EID-UL-FITR CHEZ LA FAMILLE PEERBUX : Une fête placée sous le signe du partage et de la bénédiction

La célébration de l’Eid-ul-Fitr pour marquer la fin du mois sacré du ramadan s’est faite dans l’humilité et le partage hier chez la famille de l’imam Zaheer Peerbux. L’heure était aux réjouissances, aux toffa (remise de cadeaux) et à cet instant privilégié de déjeuner en famille où le plat central, le briani, était attendu par tous les convives. Le Mauricien était convié à ces instants de célébration et de retrouvailles entre les proches. Récit d’une journée mémorable…
Dès qu’on arrive devant le portail en rouge des Peerbux, la mère et l’épouse de l’imam Zaheer Peerbux, respectivement Shairah et Sharmeen, nous accueillent par le traditionnel Eid Mubarak. Déjà dans la rue, les voisins se font l’accolade, c’est l’heure des réjouissances… Une fois à l’intérieur du petit salon, Shairah Bibi Peerbux, toute souriante, exprime sa joie en ce jour qui marque la fin du jeûne. Levée à 4 h du matin, après une douche, Shairah Bibi Peerbux explique qu’elle fait sa prière (namaz), avant de s’atteler à préparer le traditionnel vermicelle, du lait badam, de petits gâteaux pour célébrer Eid-ul-Fitr avec la famille et les voisins. Pour le musulman, insiste-t-elle, c’est une fête hautement symbolique. « Li plis ki l’année, nu nettoyé trois fois plus. » Derrière ce rituel de nettoyage à fond, il y a aussi ce long mois de jeûne et de sacrifices qui dit-elle « est une bénédiction divine. » Sa belle-fille Sharmeen, d’une grande douceur, explique à son tour les origines de la fête et sa portée pour ceux de foi musulmane.
Une bonne odeur de vermicelle titille les narines et les effluves du briani qui mijote dans le deg emplissent toute la pièce. Shairah Bibi rit de bon coeur et lance : « Ou pu manze ene tigit vermicelle avec ene bon ti dité chaud. » Son accueil va droit au coeur. Animée de cette joie de vivre, Shairah Bibi Peerbux raconte qu’elle a toujours été matinale. Mère de trois enfants, elle fera les éloges de son fils Zaheer en racontant qu’elle voulait ouvrir un magasin à la rue Pagoda avec son fils et son mari. « Quand Zaheer m’a dit qu’il voulait devenir imam, j’ai abandonné ce rêve. Depuis petit, il aime prier. » Sharmeen acquiesce d’un signe de tête. « J’ai un bon mari qui a su nous enseigner le sens des valeurs et de la prière. »
« Un grand jour de contentement »
On se laisse facilement gagner par la bonne humeur que dégage ce clan familial. L’arrivée impromptue des invités contribue à apporter plus d’ambiance. Jasbeen, la fille de Shairah Bibi, arrive avec ses deux enfants et sa belle-mère. La fille de Jasbeen, toute mignonne dans son habit de fête, indiquera avec ses petits doigts qu’elle a cinq ans. Nawsheen, une nièce de la famille et son fiancé, sont venus présenter leurs voeux. Complimentant sa tante pour son excellent vermicelle, Nawsheen nous raconte que c’est important de rendre visite à la famille. Son fiancé indique que l’accolade fait aussi partie des traditions. « Pas garde narien dans leker c’est enn zour béni, où bizin contan ou l’ennemi couma ou camarad. » Jasbeen nous indique que les vêtements sont neufs à cette occasion et qu’il n’y a pas vraiment un effet mode, chacun choisit selon ses goûts. « Pli important c’est bénédiction. » Les effluves du briani gagnent chaque recoin de la pièce, Shairah Bibi demande à ses invités de goûter au vermicelle car il est 10h et aux alentours de midi, ils pourront s’imprégner des délices du briani. Les rires fusent, la bonne humeur semble contagieuse et le va-et-vient des familles qui débarquent pour souhaiter Eid à la famille Peerbux apporte une note de chaleur.
Aisha Bibi, la grand-mère, nous reçoit dans sa maison à côté de celle des Peerbux. La doyenne, qui va sur ses 80 ans, relate qu’elle vient de faire un accident. « Enn loto finn met arrière et m’a heurtée violemment. Mo pas garde dans leker. Chauffeur là inn vine guet moi la case prend mo nouvelle. » La sagesse a gagné le coeur de cette dame qui préfère rester dans le positif. « Plisieurs fois mone gagne problème, mais Allah grand. Mo fine marié zene et la vie ti bien difficile. Mo mari fine mort l’âge 59 ans. » Aisha Bibi a encore toute sa lucidité, et même si elle a subi une grande opération d’une jambe suite à son accident, elle reste fidèle à ses principes. « Mo enkor pé cuit et zordi enn zour spécial. Quand vous jeûnez, vous ne pouvez pas tricher, mem pas boire enn tigit de l’eau, là-haut truv où mem où cachiette. Quand vous résistez à la tentation et que vous avez accompli vos 30 jours de jeûne, ce moment de fête résonne comme une bénédiction. Je suis tombée plusieurs fois et même au niveau de la tête, je me suis fait opérer des deux yeux de la cataracte. Les médecins restent perplexes devant mon courage. Moi, je réponds, c’est la prière et surtout sachez pardonner, car le pardon est grand. Il vous maintient en vie », dit-elle dans un large sourire.
Vers les 11 h 30, l’imam Zaheer Peerbux revient du cimetière et indique qu’il faut aussi rendre un vibrant hommage aux morts. Très tôt le matin, il est parti faire son Namaz Eid à la mosquée et indique que Eid est un jour de « grand contentement » où se mêlent ferveur, partage, adoration et prière. « Ce n’est pas seulement un mois de carême qui compte mais avoir aussi le bon comportement envers les autres. » La particularité de l’imam est qu’il aime s’entourer de gens, être à l’écoute des autres et surtout partager. « Le don du partage, enn grand zafer sa. Comme chef religieux, je me dois toujours d’aider les autres et les empêcher d’entrer dans des pièges qui pourraient les faire dévier du droit chemin. Chaque bonne action compte. Eid, c’est une fête attendue par tous, c’est l’heure des toffa (cadeaux), de déguster de bons petits plats et tout cela se fait dans le partage. » Toujours aux petits soins avec sa famille, l’imam Zaheer Peerbux a aussi une pensée spéciale pour tous ceux qui en ce jour de fête ont le même rayonnement intérieur. « Ce sont nos actions qui comptent. » C’est sur cette note d’aura positive empreinte de chaleur que nous avons laissé notre hôte et sa famille célébrer leur bonheur autour des plats traditionnels, pour clore ces 30 jours de jeûne.

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