ÉLECTIONS DE LA MSDTF : Somdath Dulthumun finit complètement grillé

Jamais défaite n’aura été accueillie avec autant de joie à travers le pays. Celle de Somdath Dulthumun dimanche dernier lors des élections à la direction de la Mauritius Sanatan Dharma Temples Federation (MSDTF) où il a été complètement grillé par une équipe adverse menée par Rajenrah Ramdhean. Celui qui avait fait campagne sur le concept de « charbon blanc et charbon noir » pour soutenir le projet controversé de CT Power est, en effet, sorti bien cramé après le scrutin qui a mis fin à 15 ans de règne sans partage marqué par des propos et des gestes aussi sectaires d’incendiaires, sa seule constante étant d’être un laquais du pouvoir du moment et du Premier ministre au bon profil.
Celui qui a empoisonné le débat public pendant plus d’une décennie croyait que, fort du soutien des locataires de l’Hôtel du gouvernement, de leurs conseillers politiques et de l’appareil d’Etat, il allait tranquillement rempiler, mais les membres de la MSDTF lui ont indiqué la porte de sortie. Somdath Dulthumun est tombé de haut dimanche dernier en prenant connaissance des résultats du scrutin qui a donné une confortable avance à son adversaire Rahenrah Ramdhean, un ancien président qui, lui, est connu pour être un proche du PTr et de ses dirigeants, dont Anil Baichoo et Navin Ramgoolam.
Somdath Dulthumun s’est cru tout permis au fil des années passées à la présidence de la MSDTF. S’il a longtemps oeuvré et même manoeuvré dans l’ombre et qu’il s’était assuré d’être écouté par les dirigeants du moment, il a vraiment connu la lumière sous la mandature du Premier ministre Navin Ramgoolam. C’est surtout lorsque le leader du PTr a dirigé le gouvernement que ce leader « socioculturel » s’est fait particulièrement remarquer. Au point d’être très officiellement décoré le 12 mars 2008 « for distinguished services to the community ». Fort de ses appuis en haut lieu, il enchaîne les actions d’éclat. Comme en 2010, lorsqu’il brûle des copies de l’Express-dimanche juste parce que cette publication avait osé, sous l’impulsion de Rabin Bhunjun, publier un dossier sur le système et le fonctionnement des castes à Maurice. C’est aussi l’année de la grande alliance PTr/MSM/PMSD, une plate-forme qui ravit Somdath Dulthumn, la « grande famille » rouge et orange étant ainsi réunie après des années d’hostilités.
C’est donc sans surprise qu’il rue dans les brancards lorsque la belle « alliance de l’avenir » se fracasse sur l’affaire Medpoint en juillet 2011. D’autant qu’il avait personnellement arpenté les ruelles du No 8 pour faire campagne en faveur de Pravind Jugnauth, le candidat soutenu par le Premier ministre travailliste à la partielle de mars 2009.
« Conséquences graves pour le MSM »
Celui qui cirait les pompes de Navin Ramgoolam aura des mots extrêmement sévères pour Pravind Jugnauth, le leader du MSM qui choisit de quitter alors le gouvernement. « C’est un acte anti-patriotique », tempête-t-il à l’occasion d’une de ses longues conférences de presse télévisée, dont il avait le rare monopole. Il se fait même menaçant en décrétant que cela entrainera des « conséquences graves pour le MSM », d’autant que, selon lui, « lelektora pa apresie ditou ».
Ce départ affaiblit-il Navin Ramgoolam ? Oh, que non, assure Somdath Dulthumun qui affirme, non sans avoir rappelé que « Pravind Jugnauth doit son élection au PTr », et que le « Premier ministre a toutes les cartes en main, li ena tou joker ».
Il était si proche du Premier ministre qu’il fut décoré le 12 mars 2008, nommé sur plusieurs conseils d’administration, dont ceux de l’Independent Broadcasting Authority, le régulateur des médias électroniques et de la Banque de Développement. Comme plusieurs observateurs, Sir Anerood Jugnauth, très refroidi par le socioculturel depuis la débâcle de 1995, qui, à peine sorti de son confort de la State House, avait, lors d’une réunion publique au collège Universal le 24 avril 2012, fait une violente sortie contre Somdath Dulthumun demandant même « komié kas pé rentré » dans la poche du protégé de Navin Ramgoolam.
Dès qu’il y a une controverse et que le gouvernement est en difficulté, il monte au créneau, comme lors des objections contre le « unsolicited bid » de CT Power, dont les activités prévues à Pointe-aux-Caves et potentiellement polluantes avaient mobilisé les habitants de la région résidentielle d’Albion.
Aussitôt que Navin Ramgoolam lance un propos divisionniste, le fidèle suiveur de la MSDTF le reprend en choeur comme à la télévision un soir de janvier 2013 où il tint meeting sur le « charbon blanc et le charbon noir » opposant ainsi les promoteurs mauriciens, mais sucriers, donc à la coloration très précise, des centrales à charbon et les Malaisiens de CT Power qui avaient alors à prouver qu’ils détenaient et le savoir-faire dans ce domaine et surtout les financements nécessaires. Il parle même de « harcèlement contre la communauté hindoue ».
La liberté d’expression, selon Navin Ramgoolam
Lorsque des voix s’élèvent pour dénoncer les propos sectaires de Somdath Dulthumun, Navin Ramgoolam le défend bien évidemment, et ce, au nom de ce qu’il considère être sa « liberté d’expression ». Il restera aux basques du Premier ministre travailliste, malgré la conclusion de l’alliance PTr/MMM en novembre 2014.
Allergique au MMM, à son leader Paul Bérenger, et surtout à son épiderme, il sort une des trouvailles dont il a le secret : comme il s’est octroyé le droit de lancer des mots d’ordre, le président de la MSDTF demande à « son électorat » de voter pour les candidats du PTr et du MSM.
Il faut croire que sa parole n’avait déjà plus beaucoup de valeur et que ses injonctions n’étaient plus suivies puisque « ses électeurs » n’ont pas voulu de Navin Ramgoolam au No 5. Il est, en fait, en campagne au No 7, là où se présente SAJ, celui qui, deux ans plus tôt, questionnait son pactole auprès des organismes publics.
Aussitôt les élections remportées par Lalians Lepep menée par le MSM, Somdath Dulthumun devient un fervent supporteur des Jugnauth. S’il n’a pas d’entrée directe auprès de SAJ, il peut compter sur le fils et les conseillers qui gravitent autour du père.
Aussi lorsque le père cède son fauteuil de Premier ministre au fils, il est le premier à monter au créneau pour dire que « si Pravind Jugnauth est PM, c’est la volonté de Dieu ». Cela sonnait comme une prolongation de la célèbre phrase de Dhandev Bauhadoor qui avait estimé que SAJ était « enn tigit pli tipti ki bondié ». C’était en effet la volonté du père, presque qu’un dieu, d’installer son fiston au poste suprême. Selon le jargon propre au socioculturel.
Et comme la roue tourne et toujours, ce sera au tour de son ex-protecteur en chef, Navin Ramgoolam de le vilipender en public. Lors d’une de ses sorties socioculturelles à Sébastopol en février 2017, Somdath Dulthumun ne sera ni plus ni moins traité de « vendère » par le leader du PTr qui se plaignait que les temples qui l’ont accueilli se sont vus privés de subventions.
Cela n’a fait que décupler le paillasson de service qui, profitant de la présentation du budget en juin dernier, n’arrêtera pas de tarir d’éloges son initiateur Pravind Jugnauth. Lors d’une conférence de presse post-budget, entre autres fleurs lancées, il parlera de « grandeur d’âme » du ministre qui n’a rien augmenté de taxe comme si les cigarettes et les boissons alcoolisées en étaient exemptées, d’autre part, « d’idée géniale » l’introduction d’un « negative income tax ».
Comment alors ne pas retourner l’ascenseur et mener campagne pour l’auteur de ces propos afin qu’il puisse entamer une 16e année à la tête de la MSDTF ? C’est ce dans lequel s’est activement engagé Pravind Jugnauth et qui a enregistré une déconvenue personnelle en attendant de dire tout le mal qu’il pense de lui lorsqu’il constatera que Somdath Dulthumun s’en est allé cirer de nouveau les pompes de Navin Ramgoolam et autres Anil Baichoo.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -