ÉDUCATION — SOS au PM : « Les collèges privés au bord du gouffre »

  • Dans une lettre ouverte: « There has never been a plan for private secondary schools except condemning them to die on their own, slow death », disent les signataires de cette lettre ouverte

À la veille de la rentrée scolaire de 2020, les partenaires du secondaire privé subventionné et réunis en un front interpellent le Premier ministre, Pravind Jugnauth, dans une lettre ouverte aujourd’hui sur l’avenir sombre des écoles privées en raison de la baisse de la population estudiantine dans ce secteur. Malgré la « contribution indéniable » du secondaire privé à la construction du pays depuis l’indépendance, écrivent les signataires de cette lettre ouverte, « private secondary schools have reached today the brink of disaster » et les risques de fermeture pour plusieurs d’entre elles sont bien réels. Ces opérateurs du secondaire privé demandent au gouvernement de trouver des « solutions raisonnables et dignes » aux problèmes de ce secteur afin qu’ils ne soient plus traités comme des « third class citizens and driven to desperation ».

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Ce front regroupe les représentants des managers ainsi que ceux des recteurs et des enseignants et du personnel administratif, et les signataires de cette lettre ouverte sont la Federation of Unions of Managers of Private Secondary Schools (Roman Catholic Secondary Schools Union, l’Association of Confessional Secondary Schools, l’Union of Managers of Secondary Schools), la Managers of Private Secondary Schools Union, l’Union of Private Secondary Education Employees et la Secondary and Preparatory Schools Teachers and Other Staff Union.

Cette lettre témoigne d’une profonde colère qui prévaut au sein de ce secteur de l’éducation mais d’abord, les signataires soulignent la « contribution indéniable » du secondaire privé au développement et à la construction du pays. C’est ainsi qu’ils rappellent la période où il n’existait que trois collèges d’État dans le pays et à cette époque, disent-ils, des « visionaires, individuals and societies placed their patrimoine » au service des Mauriciens afin de leur permettre d’accéder à l’éducation secondaire. Ils affirment que cette contribution du privé a bénéficié particulièrement aux enfants issus des familles défavorisées et dont les résultats de fin d’études primaires ne leur permettaient pas de décrocher une place dans un collège d’État. Ils ajoutent que de nos jours des « top officials » travaillant dans divers secteurs de la vie du pays ont entrepris leurs études secondaires dans des collèges privés. Et ces « visionnaires », selon eux, méritent un « deepest respect ». Et de faire ressortir que plusieurs ministres de l’Éducation depuis l’indépendance, y compris l’actuelle titulaire du portefeuille, ont exprimé leur appréciation « for the excellent work of the private education sector ».

Dans la deuxième partie de cette lettre où ils font état de la baisse de la population estudiantine et d’autres problèmes, les signataires de cette lettre au Premier ministre ne ménagent en aucune manière le ministère de l’Éducation et la Private Secondary Education Authority (PSEA) qu’ils tiennent pour « responsables » de leur situation actuelle. Selon leur constat, les autorités de l’éducation se sont concentrées uniquement sur le développement des écoles d’État et cette manière de faire, selon eux, serait contraire à l’article 3 de l’Éducation Act, « which holds the Minister of Education as responsible for the whole education sector ». Et d’ajouter : « There has never been a plan for private secondary schools except condemning them to die on their own, slow death. This explains why the partnership between the government and the private schools has never been formalised in a document. » Et les opérateurs du secondaire privé de poursuivre : « If such is the agenda of this government, it demonstrates a total lack of deference for a whole community of educationists, whose only fault has been to always cooperate with the education authorities in the superior interest of parents and students. »

Selon ce front, la tendance actuelle par rapport à l’admission en Grade 7 et en Lower VI pousse plusieurs écoles de ce secteur vers la fermeture dans quelques années puisqu’elles n’auront pas le nombre minimal d’élèves requis d’après la loi. « Ce sera une question de temps avant que les autres ne leur emboîtent le pas. » On est arrivé à une telle situation parce que les autorités, dit ce front, « have systematically refused to read the writing on the wall » et elles se sont contentées de saluer le partenariat qui aurait dû exister entre les écoles secondaires privées et le gouvernement.

Ils reprochent au ministère de l’Éducation d’avoir pris avantage de son « statut de régulateur pour consolider son rôle d’opérateur, en augmentant systématiquement sa capacité d’accueil, en recrutant les élèves les plus qualifiés, en offrant une admission tout au long de l’année dans les écoles d’État » et de prendre aussi leur « best qualified and most experienced teaching staff ». Ce qui leur fait dire que l’assurance que leur a donnée à plusieurs reprises la ministre de l’Éducation s’agissant d’un « confortable student intake » dans leur secteur s’est avérée creuse (« are proving to be hollow »).

Ce front commun des « stakeholders » du secondaire privé évoque aussi dans cette lettre ce qu’ils qualifient d’« évincement » des représentants des managers et ceux du personnel des écoles du « board » de la PSEA et de ce fait, « des décisions concernant le secteur sont prises en l’absence des principaux protagonistes ». Ils affirment que les rencontres qu’ils ont eues avec les autorités de l’éducation se sont révélées vaines. « Our meetings, mostly held upon our request have always remained unproductive ». Les questions principales qui préoccupent le secteur telles l’admission en Grade 7 (Form I) et en Grade 12 (Lower VI), le personnel surnuméraire en raison de la réduction d’élèves ainsi que la fermeture des écoles « have always been brushed under the carpet ».

Dans leur conclusion de leur lettre, les signataires disent qu’ils sont déterminés « à se battre jusqu’au bout » et espèrent que le Premier ministre « ne soit pas indifférent à leur sort » et qu’il comprenne l’urgence de la situation. Ils demandent aussi une rencontre avec le chef du gouvernement en présence des autorités de l’Éducation afin d’exprimer de vive voix leurs opinions.

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