fait.”

Ce jour-là, le jeune homme marchait dans la rue quand des limiers se seraient rués sur lui pour l’arrêter, le suspectant d’être en possession de produits illicites. “Ils n’ont rien trouvé sur moi, mais m’ont quand même conduit au poste de police pour m’interroger. Ils m’ont sommé d’avouer que j’étais un dealer et m’ont martelé de questions pour que j’avoue où je cachais ma drogue. Je leur ai dit qu’ils se trompaient de personne, mais ils n’ont rien voulu savoir. Ils m’ont frappé au ventre, à la main, aux jambes, tout en prenant soin de ne pas me toucher au visage.”

“Zot fer dominer”.

Ayant eu vent que leur  » ls avait eu des démêlés avec la police, ses parents sont venus s’enquérir de la situation, sans avoir l’occasion de voir leur  » ls. “On m’a demandé de rester à l’extérieur. J’entendais des bruits à l’intérieur qui ressemblaient à des coups. J’ai tout de suite compris ce qui se passait, mais on ne m’a pas permis d’entrer. J’étais paniqué, je ne savais plus quoi faire. Quand mon ! ls est sorti, il était en larmes, il avait mal partout. Il m’a tout raconté et nous avons porté plainte. Nous laissons la justice faire son travail”, con » e le père de la victime.

Comme Didier, Feroz raconte qu’il a été brutalisé par des policiers. L’agression aurait eu lieu non loin de chez lui, dans un faubourg de la capitale. “Zot inn trap mwa zot inn bat mwa pou nanye. Pourtan mo pa’nn opoz okenn rezistans, mo’nn les zot fouy mwa e zot pa ! nn gagn nanye. Mo kwrar zot inn gagn move ransegnman. Me zot inn bat mwa kan mem. Zot dir mwa mo pou pey pou lezot mem si pa mwa ki zot ti pe rode. Zot fer dominer. Mo lalev inn kase. An plis, mo’nn gagn bate divan dimounn. Li pa normal sa.”

Pour réagir face à cette situation, le rapport de l’IPCC recommande des sanctions sévères contre les policiers incriminés. Cette instance préconise également la mise en place de campagnes de conscientisation, d’encadrement et de discipline dans les postes de police.

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