EMPIRE RAWAT—OPÉRATION “DAYLIGHT ROBBERY”—BAI: La crainte de l’estocade

Cinq semaines après l’écroulement de l’empire de Dawood Rawat, avec la révocation de la banking licence de la Bramer Banking Corporation Limited, la crainte de l’estocade pourrait prendre la forme de l’état des lieux dressé par l’Administrator Hajee Sattar Abdoula, nommé par le groupe BAI sous l’Insolvency Act. Les détails de ce rapport sont présentés comme étant extrêmement accablants ou encore comme un indictment sans précédent de la gestion financière des différentes entités du conglomérat, avec notamment l’état de quasi-banqueroute du Bramer Property Fund, de « serious cash flow issues » pour la British American Hospitals Ltd/Apollo Bramwell et la « non-availability of working capital » du côté d’Iframac. A cela devra venir se greffer le premier rapport des Special Administrators Mushtaq Oosman et Yogesh Basgeet sur les cas de fraude, de détournements et de blanchiment de fonds relevés au sein du groupe BAI. Le tout devra être complété par la Forensic Analysis confiée par la Banque de Maurice aux consultants de nTan Corporate Advisory Pte de Singapour, avec tous les chèques, dont des Office Cheques et des transferts de fonds au nom du groupe BAI, « accounted for to the single cent ». Par ailleurs, la fin de la semaine a été délicate pour la Senior Chief Executive au Deputy Prime Minister’s Office, Dorine, Kanoye Fongwen-Poorun, qui a pu regagner son bureau à l’hôtel du gouvernement après son audition dans l’affaire du deal de Rs 105 millions, impliquant l’ancien Chief Executive Officer de la State Investment Corporation (SIC) Iqbal Mallam-Hassam. Dans cette même enquête, l’ancien Premier ministre Navin Ramgoolam a bénéficié d’un sursis pour son interrogatoire en raison d’un problème de conflit d’intérêts de ses conseils légaux.
D’emblée, l’Administrator Sattar Hajee Abdoula souligne le fait que les directeurs des entités du groupe BAI n’ont pas été en mesure de respecter la section 229 de l’Insolvency Act, leur imposant le devoir de soumettre « a statement about the company’s business, property, affairs and financial circumstances ». Ils avaient un délai de sept jours pour le faire, mais aucun document soumis officiellement. Se basant sur ce qu’il présente comme une « preliminary investigation » sur des compagnies du groupe, Sattar Hajee Abdoula a procédé à un diagnostic accablant dans trois des plus importantes lignes d’opération, soit le Bramer Property Fund, en vedette cette semaine avec le deal Mallam-Hassam, la clinique Apollo-Bramwell et Iframac. Il prend le soin de souligner de manière subtile que les problèmes ne datent pas d’hier.
Des recoupements d’informations effectués par Le Mauricien indiquent que « the ability of Bramer Property Fund Ltd to service its debts/dividends under the terms agreed with its investorts is seriously questioned ». Ce commentaire de l’Administrator Abdoula apporte de l’eau au moulin de ceux qui accréditent la double thèse que la BAI est un Ponzi et que la faillite du groupe remonte à des années.
Sattar Hajee Abdoula met également à l’index la politique des investissements du groupe dans des related companies. « The investment of some Rs 2,4 billion in related companies and the ability of those companies to service their debts in view (…) leads to doubts as to how the company was able to service its own debts on a regular basis. The terms of its investment in Bonds of Seaton Investments Ltd and their reassignment in KLAD needs further investigation », déclare-t-il en substance. L’administrateur nommé par la BAI met également en doute des investissements de Rs 860 millions dans les opérations de Bramer Services Group Ltd et d’Apollo Bramwell. « Receivables of some Rs 500 million is now very much doubtful and in light of recent developments, investments in related companies, which should have been questioned in the past, is now very much questionable », ajoute Sattar Hajee Abdoula.
Que ce soit du côté d’Iframac ou d’Apollo Bramwell, les perspectives ne sont guère brillantes. « Serious cash flow issues exist and need urgent attention especially with regards to urgent supplies and the ability of the company (Apollo Bramwell) to continue its operations in the immediate future in view of the present uncertainties », prévient-il encore. Au showroom et au garage d’Iframac, la situation est encore plus pressante avec des clients ayant déjà payé pour leurs voitures neuves. « Urgent attention this is required because of the non-availabillity of working capital and because of the issues of stock ownership; A decision needs to be made as to how deposit ranks for the purpose of vehicle delivery, especially where deposits have been made for specific and clearly identifiable vehicles », dit-il.
Au vu de ce constat désastreux sur la gestion d’Iframac de Sattar Hajee Abdoula et en complément des analyses dans le rapport des Special Administrators sur les allégations de manipulation et de maquillage des comptes de cette compagnie, il devient de plus en plus évident que les deux gendres de Dawood Rawat, en l’occurrence Claudio Fiestritzer et Brian Burns, passeront à la trappe du Central CID dans un avenir pas très lointain pour des délits sous la Companies Act et de blanchiment de fonds.
À moins que les consultants de NTan Corporate Advisory ne décident de passer à l’action plus que tôt prévu en soumettant des “Referrals for Criminal Actions” à la Financial Intelligence Unit (FIU).  Nicky Tan et son plus proche collaborateur, Michael Martin, ont déjà commencé à éplucher les transactions bancaires illicites exécutées au nom du groupe BAI avec des transferts à l’étranger ou en direction d’autres destinataires sans raison apparente à partir des fonds de la Bramer Asset Management Ltd et du Bramer Property Fund.
Outre l’interrogatoire Under Warning d’Iqbal Mallam-Hassam, qui s’est poursuivi jusqu’à très tard hier soir dans les locaux de l’Independent Commission against Corruption, la SCE Fongwen-Poorun a dû pousser un ouf de soulagement quand, à la fin de la perquisition à l’hôtel du gouvernement, les hommes du Central CID lui ont fait comprendre qu’ils n’avaient rien à lui reprocher. Depuis très tôt hier matin, cette SCE a été accueillie à son bureau par une escouade de membres du Central CID pour son interrogatoire au sujet des procédures sous la Non-Citizens (Restriction Property) Act. Les explications de Dorine Fongwen-Poorun ont convaincu les enquêteurs.
De son côté, Navin Ramgoolam devra retourner aux Casernes centrales avec une nouvelle équipe d’avocats. Ses conseils légaux – soit de Me Yousouf Mohamed, Senior Counsel, à Me Gavin Glover, Senior Counsel, en passant par Me Showkat Oozeer – sont en effet déjà engagés à assurer la défense d’autres protagonistes dans la BAI Mega-Financial Scam, et plus particulièrement des proches du Chairman Emeritus de la BAI Dawood Rawat.

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