ÉDUCATION PRIMAIRE | Promotion – Levée de boucliers des syndicats contre la nomination des maîtres d’école

  • Ceux ayant porté l’affaire en cour déterminés à aller jusqu’au bout
  • Toutefois, leur avocat Steven Obeegadoo est devenu ministre de L’Alliance Morisien entre-temps

Après la Government Teachers Union (GTU), les autres syndicats de l’éducation condamnent sans réserve la manière dont la nomination des nouveaux maîtres d’école a été faite. Sur les 154 Deputy Head Masters (DHM) qui assuraient l’intérim, 80 ont été laissés sur le carreau… À la place une cinquantaine de jeunes, n’ayant aucune expérience de la gestion d’une école, ont été promus. Un « scandale » qui agite la profession depuis vendredi dernier. La contestation en cour est d’ores et déjà envisagée. Sauf que l’avocat qui représentait les Acting Head Master, Steven Obeegadoo, est devenu ministre entre-temps.

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Mauvaise fin de vacances pour de nombreux assistants maîtres d’école et surtout ceux qui ont assuré l’intérim en tant que Head Master (HM) pendant de nombreux mois. La nomination de nouveaux maîtres d’école a causé une grande frustration dans le secteur. Après Vinod Seegum de la GTU, ils sont nombreux à élever la voix pour crier à la discrimination. Les réseaux sociaux sont ainsi devenus une plateforme pour exprimer les frustrations. La Mauritius Head Teachers Association, quoique pas directement concernée par cet exercice, a aussi pris position en faveur des Officers-in-Charge, ces assistants maître d’école qui ont agi comme Acting HM pendant plusieurs mois. Nos sources indiquaient hier qu’ils étaient une vingtaine à n’avoir pas été confirmés à ce poste. Mais avec la liste officielle finalisée hier, on réalise qu’ils sont en fait, 80 sur 154 à avoir été mis de côté.

L’un d’eux, comptant 42 années de service dans l’enseignement et ayant assuré l’intérim pendant près de deux ans, ne cache pas sa déception. « Pendant tout ce temps que j’ai assuré l’intérim, on n’a jamais rien eu à me reprocher. Je n’ai jamais eu de reproches de la part des parents et des enseignants. À ce moment-là, j’étais une bonne maîtresse d’école, mais quand il faut nommer, on préfère mes jeunes collègues qui n’ont aucune expérience. » Celui-ci, qui était parmi les Acting HM à porter l’affaire en cour pendant le processus de recrutement, dit s’accrocher à la décision du juge qui sera connue le 4 février prochain. « En fait, nous avions logé une injonction en cour. Nous voulions que ceux ayant assuré l’intérim soient considérés en priorité pour ce recrutement. Cela n’a pas empêché le ministère et la Public Service Commission d’aller de l’avant avec le recrutement. » Cependant, ce dernier dit être dans le flou après que leur avocat Steven Obeegadoo a été nommé ministre. « Il a dit qu’il allait nous envoyer un autre avocat, mais nous ne savons pas encore qui c’est. Nous ne savons pas si cette personne va maîtriser le dossier. Attendons voir la décision du juge le 4 février. »

Un autre DHM qui a lui été promu se dit solidaire de ses collègues restés sur le carreau. « La sélection est un scandale. La méritocratie n’a pas été respectée. C’est regrettable que mes collègues se retrouvent dans cette situation après tant d’efforts consentis dans leur travail ! Il y a une grande colère dans le secteur. À mon avis, on aurait pu les laisser terminer leur “actingship” et ensuite, recruter d’autres à leur place. De toute façon, beaucoup sont proches de l’âge de la retraite. »

Par ailleurs, il faut savoir que cet exercice de promotion a provoqué quelques remous à la GTU. Tous ne sont pas d’accord avec la position adoptée par le président, Vinod Seegum, et l’ont fait savoir sur les réseaux sociaux. À l’instar de Gassen Murugan qui estime que les membres exécutifs du syndicat n’auraient pas dû postuler pour cet exercice. « La GTU a toujours été contre la sélection, les membres de son exécutif ne devaient donc pas postuler par principe. C’est ce que j’ai fait et c’est ce que le syndicat avait décidé en 1993, quand on a voulu introduire la sélection », écrit-il.

Selon lui, le syndicat a été « pris au piège », car le “Scheme of Service” est sorti en 2015, tout le monde l’a signé et est devenu « binding ». Il regrette que tous les syndicats aient accepté ces nouvelles conditions. « Maintenant il est trop tard pour crier », ajoute-t-il. Ce dernier attire également l’attention sur le fait qu’avec la nomination des jeunes comme HM, il faudra attendre encore longtemps pour que les postes se libèrent. « En sachant que les Educators sont dans la quarantaine, il faudra attendre au moins 20 ans pour qu’ils prennent leur retraite et qu’on en recrute d’autres. Entre-temps, combien d’autres éducateurs auront aussi atteint l’âge de la retraite sans avoir eu l’opportunité de postuler comme HM ? »


Voix discordante de la DHTU

Sollicité pour une réaction, Sunil Jhugroo, président de la Deputy Head Teachers Union (DHTU), promu lui aussi, se démarque des autres. Il est d’avis que l’exercice de sélection a été une bonne chose, puisque cela a permis d’avoir une équipe de HM variée, avec des jeunes et ceux ayant de l’expérience. « Cela va créer un nouveau dynamisme pour la gestion des écoles. Des 154 nommés, il y a 133 DHM dont 53 ayant assuré l’intérim. Ensuite, il y a 19 Educator et deux Education Instructor. Je trouve que cela fait un bon mélange, une bonne équipe. »

Sunil Jhugroo dit toutefois regretter que certains collègues ayant agi comme Officers-in-Charge ne figurent pas sur cette liste. « Peut-être qu’ils sont sur la “waiting list”. Il y a environ 200 personnes qui sont sur cette liste pour remplir les postes vacants pendant les deux prochaines années. » Par ailleurs, Sunil Jhugroo condamne le commentaire de Vinod Seegum selon laquelle aucun membre de son exécutif n’a été nommé. « Que je sache, ce n’était pas un critère pour les nominations », dit-il.

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