Ebène – relogement des marchands ambulants sous des bâches : Eyesore au cœur de la Cybercité

Cela fait deux mois qu’un ensemble de bâches a été érigé au cœur de la Cybercité d’Ebène afin de reloger les marchands ambulants. Dans ce quartier d’affaires, doté d’immeubles à la pointe de la modernité, cette structure improvisée est un eyesore, avec en toile de fond, un certain degré d’insalubrité. Le président de la Hawkers Cybercity Association (HCA), Yannick Pauline, souligne qu’il a eu l’assurance de Landscope Mauritius qu’ « un emplacement moderne, de même style que la foire de Quatre-Bornes, sera construit prochainement ».

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L’intransigeance de Landscope Mauritius à déloger les marchands ambulants des trottoirs et les bordures de routes de la Cybercité, depuis le 5 novembre 2018, porte ses fruits. Les colporteurs ont été relogés à quelques encablures de l’Atal Bihari Vajpayee Tower. Regroupés au sein de la HCA — dont le président est Yannick Pauline —, les nouveaux locataires qui règlent une mensualité de Rs 2000 par étal possèdent un permis d’opération en bonne et due forme. Sauf que certaines rumeurs planent sur ce relogement, faites en catimini, sur une ancienne aire de stationnement. Ce relogement serait-il lié aux travaux de construction de l’immeuble qui abritera le nouveau haut-commissariat indien, qui est dans sa phase finale, à Ebène ? Selon des sources bien renseignées, cela faisait plus de cinq ans que les restaurateurs du centre commercial Ebène Mall avaient exprimé leur colère face à la concurrence illégale que leur font les marchands ambulants. Le tout, en prenant en considération le fait que les taxes dans cette partie de l’île sont extrêmement élevées. Les gérants du Hennessy Park Business Hotel avaient également exprimé leurs courroux face à l’occupation illégale des marchands ambulants qui vendaient leurs produits devant l’enceinte de l’établissement hôtelier, devenue pour eux une foire à ciel ouvert.

Aussi inesthétique soit-elle, ce relogement sous la structure métallique, recouverte d’une tente, permet, selon Yannick Pauline d’ « être dans la légalité et de ne plus être pourchassés par la police. » Des rangées de tables en plastiques tiennent lieu d’étals. L’on y trouve de la nourriture, sous toutes ses formes : crue, pimentée, bouillie, frite, ou végétarienne. La torride chaleur, jointe à l’insalubrité des bâches —  qui ne ressemblent en rien aux nouvelles formes de chapiteaux propres et modernes —, les conditions d’hygiène alimentaire sont autant d’inconvénients qui provoquent l’indignation des uns et autres qui habitent ou travaillent sur les lieux. S’il est vrai qu’un bon nombre de hawkers stockaient de la nourriture, avant le relogement, dans le coffre de leurs véhicules, avec les risques sanitaires que cela comportait, ils opèrent dorénavant dans un cadre formel. Mais une réglementation, afin d’assurer la sécurité et la salubrité des denrées alimentaires, s’impose alors dans le plus bref délai.

Rien à voir avec les nouvelles formes des chapiteaux
modernes

L’on recense, à la Cybercité, un peu plus de 30 000 travailleurs, issus de milieux sociaux assez divers. La nourriture peu onéreuse que proposent les marchands de rues attire principalement les gens à revenus modestes. Anoushka Puryag, qui travaille dans un centre d’appels, est de ceux-là « Je travaille pourtant sur un site en face du centre commercial Ebène Mall, où l’on trouve plusieurs restaurants. Mais je n’ai pas les moyens financiers pour m’acheter des repas qui coûtent trois fois plus cher que ceux que proposaient les marchands ambulants, lesquels ont maintenant complètement disparu de la circulation. » Pour cause, l’immeuble The CORE, là où elle travaille, est situé à la périphérie nord-ouest de la Cybercité, soit à 15 minutes de marche du site des hawkers.

Certains colporteurs nous ont confié leur crainte de perdre leur clientèle à long terme. Prakash, vendeur de dholl purri, a définitivement rangé la moto sur laquelle il sillonnait le triangle d’Ebène depuis l’avènement de la Cybercité, en 2003.« C’est un véritable coup de massue du jour au lendemain, sous prétexte de modernisation, on enterre une tradition ancrée dans les mœurs mauriciennes depuis des décennies », dit-il.

Yannick Pauline, conscient de cette situation, ne se montre pas pour autant alarmiste : « Les ventes ont certes baissé, mais il est de notre devoir de nous réinventer, connaître nos atouts et faiblesses pour trouver notre place à ce marché en constante évolution. » Le président de la HCA va plus loin et souligne qu’il a, par le biais de la mairie de Quatre-Bornes et de Landscope Mauritius, découvert les contours de la maquette du marché moderne « alliant infrastructures et esthétisme » qui sera, selon lui, construit sur l’actuel site.

Jointe au téléphone, la mairesse de Quatre-Bornes, Soolekha Jepaul Raddhoa, a été très peu loquace, déclarant ceci :« La Cybercité étant sous la juridiction de Landscope, il faudra contacter le titulaire au poste d’Acting CEO. La mairie participera pleinement à ce projet, s’il va de l’avant. »

Week-End a cherché à confirmer cette information auprès de Naila Hanoomanjee, mais sa secrétaire n’a pas donné suite à nos appels téléphoniques.

Affaire à suivre…

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