ÉCONOMIE 2014 : L’Unfinished Agenda de retour

Indépendamment des agitations sur le plan politique et en particulier au sein de l’alliance gouvernementale PTr/PMSD, l’Unfinished Agendade l’économie se signale déjà en ce début de 2014. La confirmation de cette indication s’est traduite par une correspondance émanant du QG du Fonds monétaire international (FMI) au sujet de l’arrivée prochaine de la mission dirigée par Martin Petri pour les Article IV Consultationsengageant le gouvernement aussi bien que des représentants des opérateurs économiques et de la société civile. Entre-temps, leJoint Economic Committee(JEC) et la Mauritius Chamber of Commerce and Industry(MCCI) ont initié des consultations entre leurs membres en vue de participer activement à ces discussions en cette année cruciale, que ce soit sur le plan économique ou politique avec les prochaines élections générales devant intervenir à partir de 2015. Tous les observateurs de la scène économique s’accordent à dire que si des décisions économiques majeures en vue de redresser la barre s’imposent, elles devront intervenir en ce début d’année et non à la veille de la campagne électorale.
Des recoupements d’informations effectués par Week-Endindiquent que la mission du FMI, qui devrait débarquer à Maurice à la fin de ce mois, a déjà établi le programme des séances de travail en consultations avec le ministère des Finances et comprenant des représentants de ministères de même qu’avec la Banque de Maurice, des représentants des organismes du secteur privé et des organisations syndicales et civiles. Pour ce qui est des dossiers qui seront abordés lors de ces discussions, figurent en bonne place la performance de l’économie en 2013 avec une croissance économique Under Par de 3,2% pour une nouvelle année consécutive aussi bien que les Inhibiting Factorsidentifiés au cours des précédentes missions du FMI.
Dans la conjoncture et le sillage de la mise en application des recommandations du Pay Research Bureau (PRB) en faveur des employés du secteur privé, le FMI compte revenir à la charge sur l’importance de la réforme dans le monde du travail. Les problèmes majeurs, énumérés l’année dernière à ce chapitre, en particulier le chômage des jeunes et de la main-d’oeuvre féminine, n’ont pas connu d’amélioration sensible.
“Labour market reforms should primarily target the employability of the low-skilled youth and women, who comprise the majority of the unemployed”,soulignait le FMI dans le Public Information Notice(PIN) en date du 3 avril 2013. Quand la mission Petri passera en revue les dernières statistiques du chômage pour 2013, elle constatera qu’il n’y a pas eu de changements structurels avec un taux de chômage parmi les jeunes trois fois plus élevé que la moyenne nationale, soit 24% contre 8%. La situation n’a guère évolué sur le plan du chômage féminin.
Accélération du processus
L’initiative de la mise sur pied du Youth Employment Programme (YEP), avec le placement professionnel de jeunes diplômés pour une periode donnée, n’est qu’un palliatif au problème du Mismatch dans le monde du travail. Le principal bénéfice découlant de ce programme a été que le nombre de chômeurs a été maintenu artificiellement sous la barre fatidique des 50 000 en 2013. L’objectif annoncé par le ministère des Finances sous le YEP est de passer la barre des 4 000 placements en ce début d’année pour éviter tout alarmisme sur ce plan.
Toujours au chapitre du monde du travail, le dernier rapport officiel du FMI d’avril 2013 revient avec les mantras de réforme comme celui faisant état de“measures to better align the education curriculum to the needs of the industry and increase private sector involvement in vocation education could also contribute to reduce skills mismatches, particularly for the young.”
La question des salaires et, en particulier, la réforme des Wage Setting Mechanismsfigureront parmi les priorités qui devraient être abordées dans les prochaines Article IV Consultationsavec le FMI. Déjà en 2013, la mission Petri prônait que “wage setting mechanisms should be reviewed with the objective of aligning real wage increases closer with labor productivity improvements.” Les progrès réalisés seront étudiés à la loupe.
Un autre secteur qui retiendra l’attention dans le cadre du programme de réforme concerne le système de pensions. Le FMI ne rate jamais une occasion pour remettre en perspective cette question et réclamer une accéléraion du processus déjà engagé. Parmi les demandes qui pourraient faire surface dans le cadre de la réforme des pensions se trouvent une révision à la hausse des Mandatory Contribution Rates du National Pension Fundet une Actuarially-Sustainable Increasedans les bénéfices. Ces propositions ont figuré à l’ordre du jour de précédentes consultations.
À la veille de la mission du FMI, la question de la restructuration des State-Owned Enterprises(SOE) a pris de l’importance avec l’Office of Public Sector Governance (OPSG) du Prime Minister’s Officedressant le bilan du programme de travail de 2013. L’objectif déclaré est de procéder à la restructuration d’au moins 11 corps para-étatiques avec pour Benchmarkun Return on Capitald’au moins 5% annuellement dans chacun des cas. Jusqu’ici, force est de constater que le programme de réforme a été enclenché au niveau de deux organismes para-publics, soit la Corporation Nationale de Transport (CNT) et la Banque de Développement (BDM) alors que les premiers résultats probants n’ont pas encore été enregistrés.
Au niveau de la CNT, la restructuration a été amorcée avec le départ à la retraite volontaire d’une catégorie d’employés. Mais les investissements dans des autobus modernes et un système de ticketingne nécessitant pas la présence de receveurs dans les autobus sont encore à venir. Du côté de la BDM, des discusions sont en cours quant à la nouvelle vocation de cette institution financière.
Réforme-phare
Néanmoins, la réforme-phare pourrait être adoptée par le Rose-Belle Sugar Estate Board, qui est arrivé à la conclusion que la culture de la canne n’est plus une opération rentable, que ce soit sur le plan local ou encore avec la dernière étape de la réforme sucrière de l’Union Européenne au cours de ces cinq prochaines années. Ainsi, en accord avec l’Office of Public Sector Governance,le conseil d’aministration de la compagnie sucrière d’État de Rose-Belle a commandité une étude avec unBusiness Planpour confirmer cet Exit le plus rapidement possible du secteur sucre et une conversion optimale des Prime Landsde cette sucrerie.
Les propositions de reconversion des opérations de Rose-Belle Sugar Estate,qui devront être en complément avec les grandes orientations pour le Sud, axées sur la nouvelle infrastructure aéroportuaire du SSR International Airport, devront être avalisées par le Conseil des ministres avant que tout changement ne soit apporté. À ce stade, aucun détail n’a transpiré du calendrier établi pour l’étude confiée à des consultants du privé et la mission Petri ne pourra que prendre connaissance du fait qu’un rapport sur l’avenir de Rose-Belle est actuellement en voie d’élaboration.
D’autre part, le Conseil des ministres a donné son feu vert récemment au plan de restructuration de la Mauritius Meat Authority,alors que la situation au niveau de la National Housing Development CompanyLimited se complique davantage avec des instructions de Repossessing(Sale by Levy) données au conseil légal dans 250 cas et plus de 2 000 cas d’arriérés de mensualités de la part des occupants des appartements de la NHDC à la fin de 2013. Les difficultés économiques des ménages viennent se greffer sur ce problème.
La mission du FMI passera également en revue les principaux paramètres dans le système bancaire lors des discussions avec le gouverneur de la Banque de Maurice, Manou Bheenick, entouré de ses plus proches collaborateurs. Un premier point de satisfaction se situe au niveau du comportement de la roupie sur le marché de change. Le misalignment, qui avait dans le temps fait l’objet de vifs contentieux avec le FMI transformé en arbitre entre les deux camps, a été corrigé avec une harmonisation de la politique monétaire et fiscale.
Véritable fardeau
Toutefois, depuis la fin de l’année dernière, un autre phénomène préoccupant a surgi dans le secteur bancaire. Les dernières statistiques émises par la Banque de Maurice, en date du 26 décembre dernier, indiquent que le taux d’excès de liquidités dans le circuit bancaire avait dépassé la barre des 10%, soit 2,5 points de plus que la moyenne enregistrée au cours de ces deux dernières années.
Au lendemain de la Noël, l’Excess Cash Holdingdans les banques se montait à Rs 9,7 milliards, soit presque Rs 4,5 milliards de plus que celui enregistré 15 jours auparavant, exactement le 12 décembre. Cette question d’excès de liquidités constitue un véritable fardeau dans les opérations de la Banque de Maurice. D’ailleurs, lors de la précédente mission du FMI, en janvier 2013, la sonnette d’alarme avait été tirée sur la problématique des excès de liquidités sur le marché.“Excess liquidity should be reduced to better align the policy rate with market rates and help strengthen the monetary transmission mechanism”, recommandait le FMI à l’époque où l’excès de liquidités n’était que de Rs 3,1 milliards, soit presque trois fois moins que celui de la fin de décembre.
Le gouverneur de la Banque de Maurice a également fait un plaidoyer lors de la publication du rapport annuel de cette institution en avançant que le niveau des excès de liquidités a connu une nette détérioration avec le lancement en juin 2012 de l’Open Reserves Reconstitution(ORR) pour contrecarrer l’appréciation de la roupie.
“The ORR resulted, however, in excess rupee liquidity in the domestic money market and the Bank had to conduct open market operations to mop up the surplus. We had to complement the issue of Government Securities with our own paper which reached a record level of almost Rs 19 billion. This came with a cost and weighed heavily on the Banks’ balance sheet”, affirme Manou Bhenick dans son introduction au rapport de la Banque de Maurice.
Dans le secteur bancaire, le comble de la situation est qu’alors que les banques commerciales affichent des profits robustes, la Banque de Maurice court un gros risque au chapitre de la profitabilité avec Manou Bheenick réitérant son appel aux autorités que “it is certainly not in the interest of the nation to have a Central Bank with weak finances.” Le FMI prendra note de cette déclaration officielle de la Banque de Maurice au chapitre d’excès de liquidités à la fin de ce mois pour compléter l’Unfinished Economic Agenda.
 
 

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