ECONOMIE – Brexit : Le repli de la £ suscite des craintes pour le tourisme

Le textile appréhende des effets sur la demande avec la baisse du pouvoir d’achat du Britannique.

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Ce lundi, la livre sterling s’échangeait à Rs 44,29. Elle se trouve ainsi à son niveau le plus bas face au dollar depuis 30 mois. Chez nous, depuis le 29 juillet, la monnaie britannique a plongé sous la barre des Rs 44, et ce alors que de la mi-mars 2015 à début 2016, elle s’échangeait encore à plus de Rs 52. En cause : l’incertitude des négociations entourant la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne (UE) et l’arrivée au pouvoir de Boris Johnson, qui a promis une sortie de l’UE le 31 octobre « sans accord ». Depuis son arrivée au pouvoir, la livre a chuté, et ce alors que l’euro demeure fort.

Quels sont les effets de cette baisse sur l’économie locale ? Voyons d’abord sur le plan des exportations. Selon les dernières statistiques datant de mai dernier, le Royaume-Uni est notre quatrième marché d’exportation. « La livre sterling est à son niveau le plus bas par rapport au dollar depuis 30 mois. Pour Maurice, il faut qu’on analyse ce chiffre par rapport à nos exportations. Aujourd’hui, la plupart de nos exportations vers le Royaume-Uni se font en dollar. Cela veut dire que l’impact de la baisse de la livre sterling est moins important », observe un économiste. C’est le cas pour le secteur sucrier, par exemple, déjà en fâcheuse posture avec la dégringolade des prix mondiaux. L’impact ne sera pas important, fait-on comprendre dans les milieux sucriers, car « les exportations vers le Royaume-Uni représentent bien moins qu’avant 2009 », avec le Protocole sucre. « En outre, la majorité des exportations de sucre vers le Royaume-Uni sont payées en euro. Il y a très peu de contrats payés en livre, donc le recul de la livre n’aura qu’un impact limité sur le secteur », dit-on.

Toutefois, c’est en bout de chaîne, au niveau du consommateur britannique, qu’un éventuel effet pourrait être observé, car celui-ci paye son sucre en livre dans les supermarchés et, à ce niveau, il se peut que la demande diminue. « La demande pour les produits mauriciens pourrait diminuer si le pouvoir d’achat des Britanniques est en baisse », analyse un opérateur textile. Et de poursuivre : « À moyen terme, les commandes des entreprises britanniques pour les produits mauriciens pourraient être affectées. »

En revanche, les craintes sont réelles pour le secteur touristique. Celui-ci devrait en effet ressentir pleinement les effets de la baisse de la monnaie britannique. Pour le premier semestre de l’année, le Royaume-Uni – notre quatrième marché émetteur de touristes en termes de volume – avait déjà reculé de 2,2%. L’économiste cité plus haut prévoit qu’avec « une baisse du pouvoir d’achat des Anglais, il y aura certainement un impact sur les recettes touristiques ». Un hôtelier renchérit : « Pour les touristes britanniques, leur argent a moins de valeur, donc non seulement ils dépensent moins lorsqu’ils voyagent, mais ils peuvent carrément annuler leur voyage, car cela leur coûtera plus cher. Il y a fort à parier que les Britanniques préféreront diminuer leurs dépenses de voyages ou voyager en Europe même ou en Grande-Bretagne, soit des destinations court courrier, afin d’économiser sur les prix. »

Par contre, là où les opportunités sont à saisir, c’est concernant les Mauriciens voyageant vers le Royaume-Uni. Avec la baisse de la livre, c’est très avantageux pour nos compatriotes de voyager vers le pays de sa Majesté, notamment pour le shopping. Quant à savoir comment évoluera la livre dans les prochaines semaines, c’est difficile à dire. Tous les observateurs mondiaux estiment cependant que le contexte mondial ne contribuera pas à faire évoluer drastiquement les choses eu égard au comportement de la livre. Celle-ci devrait rester relativement faible. « Tout dépendra du Brexit. Il semblerait que l’on s’achemine vers un “hard Brexit”. Si c’est le cas, il y aura moins de confiance dans cette monnaie. L’incertitude va dominer et la livre sterling risque de continuer à se déprécier. Tant qu’on n’aura pas d’accord avec l’UE, l’incertitude prévaudra. Nous sommes définitivement dans une période très volatile pour la livre. »

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