EMPIRE BAI : Dawood Rawat face à une double “armlock”

La partie de cache-cache entre le Chairman Emeritus du groupe BAI, Dawood Ajum Rawat, et les autorités confirme la dimension internationale de l’affaire et devrait prendre fin incessamment. Avec le mandat d’arrêt émis hier après-midi par le magistrat Alvin Joypaul, siégeant au tribunal de Port-Louis, sur la demande renouvelée du Central CID, l’arrestation du suspect Dawood Rawat, qui se trouve à Londres, selon les dernières nouvelles, est en effet présentée comme étant imminente avec la dissémination, dès cet après-midi, de ce Warrant of Arrest international par le réseau mondial d’Interpol. En sus de cette menace d’arrestation, qui se précise après le sursis signé de la magistrate Adila Hamuth de vendredi, le décoré de la Légion d’honneur de la République française devrait se retrouver en face d’un second Restraining Order (gel) de ses avoirs à l’étranger sous forme de placements par le biais de la BA Investment Co Ltd. Des démarches à cet effet ont été engagées depuis hier avec la demande pour un Judge’s Order présentée à la mi-journée par le Senior Assistant Director of Public Prosecutions, Me Rashid Ahmine, Head de l’Assets Recovery Unit. En parallèle, les inspecteurs de la Banque de Maurice maintiennent la pression sur les comptes personnels opérés par Dawood Rawat à la banque BCBG en vue de constituer le Prima Facie Case de Money Laundering de plus de Rs 6 milliards.
Après le gel des avoirs personnel de Dawood Rawat et des membres de sa famille – dont ses filles Adeela Rawat-Feistritzer, Laina Rawat-Burns et des conjoints de ces dernières, de même que de Oomeshsing Sookdawoor, alias Rishi, Chief Executive Officer de BAI Co (Mtius) Ltd –, un autre Restraining Order devait être sollicité en cours de journée. C’est ce que laissent entendre des sources autorisées avec l’Assets Recovery Unit des services du DPP mise à contribution. Des indications disponibles soutiennent que ce nouvel ordre de gel des avoirs viendra complémenter celui qui avait été émis par la juge Gaytree Jugessur-Manna.
Ce Restraining Order s’attaque à tous les avoirs de Dawood Rawat sous la BA Investment Co Ltd, qui contrôle à 100% la BA Insurance Co (Mtius) Ltd avec des avoirs dont la valeur a été révisée à la baisse par les Conservators de PwC, soit à Rs 16 milliards, et à 90% la Bramer Property Fund, avec des Assets de Rs 4,2 milliards au 31 décembre dernier. L’aspect qui tranche avec ce Restraining Order-in-Waiting est qu’il concerne tous les avoirs acquis par la BA Investment, que ce soit à Maurice ou à l’étranger.
Dans l’éventualité où l’ordre serait émis cet après-midi, il devra être disséminé dans différentes juridictions étrangères où la BA Investment Co Ltd a effectué des investissements contrairement au Restraining Order de samedi, applicable principalement à Maurice. Les pays concernés vont des Etats-Unis, principalement Washington avec le Ritz-Carlton et la ville de Raleigh en Caroline du Nord, la Grande-Bretagne, plus précisément Londres avec plusieurs propriétés immobilières valant des centaines de millions sur le marché, la Croatie, la Bulgarie, Malte, avec La Valette, ou encore l’Italie et la France, avec des appartements haut de gamme. « Avec ce nouveau gel des avoirs, Dawood Rawat ne pourra disposer d’aucun de ses biens ou placements, que ce soit à Maurice ou à l’étranger, le temps que dure l’enquête sur le BAI Mega-Scam », fait-on comprendre dans les milieux autorisés, confirmant que des dispositions ont déjà été prises pour que le Judge’s Order soit servi dans ces pays selon les procédures établies.
Mais de toutes les propriétés immobilières répertoriées avec l’écroulement de l’empire Rawat, celui qui frappe le plus l’imagination reste le château baronnial situé à 50 kilomètres de Rome, soit le Castello Baronale de Collalto Sabino, dont l’acquisition a nécessité le déboursement de 8,6 millions d’euros (Rs 350 millions). De son côté, lors de son intervention à l’Assemblée nationale, le Premier ministre, sir Anerood Jugnauth, avait estimé le coût de cette acquisition immobilière à quelque Rs 400 millions avec des pertes de Rs 120 millions encourues. Mais ce château baronnial est au centre d’une controverse. A Maurice, la propriété de Castello Baronale à Collalto Sabino est attribuée à Dawood Rawat avec des membres de sa famille, dont ses filles, aussi bien que d’autres VVIPs, ayant séjourné pendant des vacances d’été lors de leur passage en Europe.
Pour sa part, Me Yousouf Mohamed, Senior Counsel, intervenant au nom de Dawood Rawat, souffrant à Londres, souligne que ce château appartient à Global Capital Co Ltd, dont le siège se trouve à Malte, avec Dawood Rawat détenant une Controlling Interest. Dans le sillage du scandale du groupe BAI, la Malta Financial Services Authority a déjà pris la décision de suspendre la cotation de cette société sous le contrôle de l’Emeritus Chairman sur la Bourse.
« The castle belongs to Global Capital plc through its 100 subsidiary, Quadrant Italia SARL », déclare Me Mohamed, qui avance que « the value of all properties held  by GlobalCapital Group of companies to Euro 20,3 millions » (Rs 800 millions environ). Le document distribué à la presse par Me Mohamed vendredi dernier ajoute que GlobalCapital Group, à travers des filiales, est propriétaire d’appartements en Bulgarie ainsi que de propriétés foncières en Croatie, en Italie et à Malte.
Une autre conséquence directe de ce second Restraining Order sur la BA Investment Co Ltd est que la marge de manoeuvre de l’administrateur nommé par la BAI, Satta Hajee Abdoula, Senior Partner de Grant Thornton, devrait être encore réduite dans la gestion des sociétés de ce conglomérat, littéralement en faillite. L’administrateur devra avoir l’occasion demain de faire état de sa position lors de la grand-messe des créanciers de la BAI se déroulant à l’auditorium de l’Église Chrétienne, à Trianon.
Une autre certitude est que, dès cet après-midi, une épée de Damoclès pèsera sur la tête de Dawood Rawat. Depuis ce matin, l’Office of the Director of Public Prosecutions mettait en effet la dernière main au dossier de mandat d’arrêt international contre Dawood Rawat. Le magistrat Joypaul a accédé à la demande du Central CID, formulée sous la section 4 (1) de la District and Intermediate Courts Act.
Des sources officielles avancent que? pour justifier ce mandat arrêt à être exécuté par les autorités britanniques, le Central CID a retenu trois charges provisoires, à savoir “Conspiracy to Defraud”, “Money Laundering” d’un montant supérieur à Rs 6 milliards, et “Fraudulent Use of Company’s Property”. Ces charges sont sensiblement les mêmes que celles de vendredi avec la requête officielle rejetée.
Avec ce nouveau développement intervenant tard hier après-midi, les conseils légaux de Dawood Rawat, à Port-Louis comme à Londres, sont sur le qui-vive car l’arrestation du jet-setter Rawat pourrait intervenir à n’importe quel moment d’ici la fin de la semaine. Il faudra s’attendre à de véritables batailles légales devant toutes instances judiciaires compétentes et appropriées à Londres pour contester l’extradition du Chairman Emeritus « on grounds of ill health », comme ce fut le cas du dictateur Augusto Pinochet, ancien président du Chili, accusé de meurtres lors du coup d’Etat de septembre 1973 ou encore de « vendetta politique » menée par le gouvernement de l’Alliance Lepep depuis les dernières élections. Tout un chacun s’accorde à dire que la bataille de l’extradition de Dawood Rawat s’avérera longue et fastidieuse…

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