ÉDUCATION: Des enseignants spécialisés se disent victimes d’une double discrimination

Les instituteurs “seconded for duty”, qui luttent depuis 2008 pour obtenir le statut de SEN Educator, ne sont pas au bout de leur peine. Après avoir été « écartés » d’un exercice de recrutement par le ministère de l’Éducation en 2010, ils voient les personnes « recrutées à leur place » sur le point d’obtenir une promotion. La quarantaine d’enseignants envisagent ainsi de prendre des actions syndicales ou, au pire, de demander leur retour en bloc dans le mainstream.
Cette pratique de nommer des instituteurs “seconded for duty” consiste à venir en aide aux écoles spécialisées faisant face à un manque de personnel. Depuis des années, il est courant de voir des instituteurs quitter le mainstream pour travailler dans une école spécialisée gérée par une organisation non gouvernementale. Mais depuis peu, les écoles du gouvernement accueillent également des enfants avec handicap et certains instituteurs ont été placés dans ces départements spécialisés. L’inconvénient de cette pratique est que les instituteurs pouvaient être rappelés dans le mainstream à tout moment et les Ong et autres départements spécialisés devaient recommencer à zéro à chaque transfert. « Pour travailler avec les enfants handicapés, il faut une formation particulière », rappelle l’un d’entre eux.
C’est la raison qui a poussé la quarantaine d’enseignants concernés à réclamer un statut d’enseignant spécialisé (SEN Educator). Ce que le rapport du PRB 2008 est venu concrétiser, recommandant au passage une formation appropriée au Mauritius Institute of Education (MIE). « Malheureusement, nombreux parmi nous ne possédaient pas de HSC et n’ont pu entrer au MIE. D’autres personnes qui n’étaient pas dans le domaine et qui n’avaient aucune expérience en ont profité. » Peu de temps après la fin des cours de la première promotion, « cinq personnes ont été recrutées au poste pour lequel nous nous sommes battus », confie notre interlocuteur. « Le ministère de l’Éducation nous avait proposé un cours alternatif et nous avait promis de nous recruter une fois celui-ci terminé. Or, cela fait deux ans que nous avons complété notre formation et nous attendons toujours d’être nommés. Le plus grave, c’est que les cinq personnes nommées avant nous sont en passe d’obtenir une promotion. Nous avons été victimes d’une double discrimination. »
Les enseignants “lésés” ont rencontré récemment un haut cadre de l’Éducation à ce sujet mais, depuis, la situation n’a pas évolué. Ils ont aussi écrit au ministre des Finances pour lui demander de ne pas attribuer le budget nécessaire pour cette promotion, mais de l’investir dans l’encadrement des enfants handicapés. Si aucune solution n’est trouvée, ces enseignants comptent avoir recours à des actions syndicales. Ils ont déjà essayé de se tourner vers différentes instances pour réclamer justice, mais sans succès. « Dans le pire des cas, nous réclamerons notre retour dans le mainstream. Ce serait triste pour les enfants handicapés. Certains d’entre nous ont 15 à 20 années d’expérience auprès de ces enfants, mais nous ne pouvons continuer à nous laisser marcher dessus. »

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