ÉCONOMIE ET RELATIONS INTERNATIONALES – BREXIT : Concertations entre le GM et le secteur privé

Après les premiers coups de semonces du Brexit, soit le retrait de la Grande-Bretagne de l’Union européenne, et la dégringolade dans le taux de change de la livre sterling par rapport à la roupie hier, l’heure est aux consultations. Une première concertation, présidée par le ministre des Finances Pravind Jugnauth, et regroupant les représentants du secteur privé et des officiels du gouvernement, s’est déroulée hier après-midi à l’hôtel du gouvernement en vue de dresser un constat général de ce divorce entre Londres et Bruxelles. La principale conclusion est que « Brexit will undoubtedly have repercussions globally and in Mauritius ». Mais dans le camp de Business Mauritius, dont le président est Arnaud Dalais, le “mood” est, même si ce développement est « choquant », que « de nouvelles opportunités sont à identifier dans l’intérêt de Maurice ». D’autre part, le conseil des ministres, après une analyse liminaire, a annoncé la mise sur pied d’un comité interministériel présidé par le Grand Argentier pour procéder à une évaluation des répercussions du Brexit sur l’économie en général. Du côté de la Banque de Maurice, le principal élément sur le radar demeure l’évolution du taux de change de la livre sterling et de l’euro, avec une intention ferme d’intervention si le besoin se faisait sentir.
Les échanges entre le gouvernement et le secteur privé ont permis d’établir un tableau de bord Post-Brexit tout en identifiant les secteurs économiques vulnérables dans la conjoncture. Un communiqué émis par le ministère des Finances en début de soirée hier note que « the Joint Public-Private Sector Technical Committee agreed to pursue its assessment of Mauritius trade with the UK in various sectors with a view to identifying areas which may be vulnerable ». Ainsi, intervenant au nom du secteur privé lors des discussions d’hier, Arnaud Dalais, président de Business Mauritius, a souligné en substance que « ce développement est choquant, mais qu’il y a des opportunités à identifier et à exploiter dans l’intérêt du pays ». Les représentants de tous les secteurs économiques, avec des opérations sur la Grande-Bretagne et l’Europe, de même que du secteur bancaire et de l’industrie touristique ont participé aux délibérations au ministère des Finances hier après-midi.
Dans l’immédiat, la préoccupation majeure se situe au niveau du taux de change de la livre sterling, qui a subi une dégringolade hier, en attendant la réouverture du marché lundi matin. Les différents Stakeholders ont pris note de l’engagement de la Banque de Maurice pour des interventions sur le marché en cas de nécessité. La Banque centrale confirme d’assurer « a close watch on developments in international financial markets and their potential impact on the economies of the main trading partner countries of Mauritius ».
La Banque de Maurice, qui est en contact avec d’autres banques centrales en vue de minimiser les risques d’instabilité sur le marché financier, se veut également rassurante. « Should the need arise, the Bank stands ready to take measures as appropriate to protect the best economic interests of Mauritius in the circumstance », fait comprendre le régulateur du secteur bancaire, qui fait état de mesures entérinées au préalable, notamment pour protéger les réserves en devises étrangères. Ainsi, le poids de l’or et du dollar américain dans le panier des réserves étrangères a été augmenté au cours de ces derniers mois pour réduire les “exposures” à la livre sterling. Avec le vote en faveur du retrait de la Grande-Bretagne de l’Union européenne, la Banque centrale note : « The Pound sterling plunged to a record level against the US dollar since 1985. The Euro has depreciated significantly against the US dollar, among other currencies. Consequently, the price of gold has gone up. Economies of the UK and of the euro zone could undergo major economic adjustments in the forthcoming months. »
Toutefois, la Banque centrale se garde de faire previsions sur l’ère Post-Brexit car « at this juncture, it is difficult to make an assessment of the extent and duration of the uncertainty and of the impact of Brexit on the global economy », ajoutant : « The global economy could face a prolonged period of uncertainty. »
Le premier round de consultations entre le gouvernement et le secteur privé reconnaît que « Brexit will undoubtedly have repercussions globally and in Mauritius » avec la “caveat” que le choix de la mise en vigueur des procédures pour la mise en application de l’article 50 du Traité de l’Union européenne incomberait au prochain Premier ministre britannique, qui sera choisi à l’automne prochain. « Nous pouvons nous attendre à une phase marquée par le statu quo pour une période de trois mois, sans compter que le compte à rebours pour la période de transition de deux ans, prévue dans le Traité, ne sera enclenché que quand interviendra la notification formelle du Brexit. Dans ces perspectives, Maurice devra être en mesure de bénéficier encore de l’accès préférentiel et des facilités “Duty Free” et “Quota Free” au cours de cette période », fait-on comprendre officiellement après la réunion de haut niveau d’hier.
Le ministère des Finances se fait fort de mettre l’accent sur les effets de la politique de diversification de ces dernières années, avec pour conséquence que la part des exportations vers la Grande-Bretagne est passée de 34% en 2008 à 12,6% en 2015, alors que les exportations facturées en livre sterling ont, elles, passé de 18% en 2008 à 6% en 2015.
Désormais, il ne fait aucun doute que le Brexit s’est taillé une place prépondérante dans le prochain discours du Budget, qui doit être présenté le mois prochain à l’Assemblée nationale. En marge d’une évaluation complète de la situation, le conseil des ministres a donné son aval à l’institution d’un comité interministériel, présidé par Pravind Jugnauth et comprenant des ministres avec des responsabilités de nature économique, comme le tourisme, l’agro-industrie, le commerce et l’industrie, les services financiers et la pêche. La principale attribution sera de « look into and make recommendations on the repercussion of the exit of the United Kingdom from the European Union ».

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