ÉDUQUER LES JEUNES : La clé du changement, selon Ambal Jeanne

« Ce n’est pas que le 8 mars que l’on doit s’attarder sur la question des femmes et du respect de leurs droits », clame d’entrée de jeu Ambal Jeanne, directrice de SOS Femmes. Pleinement engagée dans ce combat qu’elle a mené étroitement aux côtés de son illustre soeur disparue l’an dernier, l’avocate et militante Rada Gungaloo, Ambal Jeanne explique : « Après que l’on ait disséqué et réfléchi sur tous les aspects du problème de violences envers les femmes sous toutes les coutures, nous nous sommes rendus à l’évidence que pour arriver à quelque chose de concret d’ici quelques années, il nous faut démarrer un travail auprès des jeunes. » Ce qui sera chose faite le vendredi 6 mars lors d’une “open discussion” à l’école technique de Saint-Joseph, sise à Beau-Bassin.
« C’est un travail de très longue haleine, un exercice que nous avons entrepris depuis l’année dernière au sein de SOS Femmes », déclare Ambal Jeanne. L’idée, indique-t-elle, a germé après un débat au sein de la cellule de crise avec des “field workers” et animatrices du centre, entre autres, sur la question fondamentale des violences faites envers les femmes. « Le constat que nous avons fait, aussi accablant que cela puisse être, c’est que les violences sont en hausse. Plus inquiétant encore : ces violences au sein du couple touchent de plus en plus les jeunes couples ; ceux âgés entre 20 à 25 ans vivant ensemble finissent par se détruire et briser leur cocon familial… Nous nous sommes rendus à l’évidence que le travail concret devant être réalisé en amont pour parvenir à un changement dans les mentalités et les attitudes ne peut que passer par l’éducation. » D’où l’idée de faire appel aux responsables d’institutions scolaires comme l’école technique Saint-Joseph de Beau-Bassin/Rose-Hill, le collège Lorette de Rose-Hill, l’école Saint-Luc de Quatre-Bornes et le collège Patten de Rose-Hill. Ce vendredi 6 mars, une “open discussion” donnera le coup d’envoi d’une série d’activités devant s’étendre sur toute une année.
« Célébrer la Journée internationale de la Femme uniquement le 8 mars ou durant les semaines précédentes ou qui suivent n’a rien changé », avance la directrice de SOS Femmes. « Il faut impérativement déclencher une réflexion et une action. Nous pensons qu’impliquer les jeunes dans le processus serait le début de cette réponse. » À cet effet, des rencontres ont eu lieu avec les responsables des institutions scolaires citées plus haut et des adolescents de 15 et 16 ans participeront à l’atelier de travail de vendredi. « Nous ne pouvons organiser un débat avec des “pros and cons” sur un sujet comme les violences », rappelle Ambal Jeanne, « puisqu’on ne peut faire l’apologie des violences ». Cette discussion ouverte devrait donc permettre de faire le tour du sujet. Différents groupes expliqueront ce que sont les violences au sein du couple, comment elles s’expriment, aborderont la problématique des causes de violences, pourquoi elles perdurent et comment les endiguer ce fléau.
« Autour de cette thématique, nous avons souhaité une participation active des jeunes. Nous leur avons donc donné une certaine liberté de manoeuvre pour prendre des initiatives et élaborer certains aspects de cette présente campagne. » Un concours de slam et de slogans a été organisé en marge des activités. SOS Femmes bénéficie du soutien de l’ambassade britannique dans cette entreprise. « Ce projet pilote est appelé à être répliqué dans d’autres villes, avec d’autres institutions scolaires, et toujours avec la participation active des jeunes. Nous souhaitons sincèrement qu’un mouvement prenne forme à partir des activités déjà en chantier. »

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