ÉCRIVAIN MALGACHE : Johary Ravaloson, « Participer à la vie de la nation est primordial »

L’écrivain malgache Johary Ravaloson estime que la participation à la vie active de la nation est d’une importance capitale d’autant que son pays passe par une période très difficile ces temps-ci. Juriste de formation, il est médiateur du centre d’arbitrage et de médiation à Madagascar et pratique sa passion, l’écriture littéraire, en parallèle. Rencontre…
Né en 1965 à Antananarivo, Johary Ravaloson se passionne pour le livre et la lecture très tôt. « Mais comme la vie d’artiste est une vie difficile, mes parents voulaient absolument que je fasse des études. Les études c’est un bagage pour la vie ! » nous dit-il. Ainsi, M.Ravaloson met le cap sur Paris pour des études de droit. Il y vivra pendant quelque temps avant de faire un séjour à La Réunion. Parallèlement, il s’adonne à sa passion et écrit des nouvelles. Il décrochera d’ailleurs le Prix du Centre régional des oeuvres universitaires (CROUS) de la Réunion en 1996 pour sa première nouvelle Heurt-terres et frappe-cornes.
Rentré à Madagascar en 2008, le juriste-écrivain ouvrira avec sa femme Sophie Bazin une maison d’édition pour la promotion d’artistes des îles de l’océan Indien. Il y publie des livres pour la jeunesse également. Dans l’optique de garder vivants les peintures et autres travaux de plasticiens, avec sa femme, elle-même artiste peintre, ils lancent le projet de l’illustration à travers des textes des images peintes par les artistes de la région. Des livres destinés surtout aux enfants. Dans ce cadre, il annonce la publication de « Les sirènes de Morne Plage », un conte écrit par Malcolm de Chazal et illustré par l’artiste mauricien.
Conscient de sa situation et animé par une flamme patriotique, Johary Ravaloson estime qu’il est inconcevable qu’il ne participe pas à la construction de son pays. « Si cela ne tenait qu’à moi, je voudrais seulement écrire mais le pays est dans une telle difficulté que l’écriture est un vrai privilège. Si je me retirais pour écrire, je serais coupé du monde. Je ne peux pas, en tout cas à mon avis, ne pas être relié à la réalité. Si je vivais ce privilège, je me sentirais coupable. Peut-être que si j’étais en Europe ou même à Maurice, oui, j’aurais pu le faire. Ici vous avez tout pour vivre, pour manger, mais cela n’est pas possible à Madagascar. Il y a tellement de choses à faire pour faire avancer les choses ».
Il concède toutefois que la littérature peut participer à la construction du pays. « Cela se fera certainement dans le long terme mais pas tout de suite », poursuit-il en indiquant que depuis qu’il est rentré, il écrit surtout des nouvelles qui parlent de Tana. Des histoires qui se passent la nuit notamment. Depuis le début de l’année, il est l’auteur qui écrit les nouvelles dans la publication No comment, un magazine littéraire gratuit de Madagascar.
Néanmoins, il a sorti Les Larmes d’Ietsé chez les éditions Dodo vole de La Réunion en 2012. Le roman est présenté au stand de l’Atelier Littéraire au salon Confluences
Las de la détresse qui plane sur Madagascar, Johary Ravaloson a voulu à travers ce roman montrer un tout autre visage, fictif certes, mais qui fait rêver, de son pays. « J’en avais marre d’écrire sur la misère et les problèmes politiques, donc j’ai voulu raconter la vie de quelqu’un qui n’a pas de problèmes ». Se fondant sur une légende locale, il a construit une histoire contemporaine.
Johary Ravaloson a obtenu de nombreuses distinctions pour ses nouvelles et romans dont le Prix du roman de La Réunion des livres en 2011 pour son roman Géotropiques sorti en 2010 aux Éditions Dodo Vole à La Réunion et Éditions Vents d’ailleurs, La Roque d’Anthéron, en France.
Johary Ravaloson participe aujourd’hui à un colloque littéraire intitulé « Je lis, je relie » aux côtés des écrivains mauriciens Amal Sewtohul, Edouard Maunick et Shenaz Patel de 11 h à 12 h 30, au centre de conférence Swami Vivekananda à Pailles, dans le cadre du salon international du livre Confluences qui prend fin dimanche. Entrée gratuite.

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