ECO-VID 20 — Monde du travail : 552 licenciements enregistrés à lundi

Reaz Chuttoo (CTSP) : « Le pays est dans un état de déconfinement sauvage »

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En marge de la pandémie de COVID-19, le nombre de licenciements enregistrés officiellement au ministère du Travail continue à augmenter, soit de 460 à 552 en début de semaine. Les dernières statistiques démontrent que ces licenciements sont intervenus pour des raisons économiques dans plusieurs secteurs, notamment dans les petits commerces et les Petites et moyennes entreprises.

Depuis le 6 avril, le ministère a enregistré également 214 cas de compression du personnel. Plusieurs salariés ont aussi alerté le ministère du fait qu’ils n’ont pas encore touché de salaires depuis le mois dernier, soit 349 au total. D’autre part, 185 employés ont indiqué les autorités qu’ils ont vu leurs salaires être réduits. Onze firmes ont déjà fermé leurs  portes depuis le 6 avril dernier.

Par ailleurs, il n’y a pas que les bureaux du ministère du Travail qui enregistrent actuellement des plaintes par rapport à des cas de licenciement et de mise au chômage technique ces derniers temps. Depuis le 20 mars, le portail de la Citizen Support Unit (CSU) du Prime Minister’s Office (PMO) a en effet enregistré pas moins de 172 plaintes portant sur les mêmes motifs, mais aussi sur des salaires impayés ou réduits. Ces plaintes ont été dirigées vers le ministère du Travail afin de tenter d’y trouver une solution.
Dans les rangs des syndicats, on continue également à enregistrer de plaintes liées principalement à des arrêts de travail venant d’employés de magasins et de petits commerces qui ne sont pas syndiqués. Depuis le début du confinement, au moins 200 appels téléphoniques ont été enregistrés en ce sens. « Dans un certain nombre de cas, il s’agissait de travailleurs opérant de façon informelle. Il est donc difficile pour eux de rapporter leur cas et ils préfèrent se faire enregistrer comme ‘self-employed’. Des dizaines de milliers de travailleurs sont dans cette situation. Au moins 100 000 personnes travaillent dans le secteur informel. Comment va-t-on régler ce problème ? » se demande Reaz Chuttoo, président de la Confédération des travailleurs des secteurs public et privé (CTSP).

Concernant l’extension du couvre-feu jusqu’au 1er juin, le syndicaliste fait ressortir que la plupart des pays ayant commencé à déconfiner ont vu le nombre de cas de Covid-19 « augmenter de manière surprenante », citant le cas de la France qui a dû repousser au 24 juillet l’état d’urgence sanitaire. « Lorsque le confinement a été installé à Maurice, seuls 47 000 salariés du secteur essentiel opéraient. En l’absence de règlement, ce chiffre est passé à 125 000. Lorsqu’on vient dire que le pays n’a pas encore été déconfiné, cela me semble un peu comique. Beaucoup de gens continuent de travailler. On est en train de dire tout simplement à ceux qui ne travaillent pas qu’ils doivent rester à la maison, et cela sème la confusion, car les travailleurs croient que seuls ceux qui opèrent dans les secteurs essentiels sont en train de travailler », dit-il.

Le président de la CTSP est catégorique : le déconfinement a déjà commencé. « Je sais que plusieurs entreprises qui ne figurent pas dans les services essentiels sont en train de travailler. Je parle de ceux affectés dans des entreprises fabriquant des sacs, ceux qui livrent les boissons alcoolisées, qui débarquent le ciment, etc. La réalité est qu’il n’y a aucun contrôle des permis pour se rendre au travail. Ils sont en train de travailler pour des raisons économiques. » Et Reaz Chuttoo de poursuivre : « Aujourd’hui (le 3 mai, Ndlr), il n’y a aucun règlement officiel pour protéger les salariés. On a droit à la rhétorique de la ‘social distancing’, du gel désinfectant, etc., alors qu’il faudrait un ‘medical screening’ des travailleurs dans les entreprises. En réalité, on est en train de déconfiner le pays tous les jours. »

Le syndicaliste est également remonté contre les mesures concernant le transport en commun. Ainsi, selon lui, les autorités évoquent les cas des bus ou encore des taxis, mais « rien concernant les vans de 15 places qui vont chercher des travailleurs ». Ce qui lui fait dire que « nous pratiquons un déconfinement sauvage dans le pays », alors que les autorités évoquent la date du 1er juin. Et de conclure sur un cas atypique : « Un groupe d’éleveurs de porcs est venu me voir, car ils ne peuvent pas vendre leurs produits. Et pour cause, puisque les marchés sont fermés. En revanche, on va autoriser l’ouverture des boucheries. D’où ma question : où vont-ils alors vendre leurs produits ? »

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