Économie-Vidia Mooneegan (Business Mauritius) : « La relance est tributaire de la lutte sanitaire »

Business Mauritius plaide pour un « burden sharing » Etat/entreprises dans cette situation d’urgence nationale créée par la pandémie de COVID-19

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Devant la chute drastique du taux de croissance qui s’annonce pour 2020, en raison du Covid-19, et les effets dramatiques qui toucheront tous les secteurs économiques, Vidia Mooneegan, président de Business Mauritius, plaide pour un « burden sharing » avec l’État. Il demande une collaboration poussée avec les autorités s’agissant des mesures fiscales, monétaires, financières et commerciales qui seront nécessaires pour préserver les entreprises et leur permettre de traverser la crise, et ainsi assurer la relance économique. Parallèlement, il insiste sur le fait que la reprise économique reste tributaire de la lutte sanitaire, car la priorité actuelle est de « sauver des vies », et ce d’autant que l’avenir du pays en dépend.

« Même si nous parlons de relance économique, celle-ci est avant tout tributaire de la lutte sanitaire. Beaucoup d’hypothèses sont émises sur le timing de la reprise. Mais entre-temps, notre économie est affectée, non seulement par notre propre confinement, mais aussi par celui de nos principaux marchés d’exportation, et l’impact économique est énorme pour Maurice. Nous sommes déjà en plein dedans. Les gens ne consomment pas en ce moment et n’achètent que les choses essentielles. Et tant qu’il y aura de l’incertitude, les gens ne consommeront pas. Et la reprise économique est avant tout dépendante de la capacité du pays à diminuer le nombre de nouveaux cas. Ce n’est qu’à partir de là que la machinerie économique pourra se remettre en marche », observe le président de Business Mauritius.

Il rappelle les nombreuses initiatives de Business Mauritius dans la lutte contre la propagation du virus, dont une « awareness campaign » pour les membres, proposant notamment un « business continuity plan » et les bons gestes pour protéger les employés. Sans oublier la mise en place de six comités, dont un sur l’Economic Recovery placé sous la présidence de Gilbert Gnany. « Actuellement on gère la situation comme on peut au sein des différentes industries et entreprises. Nous mettons en place des stratégies pour tenter de maintenir le fonctionnement des entreprises pendant la période de confinement, mais la chose essentielle est de préserver la machinerie productive du pays. C’est primordial afin que, lorsque la relance arrive, demain, nous soyons ‘ready to go’ », dit Vidia Mooneegan.

Invité à commenter les effets des différentes mesures gouvernementales mises en œuvre ces dernières semaines pour venir en aide au secteur privé, Vidia Mooneegan estime que ces mesures étaient « nécessaires », notamment sur le plan des salaires. Toutefois, à ce stade, il est encore « trop tôt » pour en analyser les effets, étant donné qu’il y a en ce moment « beaucoup de variables et d’incertitudes », dit-il. « Il faudra voir l’efficacité de ces mesures et voir comment les améliorer. » Le président de Business Mauritius souligne qu’une tâche importante devra se faire après la levée de la période de confinement : « Il faut déjà prévoir ce que nous allons faire concernant notamment les secteurs les plus impactés, à commencer par le secteur touristique. Cela même si dans les autres secteurs, les opérations sont grandement affectées. Même si les différentes équipes sont toujours à l’œuvre, en train de travailler à distance, il ne faut pas oublier que la demande provenant de nos marchés étrangers ne vient pas et que les entreprises sont lourdement impactées. »

« National emergency »

Dans un tel contexte, Business Mauritius situe l’importance du comité Economic Recovery, qui travaille à la relance de l’économie. « Il nous permettra de déterminer l’impact des mesures déjà mises en œuvre et de faire des recommandations à court et moyen termes et ce, afin de faciliter la reprise économique. » À l’heure actuelle, la priorité reste la préservation des emplois, et cela dépend bien évidemment de deux facteurs clés, dit Vidia Mooneegan : d’une part de « l’agilité » des entreprises, mais aussi du mécanisme de soutien gouvernemental. « D’où la nécessité d’un burden sharing entre l’Etat et les entreprises. »

Le président de Business Mauritius souhaite que « le gouvernement et le secteur privé travaillent ensemble sur les politiques fiscales, monétaires, et les mesures financières et commerciales, car dans le passé, on a toujours dit que notre atout maître, c’est le dialogue public-privé ». Et de poursuivre : « Nous sommes dans une situation d’urgence nationale. Il faut travailler ensemble de manière étroite pour arriver à mettre en place les bonnes solutions. »

Selon lui, après la crise, le pays deviendra plus résilient en termes de « management mindset », d’infrastructures et de gestion des risques. Il voit également une plus grande digitalisation de l’économie, tant au sein des entreprises que des services gouvernementaux, car la distanciation sociale a mis en lumière des lacunes à ce niveau.

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