ÉCONOMIE ET FINANCES : Rs 168 000 de dette par tête d’habitant à fin juin

Les dernières statistiques officielles, rendues publiques hier par le ministère des Finances sur son site internet, indique que la dette publique a progressé de quelque Rs 20 milliards d’une année à l’autre à la fin juin dernier. Ainsi, la montagne de la dette contractée par le gouvernement, que ce soit sur le plan local ou auprès des sources étrangères, se monte à Rs 211,6 milliards, sans compter les Rs 3,5 milliards empruntées auprès de la Banque africaine de développement (BAD) pour le compte du Central Electricity Board (CEB) en vue de prévenir tout black-out avec la réhabilitation de la centrale thermique de Saint-Louis. Une autre série de données, suscitant des appréhensions dans le monde des affaires, concerne l’évolution des crédits bancaires au secteur privé. Les statistiques compilées par la Banque de Maurice révèlent que l’industrie de la construction est la plus endettée, avec une enveloppe de Rs 76,7 milliards, soit Rs 5 milliards de plus que l’année dernière, alors que ce secteur économique passe par une période de crise quasiment sans précédent.
Les chiffres officiels du ministère des Finances confirment que la dette publique par tête d’habitant se monte à Rs 168 000 fin juin dernier, soit une augmentation de Rs 16 000 en une année, l’indicateur étant de l’ordre de Rs 152 000 le même mois de l’année dernière. Les Rs 211,7 milliards de dette publique se répartissent comme suit :
– Budgetary Central Government Debt : Rs 156,9 milliards, dont Rs 83 milliards de dettes à long terme, Rs 50,6 milliards à moyen terme et Rs 22,9 milliards à court terme;
– Dette étrangère : Rs 46,9 milliards.
Tout semble indiquer que la dette étrangère contractée par le gouvernement pourrait crever la barre des Rs 50 milliards pour la première fois dans les annales financières d’ici la fin de l’année. Si l’on tient compte de la récente décision de la BAD d’injecter Rs 3,5 milliards dans le projet d’acquisition de quatre nouvelles turbines pour la centrale thermique de Saint-Louis, le compte aura déjà été atteint. De juin 2013 à juin 2014, la dette étrangère a progressé de Rs 9 milliards alors que, pour la période allant de décembre 2012 à juin 2014, la Government External Debt a littéralement explosé, passant de Rs 31,4 milliards à Rs 46,9 milliards, soit une hausse de presque 50%.
Sur le plan de la dette locale, le montant est passé de Rs 143,9 milliards en juin de l’année dernière à Rs 156,9 milliards à juin 2014, soit une progression moyenne d’un peu plus de Rs 1 milliard par mois. Les effets de cette augmentation de la dette publique se traduisent par une détérioration du ratio par rapport au Produit intérieur brut (PIB), passant de 54% en juin 2013 à 56,4% à pareille époque cette année. Avec cette tendance, le Fonds monétaire international a déjà évoqué des doutes quant à la possibilité de respecter les engagements pris par le gouvernement au sujet de la gestion de la dette publique pour ramener cet indicateur sous la barre des 50% d’ici 2018.
Les dernières statistiques de la Banque de Maurice au sujet de l’évolution des crédits bancaires au secteur privé semblent accréditer les commentaires des membres du Monetary Policy Committee lors de la réunion du 14 juillet dernier. Les “Minutes of Proceedings” de cette réunion, rendues publiques en début de semaine, soulignent : « These members, moreover, assessed that the banking sector was showing signs of stress. Credit had been misallocated to some sectors, like construction for instance, while many firms had become over-leveraged in the process of restructuring their operations. » La récente mise sous administration judiciaire de Le Meritt Holdings Ltd, un chantier immobilier de luxe avec des investissements de Rs 3,3 milliards, est venue se greffer à ces premières appréhensions de la Banque centrale.
Fin juin dernier, sur un volume de Rs 302 milliards, les crédits bancaires alloués au secteur de la construction était de Rs 76,7 milliards, soit presque 35%. De ces avances bancaires, quelque Rs 67 milliards sont sous forme d’emprunts avancés aux opérateurs du bâtiment et Rs 5,6 milliards en tant que découverts bancaires. Les emprunts ont augmenté de Rs 5 milliards de juin 2013 à juin 2014 alors que l’inverse s’est produit par rapport aux découverts, qui ont été réduits de Rs 500 millions.?Autre secteur économique sur le radar de surveillance de la Bank of Mauritius Tower : le tourisme. Les crédits bancaires de cette industrie ont en effet augmenté de Rs 3 milliards en une année, pour se retrouver à Rs 48,2 milliards à juin dernier, et ce même si les emprunts bancaires aux opérateurs ont été  maintenus à hauteur de Rs 24 milliards au cours de la même période.
L’allocation des crédits aux autres filières de l’économie à la fin juin est constituée de Rs 31,4 milliards au commerce, une hausse de Rs 4 milliards en une année, Rs 30 milliards aux ménages, soit quelque Rs 3 milliards de plus en 12 mois, Rs 23,4 milliards au secteur des affaires et des services financiers, et Rs 18 milliards chacun pour les secteurs de l’agriculture et de la manufacture, représentant une progression nominale.

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