EN CE 9 MAI : Célébrer la Journée de l’Europe sous le signe de la solidarité

S.E.M. Vincent Degert, Ambassadeur de l’Union européenne auprès de la République de Maurice

- Publicité -

S.E.M. Emmanuel Cohet, Ambassadeur de France à Maurice

Le 9 mai, Journée de l’Europe, est une date importante pour l’Union européenne (UE) et pour ses 446 millions de citoyens. Il y a 70 ans, le 9 mai 1950, s’est tenu un moment décisif dans l’histoire de la construction de l’Union : Robert Schuman, ministre français des Affaires étrangères, a lancé ce jour-là un vibrant appel afin que les nations européennes unissent leurs forces au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, et prennent le chemin de la coopération et de la solidarité pour redonner espoir à leurs sociétés et reconstruire ensemble des économies dévastées. Cette date est ainsi l’occasion de se souvenir que l’Union européenne est avant tout un projet de paix et de réconciliation, qui lui a d’ailleurs valu le Prix Nobel de la Paix en 2012 ; c’est aussi l’occasion de rappeler que l’une des principales valeurs de l’UE, sur laquelle elle fonde l’ensemble de ses actions en Europe comme dans le monde, c’est la solidarité.

Or cette année, la célébration de cette Journée a lieu dans un contexte très inhabituel. L’ensemble de l’humanité vit en effet une épreuve difficile et souvent douloureuse. Nos pensées vont tout d’abord à tous ceux qui sont malades, à leurs familles et à ceux qui ont perdu un de leurs proches. Nous rendons aussi hommage à ceux qui sont en première ligne, en particulier les membres du personnel médical.

En cette période de pandémie, le message de solidarité et de partenariat que nous portons chaque année lors de cette journée est donc plus que jamais d’actualité. L’UE, en tant que premier donateur au niveau mondial et acteur économique majeur, agit en première ligne en prenant une série de mesures concrètes et rapides pour soutenir nos partenaires et encourager des solutions multilatérales à cette crise. En promouvant le concept de « Team Europe », l’UE et ses États membres ont ainsi annoncé le 8 avril dernier un soutien financier immédiat de plus de 15 milliards d’euros en direction de nos pays partenaires, en particulier en Afrique où le défi pour faire face à la crise sanitaire et à son impact pourrait être encore plus difficile à relever. L’UE se coordonne activement avec les Nations unies, le G20, le G7, l’Organisation internationale du travail (OIT) et les institutions financières internationales pour générer une masse critique permettant un impact économique, financier et social déterminant, et pour proposer des solutions au poids de la dette des pays les plus fragiles.

Avec cette pandémie, nous prenons tous conscience que la solidarité n’est tout simplement pas une option : si le virus continue de circuler à travers le monde, personne ne sera à l’abri. D’où l’importance de proposer des diagnostics et des traitements efficaces et si possible de trouver rapidement un vaccin, mais un vaccin qui soit accessible à tous. La Commission européenne, en collaboration avec la France et plusieurs autres partenaires internationaux, a organisé le 4 mai dernier, une grande conférence virtuelle des donateurs. Celle-ci a permis de mobiliser plus de 7,4 milliards d’euros pour soutenir la recherche au plan international afin de venir à bout du coronavirus.

Solidarité, coopération, multilatéralisme sont et seront en effet essentiels pour gagner cette lutte contre ce virus et pour contenir l’impact qu’il a eu et aura encore sur notre vie, sur nos économies comme sur notre bien-être au quotidien et sur nos relations sociales. Mais il faudra pour cela tirer tous les enseignements sur la diffusion et la gestion de cette crise mondiale afin de préparer un avenir collectif plus sûr pour la vie sur notre planète, en mettant le respect de la biodiversité et la lutte contre le changement climatique au cœur de nos préoccupations.

À Maurice, alors que le pays se prépare prudemment à la levée des mesures de confinement,  nous saluons le travail des autorités mauriciennes et les mesures qu’elles ont prises de manière rapide, tant au niveau sanitaire qu’au plan économique et social et qui ont permis de contrôler la propagation du virus tout en protégeant la population et les entreprises. Nous avons marqué notre soutien à l’action des autorités mauriciennes tout d’abord en faveur des populations les plus vulnérables à travers une contribution de plus de Rs 11 millions au COVID-19 Solidarity Fund. Mais nous sommes prêts à continuer à travailler pour accompagner le pays sur plusieurs autres fronts essentiels et à promouvoir ainsi nos valeurs communes.

Premier front : placer la santé des Mauriciens  et des Mauriciennes au cœur de notre partenariat

Cette crise nous rappelle que la santé est notre bien le plus cher et qu’il nous faut la protéger. À ce titre l’UE et le gouvernement envisagent de réorienter totalement le programme d’assistance de l’UE à Maurice et d’appuyer à court terme la mise en œuvre du plan Covid-19 et à moyen terme la stratégie santé 2020/2023, qui est en cours d’approbation. Il s’agirait d’un appui budgétaire conséquent pour soutenir le financement des infrastructures et des services de santé. À cet effort national s’ajouterait un travail au plan régional sur la prévention et la surveillance épidémiologique ; à travers la COI, le programme SEGA OneHealth engagé sur financement de l’Agence française de développement (AFD) pourrait être complété et renforcé (Rs 80 millions complémentaires par la France au travers de l’AFD et Rs 380 millions par l’UE). En outre, l’échange d’informations et la formation des médecins et d’urgentistes avec l’île de La Réunion seront poursuivis dans le cadre du programme européen Interreg.

Deuxième front : relancer les échanges  commerciaux de biens et de services

Compte tenu des liens étroits entre l’UE et la République de Maurice, la reprise des échanges commerciaux et celle du tourisme sont essentielles ; ces secteurs représentent une source importante de revenus et d’emplois pour nombre de femmes et d’hommes qui en ont un besoin vital pour faire vivre leurs familles. Le Commissaire européen au Commerce et le Ministre des Affaires étrangères, de l’Intégration régionale et du Commerce international de la République de Maurice ont ainsi convenu, lors d’un entretien téléphonique fin avril, de faire tout leur possible pour assurer et maintenir l’ouverture des marchés et le flux des marchandises comme des personnes. Cela nécessitera une coopération étroite tant au niveau multilatéral qu’au niveau bilatéral, et nous allons continuer à travailler pour avancer aussi vite que possible dans ce domaine. Dans cette perspective et pour appuyer la capacité de l’État mauricien à soutenir son tissu économique et industriel, à conforter son système de protection sociale, notamment au bénéfice des populations les plus vulnérables, et à construire une plus grande résilience vis-à-vis des catastrophes naturelles et du changement climatique, la France au travers de l’AFD a proposé d’octroyer un prêt exceptionnel de Rs 12 milliards.

Troisième front : bâtir la  résilience face aux crises 

Toutefois, la relance économique ne peut se faire sans tirer déjà certains enseignements de cette crise et les intégrer dans la reconstruction du monde d’après le coronavirus (ou SARS-CoV-2). Avec cet arrêt brutal de l’activité humaine, nous prenons tous conscience que ces situations de crise ont des causes profondes liées à nos modes de vie et de production et qu’il nous faut certainement mieux entendre les alertes lancées par nos scientifiques. Cela vaut pour les zoonoses, ces maladies d’origine animale liées à la destruction de la biodiversité et à l’exploitation intensive des animaux ; mais cela s’applique aussi à l’environnement et au changement climatique pour lesquels les risques sont différés dans le temps, mais pas moins prégnants, bien au contraire. Il nous faut là encore affronter ensemble ces défis majeurs, qui ont une acuité particulière pour les États insulaires comme la République de Maurice. C’est ce que nous avons déjà entrepris avec de nombreux partenaires privés comme publics, par exemple par le biais du programme SUNREF en stimulant les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique ou l’adaptation au changement climatique ou en favorisant un tourisme durable sous le label SUS-ISLAND, en poursuivant la recherche sur les cultures agricoles adaptées aux aléas climatiques sous le programme DESIRA ou encore en participant à la protection de la forêt primaire du parc de Rivière Noire et à la replantation des mangroves…mais il faut redoubler d’ambition !

Quatrième front : continuer à promouvoir la démocratie et les droits humains

Cette crise du coronavirus est aussi, à travers le monde, révélatrice du manque de démocratie et des risques accrus qui en résultent tant pour les atteintes aux libertés individuelles que pour la maîtrise de la pandémie : manque de transparence et d’informations fiables ;  presse et journalistes sous pression, emprisonnés ou expulsés ; états d’urgence sans limite et sans contrôle parlementaire et juridictionnel ; violences familiales et conjugales exacerbées par le confinement ; remise en cause des libertés individuelles par un traçage non anonyme des personnes, etc. Or, seul le respect des principes fondamentaux du fonctionnement démocratique peut permettre de conjuguer efficacité de lutte contre la pandémie, préservation des libertés individuelles et développement durable. Avec Maurice nous partageons ces valeurs communes que nous devons d’abord protéger à Maurice comme en Europe. Ici nous le ferons en poursuivant notre engagement auprès de la Commission nationale des droits de l’homme, de l’Ombudsperson for Children et de nombreuses organisations de la société civile. Mais ces valeurs, nous devons aussi les défendre ensemble au plan international dans un monde où, à l’évidence, les confrontations idéologiques et géopolitiques se tendent et relativisent les libertés auxquelles nous sommes plus que jamais attachés.

Célébrer le 9 mai à Maurice est donc une nouvelle occasion de rappeler la force de notre partenariat, un partenariat solidement ancré dans nos valeurs communes. Avec un contexte mondial qui change,  notre partenariat est aussi appelé à évoluer. Cependant, une chose ne changera pas : la détermination de l’Union européenne et de ses États membres à renforcer les liens avec la République de Maurice. C’est en travaillant ensemble, de manière résolue, que nous serons en mesure de faire face aux défis de notre temps et de contribuer de manière concrète et significative à bâtir un monde meilleur et à le préserver afin que chacun y trouve sa place.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour