EMPIRE RAWAT—BAI: Taher devance Liong (KPMG) au CCID

Comme indiqué dans l’édition du Mauricien de jeudi dernier, l’enquête criminelle sur l’écroulement de l’empire Dawood Ajum Rawat avec l’opération « Daylight Robbery » et des fraudes massives de Rs 25 milliards au préjudice du groupe BAI, chiffres révélés par la Banque de Maurice, a repris ses droits en début de semaine. Le premier suspect convoqué au QG du Central CID n’est nul autre que le dénommé Eshan Muhammud Swadeck Taher, ancien Chairman de Bramser Services Group, qui a également diverses hautes fonctions au sein du groupe BAI, allant de Group Chief Finance Officer à celles de Chief Executive Officer de Financial Services en passant par celles de Group Deputy CEO. Il a devancé l’ancien Managing Partner de KPMG Jean-Claude Liong, qui intéresse également les hommes de l’assistant commissaire de police Heman Jangi, dans le volet consacré aux découverts bancaires fictifs frauduleux de Rs 3,6 milliards de la Banque des Mascareignes en date du 31 décembre 2009. Ce premier rendez-vous pourrait être suivi par la convocation formelle de l’ancien Chief Executive du groupe BAI, Saleem Ehshan Beebeejaun, fils de l’ancien Deputy Prime Minister dans le précédent gouvernement de Navin Ramgoolam.
Depuis hier, Swadeck Eshan Muhammud Taher est interrogé formellement par des limiers du Central CID, chargés de faire la lumière sur les dessous du BAI Mega Ponzi Scheme avec un trou de Rs 25 milliards. Ce n’est pas la première confrontation Under Warning de celui qui est présenté comme le co-architecte présumé et chef d’orchestre avec Dawood Ajum Rawat dans ces détournements de fonds au préjudice du groupe BAI. Mais la séance d’interrogatoire pourrait s’avérer cruciale pour le cerveau allégué de la fraude de BAI.
À ce jour, Swadeck, Eshan Taher n’a pas encore été inculpé provisoirement par le Central CID ou encore mis en cause directement dans les deux cas de réclamations de Rs 1,2 milliard et Rs 200 millions contre la Mauritius Union Assurance (MUA) au titre de la Management Liability. Toutefois, dans ces deux réclamations avec des co-défendeurs, plus d’une vingtaine de Top Managers et de membres de conseil d’administration, la responsabilité de Swadeck Taher est engagée.
Des recoupements d’informations indiquent qu’à la fin de l’interrogatoire, qui devait reprendre à 11 heures ce matin, Swadeck Taher devrait se retrouver en liberté sous caution vu que des charges provisoires, dont une de Conspiracy to Defraud, seront logées contre lui par le Central CID devant le tribunal de Curepipe. Cette étape pourrait être franchie dès cet après-midi au plus tôt avec la police n’objectant pas à sa remise en liberté car après la séance d’audition d’hier, il a pu rentrer chez lui. Mais aux dernières nouvelles, en raison de contraintes de temps, la comparution devant le tribunal pour les inculpations a été suspendue et reportée vers la fin de la semaine.
Maquiller la banqueroute annoncée
La présente séance d’interrogatoire de Swadeck Taher est axée sur ce qui est conçu comme étant le pivot des fraudes massives et du Mega Ponzi Scheme, soit les circonstances menant à l’opération de Window-Dressing et de Reverse Window-Dressing avec la complicité présumée de la Banque des Mascareignes dans l’affaire des découverts bancaires fictifs de Rs 3,6 milliards en date du 31 décembre 2009, soit à un quart d’heure de la fermeture des banques pour une transaction bancaire de cette envergure.
Que ce soit avec le Draft report de nTan Corporate Advisory Pte Ltd, soumis au gouverneur de la Banque de Maurice depuis décembre dernier ou encore les BAI Audit Presentations pour les exercices financiers de 2010, 2011 ou 2013, préparées par les experts-comptables de KPMG, et la Documentary Evidence versée dans le dossier à charge du Central CID, l’affaire des Rs 3,6 milliards de décembre 2009 ne prouve qu’une chose : le groupe BAI était au bord de la faillite au 31 décembre 2009 et ce jeu d’écriture de Rs 3,6 milliards ne visait qu’à maquiller la banqueroute annoncée.
Swadeck Eshan Muhammud Taher a été confronté aux correspondances portant sa signature et celles d’autres Top Guns de la BAI Co (Mauritius) Ltd, adressées à la Banque des Mascareignes à la fin de décembre 2009 pour cette injection artificielle de fonds. Il devra également confirmer si lors de ces démarches, deux autres banques commerciales, soit la Bramer Banking Corporation Ltd et une autre banque internationale avec une présence plus que centenaire à Maurice, avaient été approchées dans le même but au 31 décembre 2009 et pourquoi l’enseigne bancaire internationale avait « backed out » à la toute dernière minute.
Après l’étape de Swadeck Taher, le Central CID sera amené à décider du timing de la convocation formelle de l’ancien CEO du groupe BAI et neveu du Chairman Emeritus de la BAI, Saleem Beebeejaun. Une série de documentations officielles et de correspondances au sujet de ces découverts bancaires fictifs de la Banque des Mascareignes porte la signature de Saleem Beebeejaun, qui avait démissionné du groupe vers la fin de 2012 pour des raisons nullement explicitées.
Fraudes massives
Dans cette conjoncture, la question qui se pose est de savoir quelle posture adoptera Saleem Beebeejaun face aux allégations de fraudes massives contre son oncle. Difficile et prématuré de dire à ce stade de l’enquête si l’enjeu du statut de Star Witness prévaudra. Dans la série, un autre Top Gun du groupe BAI, un autre bras droit de Dawood Ajum Rawat, en l’occurrence Seemadree Rajanah, Chief Operating Officer à la retraite, a été entendu Under Warning à plusieurs reprises l’année dernière sans être nullement inquiété par des charges provisoires. Cet état de choses n’est pas au goût de Laina Rawat-Burns, qui de temps à autre sur son compte Facebook, tire à boulets rouges sur ces anciens cadres, ayant profité des bénéfices du groupe Rawat, « devenus des quasi-collabo ».
Dans les milieux proches des enquêteurs du Central CID, l’on fait comprendre que les Findings du Forensic Auditing de nTan Corporate Advisory Pte Ltd devront établir la hiérarchie des suspects dans le scandale BAI. Même si une première tentative d’obtenir une copie du Draft Report a échoué en ce début d’année, les limiers du Central CID gardent bon espoir que d’ici la fin de ce mois au plus tôt, ce rapport d’experts « with incriminating evidence » constituera la base de la prochaine étape de cette enquête, qui a déjà couvert les 40 semaines.
Avec le rapport nTan Corporate Advisory Pte, ce ne sont pas seulement des responsables du groupe BAI qui seront dans le collimateur du Central CID mais également l’ancien Managing Partner de KPMG et aussi les bénéficiaires des Done et autres Half-Baked Deals…

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