ÉGLISE, FOI ET RAISONNEMENT : Juger l’arbre à ses fruits…

… et non par la date de sa mise en terre

- Publicité -
ALAIN JEANNOT

Premier dimanche de l’Avent dans une belle église construite sous l’apostolat du père Laval. Lors de sa très pertinente homélie, axée sur les symboles liturgiques associés à l’attente de la naissance du Christ, le célébrant regrette le nombre restreint de fidèles à quelques semaines de cet événement fondateur.

Pourquoi un tel désintéressement chez les ouailles alors que, le jour de Noël, les lieux de culte seront pris d’assaut, quitte à laisser sur le parvis ceux qui ont préparé la venue du Messie ? Comment expliquer l’amaigrissement de l’assistance en dehors des jours de fête à l’Église alors que 25 000 spectateurs se déplacent pour un concert payant donné par trois “singing priests” ? Que recherchent les fidèles ? Les discours de bonheur éternel post mortem souvent axés que sur les exigences de reniement, d’effacement, d’humilité et d’abnégation ne refroidissent-ils pas une population qui réclame aussi sa part de fruits du royaume, de son vivant ? Retrouvent-ils au sein de cette institution, qu’ils connaissent mal, une fierté légitime qui répond à leurs attentes d’identification, surtout pour ceux qui n’ont que l’Église comme référence culturelle ?

Jésus est-il né le 25 décembre ?

S’ajoute à ces interrogations, celle qui, depuis quelques années, remet en question la date de la naissance du Christ. Est-il vraiment né un 25 décembre ? Profitant de la communication rapide et accessible, des théories multiples, surtout à l’approche de Noël, tendent à prouver le contraire. Risquent-ils de fragiliser davantage l’adhésion à l’Église ?

En tant que croyant catholique, je me suis penché sur la question et suis arrivé à la conclusion que peu m’importe la date de naissance du Maître. Il est à l’origine d’une Église dont les fruits garantissent une crédibilité inestimable. Je juge l’arbre par ses fruits et non par la date de sa mise en terre. Le seul hic, c’est que ces contributions sont rarement citées.

Nous voici devant une Église qui existe parce que le fils de Dieu s’est fait chair et qui est un leader dans le domaine de l’éducation gérant 72 826 écoles maternelles, 96 573 écoles primaires et 47 862 institutions secondaires de par le monde. Parmi ses 659 000 religieuses, bon nombre se sont engagées à soulager la misère humaine dans les quelque 15 722 maisons de retraite pour personnes âgées, les 9 552 orphelinats et autres 610 léproseries de par le monde. L’Église gère aussi 13 897 dispensaires et 5 287 hôpitaux dans le monde, offrant un service prioritaire dans des lieux de misère ou autrement en serait dépourvue.

À Maurice, l’Église compte 46 écoles primaires et 17 institutions secondaires qui s’occupent de plus de 35 000 étudiants et Dieu sait combien l’on s’y rue. Mais cet engouement fait souvent l’impasse sur celui qui en est l’origine. L’Église s’engage aussi à traiter des questions de société profondes et pertinentes. Les lettres pastorales successives de notre Église locale en sont un exemple. Cette année, pendant le carême, elle s’est adressée aux jeunes dans le contexte des 50 ans de la jeune nation mauricienne. En parlant de cette cohésion sociale, certes fragile, comment faire l’impasse sur l’apport déterminant de l’Église sous l’apostolat du père Laval qui a désamorcé une bombe sociale en réconciliant ancien maître et ancien esclave sous le chapiteau d’une religion commune tout en préparant l’ancien esclave à accueillir le travailleur engagé indien conformément à la religion à laquelle il les avait convertis.

Il y a chez nous environ 100 églises dont les cours et les salles d’œuvres sont des lieux de rencontre pour des activités saines et édificatrices. Combien se rendent compte du point de départ de toute cette structure qui contribue à servir les intérêts de toute la nation, voire de l’humanité ?

Pour ces quelques raisons et là, je n’évoque pas le rôle central de l’Église, qui est d’évangéliser et de créer des artisans de paix et d’amour, peu m’importe de connaître la date à laquelle Jésus est vraiment né. « The truth of the pudding is in the eating », comme dirait l’Anglais.

L’Avent pour les chrétiens, surtout catholiques, devrait aussi, à mon humble avis, être l’occasion pour accueillir et connaître les bienfaits fort louables du Seigneur à travers l’Église. De cette manière, ils pourraient s’en inspirer, en être fiers et se dire que le majestueux règne de Dieu est bien sur la Terre comme au Ciel.

Référence: Fides

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour