Éducation supérieure : un audit accablant pour l’UTM

  • La directrice générale, Sharmila Seetulsingh-Goorah, pointée du doigt
  • La situation financière précaire de l’institution décriée

Le rapport du second cycle de l’Audit de Qualité sur l’University of Technology Mauritius (UTM) a été rendu public par la Tertiary Education Commission (TEC) vendredi. Ce rapport de 49 pages, et qui contient 29 recommandations, émet également des critiques contre la directrice générale de l’institution, Sharmila Seetulsingh-Goorah. Son comportement et « ses efforts à compromettre le processus » d’audit par le panel d’auditeurs sont dénoncés dans le rapport. De plus, selon le rapport, l’image de cette université « en a pris un sale coup » après les dénonciations rendues publiques.

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La directrice générale figure parmi les nombreuses critiques émises contre l’UTM. « The Panel places on record its disappointment with respect to the engagements with and the behaviour of the Director General towards the audit process and towards the Panel during the audit », peut-on lire dans le rapport. La directrice générale est pointée du doigt car ayant cherché, selon les auteurs du rapport, à « s’immiscer dans le processus d’audit à travers ses actions en vue de modifier ou de compromettre le rapport de différentes façons ». Le document rapporte également qu’elle aurait questionné « l’indépendance et l’intégrité » du panel d’auditeurs. Alors qu’elle est souvent sous les feux de projecteurs en raison de sa façon d’opérer, les cinq auditeurs ayant préparé le rapport ont souligné que « the Director General confirmed some comments made by or intimations expressed by stakeholders to the Panel during the audit visit about her leadership at the University ».

Le dysfonctionnement du conseil de l’UTM comme facteur aggravant la situation de l’institution est aussi noté. L’absence de pouvoirs dans les règlements et dans sa législation, selon le rapport, n’arrange en outre pas les choses pour cette institution, qui vise à se faire connaître dans la région et à l’international. « Il existe une confusion au niveau de la relation et la structure hiérarchique de la directrice générale vers le conseil », lit-on. La performance de cette dernière n’est pas mesurée par le conseil et « elle n’est pas tenue responsable par le board ».

Lors de leurs entretiens avec les membres du conseil, les auditeurs ont noté que ces membres n’ont « aucun lien » avec la nomination de la directrice générale et que celle-ci n’est pas tenue responsable devant le conseil. Toutefois, cette dernière a fait savoir qu’elle est membre du conseil. Les auditeurs soulignent qu’une telle situation présente « de possibles conflits d’intérêts » et que les membres du conseil se retrouvent ainsi « dans une situation difficile » lors de la prise de décisions. « The Panel gained the impression that particularly the external members appeared to be disempowered by the current Board arrangements », lit-on.

Les finances dans le rouge

Au niveau de la santé financière de l’UTM, le rapport qualifie celle-ci de « précaire ». Selon le conseil de l’institution, l’accessibilité et la viabilité financière de l’UTM est « un problème sérieux ». De plus, la situation financière est davantage fragilisée en raison d’un manque de financement du gouvernement.

La dégradation de l’environnement et de l’infrastructure à l’UTM est aussi décriée dans le rapport. L’apprentissage, l’enseignement et la recherche « ont été laissés pour compte ». Selon les auditeurs, la réputation de l’institution en a ainsi « pris un coup ». Et de souligner que les inquiétudes du conseil, de la direction, des employés et des étudiants sont confirmées du fait de cette dégradation. Si l’université a obtenu un fonds pour améliorer ses infrastructures de la part du gouvernement, le rapport préconise que celui-ci soit utilisé « au plus vite » pour la réalisation des projets approuvés.

Le fait que la réputation de l’UTM ait été entachée à la suite des dénonciations parues dans la presse, les auteurs de l’Audit sont d’avis qu’il est « important d’avoir une stratégie de marketing et de communication » pour refaire cette image. De ce fait, une unité est recommandée en ce sens. « Such actions would assist in positioning UTM as a university of technology and address issues related to its image and reputation in Mauritius and internationally »,  écrivent les auditeurs.

Au fil des entretiens avec les employés de l’UTM, une baisse du moral de ces derniers a été mise en exergue. Selon le rapport, il est crucial de « consolider les relations » entre la direction, le personnel et l’Union des étudiants. « Les deux plus gros défis de l’UTM concernent l’infrastructure et le faible moral du personnel », souligne le rapport. De plus, pour renforcer le fonctionnement de l’UTM, plusieurs sujets devront être traités, estime le rapport. Ceux-ci comprennent le recrutement de personnes pour des postes clés, un système de « performance appraisal » et l’élaboration d’une politique pour le développement du personnel académique et non académique.

Une autre lacune notée concerne les requêtes du Student Council, qui n’ont pas connu de suite. De plus, le nombre d’activités organisées par le Student Council durant l’année académique est limité. Le syndicat de l’UTM, qui a aussi été interrogé, a lui aussi fait état de « certains soucis ». Selon les employés et les étudiants, ils doivent ainsi attendre « au moins six mois juste pour une signature » afin d’obtenir l’aval de la direction pour une requête.

Par ailleurs, le rapport souligne que l’université « a fait un long chemin, mais doit encore en faire pour arriver à son plein potentiel ». Peu de recommandations du rapport qualité de 2008 ont été mises en place. La présente édition du rapport de l’Audit qualité du second cycle de l’UTM a été conçue par cinq auditeurs en novembre 2017. Il fait suite au Self-Evaluation Report préparé par l’UTM.

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