ÉLECTIONS GÉNÉRALES 2019 : La communication politique 2.0

L’application mobile « ensam » dans la besace numérique du MSM

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Opération séduction de Navin Ramgoolam

Daniella Bastien (MMM) : « Nul besoin de soigner l’image de Paul Bérenger ! »

L’outil numérique à travers Facebook, Twitter et Instagram s’est installé dans le paysage politique comme un instrument incontournable de communication. Le catalyseur a été sans conteste “le coup de génie” de 2014 du clip « Vire Mam » sur les réseaux sociaux — qui a contribué à la victoire surprise de l’alliance MSM/PMSD/ML face au PTr/MMM. Après ce séisme politique, Navin Ramgoolam et Paul Bérenger ainsi que d’autres dirigeants politiques ont compris tout l’enjeu des réseaux sociaux et toute la portée de leur image et leurs interventions sur ceux-ci afin de mobiliser les électeurs. Cet intérêt pour les potentialités du numérique s’accentue à l’approche des prochaines législatives, même si cet outil demande à être maîtrisée, d’où l’apport, par chaque parti, d’une équipe dotée d’une stratégie numérique. Week-End a décortiqué les techniques et stratégies de ces communicants.

Les campagnes électorales ne sont plus essentiellement concentrées sur les médias traditionnels qu’est la presse écrite, radiophonique ou télévisuelle. S’il est devenu essentiel pour les politiques de conquérir le public sur les réseaux sociaux, c’est que l’usage quasi constant du smartphone et autres tablettes fait de Facebook en particulier un carrefour d’audience particulièrement recherché. La gestion des pages Facebook des différents partis politiques orchestrée par leurs communicants, administrateurs et spécialistes en numérique diffère en fonction du budget et de la stratégie à adopter. Utilisant les méthodes classiques du marketing, la mise en œuvre de la communication du leader du PTr, Navin Ramgoolam, tourne autour de son image qu’il peaufine dans la perspective d’aborder avec une légitimité nouvelle le prochain scrutin préparé de longue date. « Navin Ramgoolam 2019 », c’est le nom de la page Facebook créée par l’équipe web du PTr. Sur ses vidéos postées quasi quotidiennement, Navin Ramgoolam adopte un discours posé, délesté du ton belliqueux dont il est coutumier. L’intitulé « Listening made me wiser » d’une vidéo publiée le 30 août dernier résume à lui seul la stratégie des administrateurs du PTr pour redorer l’image du leader des rouges.

Cette opération de séduction se fait aussi par le biais d’un dialogue direct avec les internautes abonnés à son compte. « Navin Ramgoolam est ravi d’être constamment en interaction avec les internautes dont la plupart sont des jeunes qui travaillent dans la fonction publique et qui ne peuvent s’exprimer ouvertement. Le nombre de dénonciations de certaines pratiques au sein de la force policière a surpris le leader, qui a compris l’importance de l’utilisation de cet outil informatique dans sa stratégie de rupture pour résoudre les problèmes qui l’attendent quand il sera de retour au pouvoir », nous a confié un administrateur de la page de l’ex-Premier ministre, qui dément la rumeur selon laquelle le PTr a eu recours à une firme de communication pour cette opération. « Nous sommes une équipe de jeunes dévoués à la cause du parti et avec la concrétisation de l’Alliance Nationale, nous travaillons en étroite collaboration avec nos homologues du PMSD pour alimenter la page officielle de l’alliance », souligne notre interlocuteur.
100 % Citoyens tisse sa toile

L’équipe de communication de Pravind Jugnauth et de son parti le MSM se montre particulièrement agressive dans l’occupation de l’espace numérique. La page Facebook du Premier ministre se construit avec le relais des séquences les plus fortes de son mandat, à l’instar de la visite du Pape, du Metro Express et des Jeux des îles de l’océan Indien. Un tantinet hésitant au début, un des communicants du compte Facebook de Pravind Jugnauth souligne « l’importance de l’autociblage par le biais du système de publicité payante de Facebook,

Facebook ads qui est axé sur une visibilité plus accrue qui nous permet d’aller chercher beaucoup plus de traction que la publicité axée sur les « j’aime ». Une tactique utilisée aussi par les administrateurs du PTr pour la page « Navin Ramgoolam 2019. » L’autre outil dans la besace numérique du MSM : l’application mobile « ensam » afin de permettre au public de le suivre durant la campagne électorale.

« Nul besoin de soigner ou redorer l’image de Paul Bérenger et du MMM ! » C’est la déclaration que nous a faite Daniella Bastien, responsable de la communication du MMM, qui gère, en collaboration avec une vingtaine d’administrateurs, les trois comptes officiels du parti : « Paul

Raymond Berenger », « MMM » et « MMM tv », qui sont utilisés notamment pour relayer des vidéos live des meetings, conférence de presse et sorties publiques, entre autres, ou de raconter aux jeunes les faits marquants qui ont jalonné l’histoire du MMM. Selon elle, « si certains leaders des partis traditionnels utilisent Facebook pour tenter de convaincre les internautes qu’ils ont changé et qu’ils ne seront plus englués dans des scandales, tel n’est pas le cas pour Paul Bérenger, car l’honnêteté a toujours été la marque de fabrique des mauves. » Daniella Bastien soutient que « Paul Bérenger lui-même est connecté et donne son assentiment avant certaines publications. »

Les réseaux sociaux sont un espace occupé depuis des années par le PMSD avec sa horde de communicants à l’affût du coup médiatique permanent. « Le PMSD est à l’origine du clip Viré Mam contrairement aux affirmations de certaines personnes au MSM », nous confie d’emblée Manish Cushmagee, responsable de la communication des réseaux sociaux des bleus et alimente les pages officielles du PMSD et de son leader Xavier Duval. « Les pages se déclinent en une suite de publications et d’annonces. Même si beaucoup d’internautes ne le savent pas, le véritable Xavier Duval et d’autres membres du Bureau politique discutent et répondent souvent eux-mêmes aux interrogations et critiques formulées en ligne », ajoute Manish Cushmagee, spécialiste en réseaux

En marge des élections générales, des candidats de notoriété moindre ont tout intérêt à utiliser avec intelligence ces réseaux sociaux. Il est particulièrement intéressant de se pencher sur la maîtrise de cet outil par le parti 100% Citoyens, créé il y a tout juste six mois, et qui a très bien su utiliser cet instrument pour se faire connaître. Le cannabis, le salaire mirobolant des ministres, le combat contre la corruption, entre autres, sont des thèmes qui sont abordés et disséqués par les membres de ce parti à travers des vidéos où le fond et la forme prennent le pas sur des annonces racoleuses. La stratégie numérique de 100% Citoyens ne doit rien au hasard, car le parti compte en son sein Dev Sunassy, qui a un diplôme d’ingénieur technologique de l’École supérieure d’informatique (ESI-SUPINFO) de Paris, et spécialiste en réseaux et bases de données.

« Notre communication est réfléchie et est à notre son-image. Nous avons une mission, c’est de dénoncer la politique dégueulasse des partis traditionnels au cours de ces 50 dernières années », fait ressortir Dev Sunassy, qui est également le secrétaire général de 100 % Citoyens. Ce dernier sera candidat aux N°19 et aura comme colistier Ivor Tan Yan.

Follow the leader

« Follow the leader. » La chanson phare des Soca Boys des années 1990 prend durant cette campagne tout son sens. Dans le cadre de ce dossier, Week-End a visité les pages Facebook officielles des principaux leaders politiques, tout en évitant les innombrables pages créées par des partisans du type « We support… » ou « We love… » Si les leaders sont aussi présents sur d’autres réseaux sociaux, tels Twitter, Instagram ou encore LinkedIn, nous choisissons de nous concentrer sur la plateforme la plus utilisée à Maurice, soit Facebook. Ainsi, à l’heure où nous mettions sous presse, Pravind Jugnauth comptait 93 579 abonnés, Navin Ramgoolam 79 754 abonnés, Xavier-Luc Duval 63 791 abonnés et Paul Bérenger 27 133 abonnés. Par ailleurs, de toutes les pages consultées, seule la page de Pravind Jugnauth détient un badge de vérification bleu, qui certifie son authenticité. Selon Facebook, « we apply the blue verification badge to eligible brands, media organizations and public figures. Eligibility for the blue verification badge is based on a variety of factors, such as account completeness, policy compliance and public interest. » Un des meilleurs moyens pour se prévenir des fake profiles, dont ont été victimes plusieurs politiciens…

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