ÉLECTIONS GÉNÉRALES 2014 : Shakeel Mohamed, « un vote sanction »

Le ministre du Travail et des Relations industrielles sortant peut se targuer d’être le seul ministre rouge à s’être fait élire lors des élections générales de 2014. Shakeel Mohamed, qui a pu tirer son épingle du jeu en se hissant en pole position dans la circonscription N° 3 avec 7 174 votes, retrouvera ainsi l’hémicycle auprès de trois néophytes du Parti travailliste qu’il aura certainement la responsabilité de prendre en charge et d’encadrer.
Le fait marquant, voire même insolite, dans l’élection de Shakeel Mohamed demeure qu’au départ il n’était même pas sur la liste de candidats du PTr/MMM, ayant été repêché in extremis avant le Nomination Day. En effet, le leadership du PTr/MMM devait à la dernière minute revoir sa copie autour de la candidature d’Ahad Goolamallee au N° 3 et de choisir à la place le ministre du Travail et des Relations industrielles, initialement laissé sur la touche contre une promesse du portefeuille d’Attorney General. Shakeel Mohamed devait ainsi faire figure de chef de file à Port-Louis Maritime/Port-Louis Est où il avait été élu en mai 2010. La tendance sur le terrain pendant toute la campagne électorale devait se confirmer lors de l’exercice de dépouillement jeudi, l’ancien ministre prenant les devants, suivi de son colistier du MMM Adil Ameer Meea.
Le candidat de l’alliance Lepep Anwar Husnoo s’est incrusté dans le trio de tête avec 5 942 voix, soit un retard de plus de 1 200 voix sur Shakeel Mohamed. Après une première analyse des résultats au niveau de sa circonscription, ce dernier devait remettre les choses en perspective en déclarant au Mauricien que « quand vous analysez la différence de voix, il est clair que la circonscription N° 3, de même que le N° 2, ne s’associe pas à l’Alliance Lepep. L’électorat a fait l’expression de son choix, mais il ne se retrouve pas dans le programme du parti adverse. L’élu de l’Alliance Lepep, Anwar Husnoo, n’a fait que profiter des votes de sympathie de l’électorat travailliste. Mais tout de même je dois avouer que ces élections sont fort intéressantes ».
Comment explique-t-il une telle débâcle, lui-même étant le seul ministre sortant élu, et le raz-de-marée de l’Alliance Lepep au niveau national ? Sans faire de décryptage politique profond sur les raisons de la victoire de l’Alliance Lepep, il estime qu’« il faut apprendre la leçon de la défaite et il est nécessaire de faire une autopsie. J’ai mes idées sur les choses qui n’ont pas fonctionné. Mais cependant il faut accepter la défaite et se reconstituer. Ces élections ont été un vote sanction mais nous l’acceptons en toute humilité. Il y a eu des erreurs stratégiques. Certaines personnes ont eu la mauvaise idée de faire une campagne de mauvais goût. Des photos et enregistrements contre les adversaires n’auraient jamais dû sortir. Je ne partage pas ce type de campagne. C’est un des syndromes que je condamne. Je fais toujours ce que j’ai à faire. Je n’ai peur de rien et je n’ai pas de faveur à faire à qui que ce soit ! »
Revenant sur sa victoire au N° 3, Shakeel Mohamed place celle-ci sur le compte de son travail soutenu pendant ces cinq dernières années comme député de cette région. « C’est simplement une reconnaissance du fait que j’ai été un représentant qui a fait honneur à l’électorat. Que ce soit en termes d’infrastructure, de présence dans la circonscription, de travail accompli pour les habitants et de prises de positions. C’est simplement une reconnaissance. D’ailleurs je les remercie », déclare-t-il. Le goût vraisemblablement amer des élections se mélange également à la tristesse pour Shakeel Mohamed car il devra faire ses adieux à la Victoria House, siège du ministère du Travail, où il a négocié dans des dossiers des plus épineux dont ceux de l’industrie sucrière et du transport tout dernièrement.
« J’ai le sentiment du devoir accompli. J’ai même reçu des félicitations de la part des journalistes. Je dois dire que j’ai apprécié travailler avec mes officiers qui sont aujourd’hui devenus mes amis », confie-t-il avec une pointe de nostalgie dans la voix. Cela n’empêche pas le député de trépigner d’impatience de se retrouver au parlement dans la toute nouvelle configuration. « J’ai hâte de commencer mon travail au sein de l’hémicycle. Étant le seul ministre PTr à avoir été élu, j’aurais certainement beaucoup de responsabilités dont celle de partager mon expérience avec les nouveaux, de les encadrer et de mener à bien mon équipe. De son côté, l’Alliance Lepep a fait beaucoup de promesses pendant la campagne électorale. J’espère que les dirigeants les tiendront. Quoi qu’il en soit, je leur souhaite bonne chance ! »

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