EDUCATION | Fin de cycle primaire : PSAC : le taux d’échec de 30% a la dent dure

  • Une école ZEP, avec 38 candidats inscrits aux examens, se retrouve avec zéro réussite
  • GTU : « Il faut redoubler d’efforts et travailler tous ensemble pour dégager une stratégie très tôt afin d’adresser les problèmes »

Le Primary School Achievement Certificate (PSAC), qui remplace le Certificate of Primary Education (CPE), devait mettre fin à la course effrénée vers les “star schools” et apporter des solutions au problème du taux d’échec à la fin du cycle primaire de l’éducation. Après trois éditions, le constat est que ces objectifs n’ont toujours pas été atteints. D’une part, certains collèges régionaux ont remplacé les collèges nationaux pour la compétition et, d’autre part, environ 30% des élèves n’arrivent toujours pas à atteindre le minimum requis du PSAC, comme c’était le cas pour le CPE. 3917 candidats se retrouvent ainsi dans l’Extended Programme. Les éducateurs plaident pour une étude approfondie afin d’identifier les failles.

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La réforme de l’éducation est-elle vouée à l’échec ? Il est sans doute encore tôt pour évaluer l’impact de la Nine-Year Continuous Basic Education dans son ensemble, mais certains détails méritent qu’on s’y attarde. À l’exemple du taux de réussite aux examens du PSAC, qui accuse une baisse de 1,33% pour la deuxième année consécutive. Même si pour la directrice du Mauritius Examinations Syndicate, Brenda Thanacoody-Soborun, ce chiffre représente une fluctuation habituelle, les  pédagogues réclament des analyses approfondies. Certes, comme chaque année, le ministère de l’Éducation a prévu un atelier de travail pour décortiquer les résultats détaillés, mais des actions concrètes sont aussi attendues.

Vinod Seegum, président de la Government Teachers Union (GTU), est, lui, d’avis que la baisse de 1,33% « n’est pas alarmante ». Il poursuit : « Cela dépend aussi des élèves qu’on a chaque année. Tous n’ont pas le même niveau. Cependant, il faut redoubler d’efforts et travailler tous ensemble pour dégager une stratégie très tôt, et ce afin d’adresser les problèmes. » Ce dernier parle également de la nécessité de mettre en place une “question bank” en vue de s’assurer que les questions préparées pour l’examen respectent et s’adaptent au programme et au niveau des enfants. « Je l’ai suggéré au MES depuis l’année dernière, mais on m’a fait comprendre qu’il y avait beaucoup de travail. J’espère que nous pourrons nous pencher dessus l’année prochaine », dit-il.

Toujours est-il, estime le président de la GTU, que la baisse de niveau découle de plusieurs situations. « Aujourd’hui, il y a une évolution dans les habitudes de nos enfants. Il y a l’impact de la technologie et beaucoup sont réticents à la lecture. Il faudra adresser ce problème et, pour cela, les parents devront également apporter leur collaboration. On ne peut tout mettre sur le dos du ministère. Il faut une action concertée des autorités, des enseignants, mais aussi des parents », explique-t-il.

Toutefois, « la décision du ministère de ramener les meilleures notes de 90 à 75 points, mérite vraiment d’être remise en question », poursuit Vinod Seegum. Il ajoute : « Il y a un relâchement depuis que les enfants savent qu’il suffit d’avoir 75 points pour obtenir une unité (unit 1). On fait moins d’effort et cela commence par les petites classes. Nous avons suggéré de rehausser à 85 points, justement pour maintenir le niveau, mais cela n’a pas été accepté. »

Sawmynaden Sunnassee, président de la Mauritius Head Teachers Association (MHTA), plaide également pour une analyse en profondeur afin de situer les faiblesses. En se basant sur les résultats obtenus dans son école, il avance que le questionnaire des mathématiques a peut-être causé quelques difficultés aux élèves, ce qui a eu un impact sur le taux général de réussite. « Si je compare avec les langues, sur 60 élèves, 37 ont eu 1 en anglais, 35 ont fait aussi bien en français, mais 19 seulement ont obtenu 1 en maths. C’est peut-être une indication. De même, notre école est un centre pour les cours de rattrapage en vue du resit. Le plus grand nombre d’élèves enregistrés viennent pour les maths.»

Toujours est-il, concède Sawmynaden Sunnassee, qu’il y a une baisse de niveau général dans l’éducation actuellement. Il identifie trois raisons pour cela. D’abord, comme Vinod Seegum, il pense que le fait de ramener la barre des meilleures notes de 90 à 75 points a eu pour effet que les enfants font moins d’efforts et les parents aussi. Ensuite, il est d’avis que l’introduction du Holistic Education Programme (HEP) est venue réduire le temps de travail à l’école. « C’est très bien de permettre aux enfants de s’adonner à des activités, mais le nombre d’heures d’école est resté le même. Ce qui fait qu’il a fallu couper dans les classes des core subjects pour faire le HEP. Du coup, on travaille moins, à l’école également. » Troisièmement, le président de la MHTA, pense comme son confrère de la GTU, que la technologie a un impact négatif sur la performance des enfants. « Les enfants ne lisent plus, cela se voit dans les rédactions. Sans compter qu’avec l’utilisation du portable, on n’écrit pas le français et l’anglais correctement. Il y a un déséquilibre dans le langage. »

Les éducateurs attendent l’atelier d’évaluation promis par le ministère. Selon eux, il est impératif d’identifier les failles très tôt, afin de pouvoir y remédier. Ils rappellent qu’au collège, les enfants devront avoir le niveau nécessaire pour décrocher les cinq credits imposés par le ministère, afin de passer en HSC. « S’il y a un laisser-aller au primaire, c’est sûr que la situation sera plus difficile après. »


Revoir les écoles ZEP

Les écoles ZEP, dans les quartiers vulnérables, sont parmi celles qui enregistrent le plus grand nombre d’échecs. Même s’il y a eu de gros progrès chez certains, d’autres peinent à suivre le pas. Sawmynaden Sunnassee est d’avis qu’il faut également procéder à une évaluation de ce programme, pour voir s’il faut continuer dans cette direction. « Il faut savoir qu’on investit beaucoup d’argent dans les écoles ZEP. Le secteur privé notamment, contribue beaucoup à travers différents programmes. Mais si l’échec perdure, il faut commencer à se poser des questions. Peut-être faut-il revoir la pédagogie, le programme. Il faut que les enseignants soient motivés également. Car cela demande une autre approche. » Soulignons que la majorité des écoles ZEP affichent un taux de réussite en dessous de 50%. L’une d’elle, avec 38 candidats, se retrouve même avec zéro réussite.

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