ECONOMIE – ICIJ Mauritius Leaks : Les services financiers sous d’intenses pressions

Succession de « Crisis Meetings » à l’hôtel du GM pour élaborer une stratégie face aux dénonciations de Maurice en tant que « Tax Haven ».

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La publication des Mauritius Leaks par l’International Consortium of International Journalists (ICIJ), pointant du doigt l’International Financial Centre de Maurice en tant que Tax Haven place les autorités locales sous d’intenses pressions. Les détails de ces fuites, à partir de 200 000 courriels de la firme légale, Conyers Dill & Pearman, avec des sociétés dans la fortune 500 comme ses clients, ont été repris dans la presse internationale, notamment en Inde, dès hier matin. Ainsi, les Crisis Meetings se sont succédé au ministère des Finances en vue d’abord de dresser un constat des faits et ensuite d’élaborer une stratégie de Damage Control pour préserver les acquis du secteur des services financiers à court et à long termes.

Des recoupements d’infomations indiquent que le secrétaire financier, Dev Manraj, a réuni les représentants du ministère des Finances et des Services financiers ainsi que différentes institutions, notamment la Financial Services Commission (FSC), la Banque de Maurice (BoM), l’Economic Development Board (EDB), la Mauritius Revenue Authority (MRA) ou encore la Financial Intelligence Unit (FIU). De sources bien informées, on apprend que la stratégie dégagée pour contrer les affirmations de l’ICIJ à la suite de la publication des “Mauritius Leaks” est que les acteurs du secteur du Global Business devraient prendre position dans la conjoncture pour minimiser l’impact négatif de ce qui est présenté comme étant des « allégations gratuites ».

Ébène se défend contre les affirmations de l’ICIJ découlant de l’étalage de  200 000 documents, e-mails, contrats et bandes-son confidentiels, émanant de Conyer’s Dill & Pearman (CDP). La première ligne de défense adoptée est que le terme “tax planning” ne peut être confondu avec celui de “tax evasion”.  Lors des consultations d’hier, le ministère des Services financiers était représenté par le Permanent Secretary, et non par son ministre, Sudhir Sesungkur, qui avait pourtant été mis au parfum de ces publications et avait été sollicité par l’ICIJ dans le cadre de cette enquête.

Harvesh Seegolam et Renganaden Padayachy, respectivement Chief Executive Officer et Chaiperson de la FSC, étaient aussi présents. Quoi que ce dernier y était aussi en sa qualité de First Deputy Governor de la Banque de Maurice. La rencontre aux Finances d’hier matin a aussi vu la participation de l’EDB, de la FIU, de la MRA et du State Law Office. De sources concordantes, on apprend qu’une première analyse des affirmations a été faite pour cerner l’impact d’une telle couverture accordée à la plateforme des services financiers mauricienne sur l’échiquier international.

Dans un premier temps, l’on observe que les publications de l’ICIJ relèvent d’une situation constante dans laquelle se retrouve le secteur du Global Business depuis quelque temps en ce qui concerne ses traités fiscaux avec d’autres pays, et qui oppose deux courants de pensée, à savoir que Maurice soit un “tax haven” ou un “knowledge haven”. La stratégie, dans l’immédiat, serait que les acteurs du secteur devaient prendre les devants pour tenter de minimiser la portée de ces « révélations », qualifiées d’allégations de l’ICIJ à l’hôtel du gouvernement.

Les acteurs du secteur en renfort

Les autorités mettent en avant l’arrivée de CDP à Maurice en 2009 avec une licence pouvant opérer comme une firme légale obtenue de l’Attorney General’s Office. Mais dans les milieux informés, on avance que la firme a opté pour un retrait de Maurice en 2017, n’ayant plus le pays dans ces plans structurels à l’échelle globale. C’est ainsi qu’une “Management Buy Out” a eu lieu et que CDP est devenue “Venture Law” et que Codan s’est lancée dans une “Venture of Corporate Services”. On avance ainsi que la liste des compagnies publiée en relation avec les “Mauritius Leaks” de l’ICIJ ne contiendrait pas uniquement des compagnies mauriciennes.

Les autorités locales sont aussi d’avis que cette base de données ne serait pas actualisée, s’arrêtant en effet à 2016, et que de 2017 à ce jour, le secteur des services financiers aurait connu des changements importants.

On affirme également que de nombreuses corporations ainsi que des Development Financial Institutions venant de plusieurs pays continuent d’utiliser la plateforme mauricienne pour le développement en Afrique, visant entre autres à combattre la pauvreté. Ce débat dans les milieux informés « goes much more than Double-Taxation Avoidance » avec le secteur du Global Business employant dans les 15 000 personnes.

Une deuxième réunion s’en est suivie hier avec, cette fois, les acteurs du secteur du secteur. L’Association of Trust and Management Companies (ATMC), Global Finance Mauritius (GFM) et la Mauritius Bankers Association étaient ainsi conviées. On laisse entendre qu’une “multi layered strategy” a été décidée, impliquant une synchronisation des positions des acteurs du secteur privé du Global Business Sector ainsi que les autorités. Certains auraient cependant haussé le ton lors de ces délibérations, en se lamentant sur une absence de prise de position des principaux protagonistes du secteur des services financiers. D’ailleurs, l’ATMC est montée au créneau hier après-midi par la voix de son président, Maheshwar Doorgakant, pour condamner les publications de l’ICIJ qui, selon lui, « projettent une image négative pour un secteur porteur de l’économie mauricienne ». Une campagne de communication serait d’ailleurs en gestation pour tenter de diluer la teneur de ces “Mauritius Leaks”.

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