EN COUR D’ASSISES – CET APRÈS-MIDI: Me Ravi Rutnah se retire de l’affaire Harte

Me Ravi Rutnah a annoncé à la reprise du procès, après la pause déjeuner, son retrait comme avocat de l’accusé n°1 Avinash Treebhoowoon dans l’affaire Michaela Harte. Sa décision est motivée par des remarques faites par le CI Luciano Gérard en début d’audience ce matin. L’enquêteur a déclaré entre autres qu’une atmosphère amicale prévalait le soir du 12 janvier 2011 et qu’il avait même partagé avec l’avocat un plat de riz frit.
L’audience de ce matin en Cour d’Assises dans l’affaire du meurtre de Michaela Harte a été marquée par la déposition du chef inspecteur Luciano Gérard de la MCIT. En tant qu’un des principaux enquêteurs de la police, il avait enregistré la déposition d’Avinash Treebhoowoon, l’accusé N°1, le 13 janvier 2011, dans les locaux de la MCIT, aux Casernes centrales ; ce dernier avait alors avoué, en présence de son avocat Me Ravi Rutnah, être avec Sandip Moneea (l’accusé N°2) les auteurs du crime.
Dans cette déposition, l’accusé N°1 a expliqué qu’en entrant dans la chambre du couple irlandais pour la nettoyer, il a vu un porte-monnaie sur la table, avec des billets de banque à l’intérieur. Il a voulu en prendre quelques-uns et en a parlé à Moneea, qui lui a donné son accord. Mais il a été surpris par la victime. Toujours selon sa version, les deux ont voulu tout faire pour qu’elle ne donne pas l’alarme, l’immobilisant en retenant ses pieds alors que Sandip a pressé sa gorge jusqu’à ce qu’elle ne respire plus.
Au début de l’audience, Akiza Mooradun, Forensic Scientist du Forensic Science Laboratory (FSL) a été rappelée à la barre pour être contre-interrogée par la défense.
Puis, Me Mehdi Manrakhan, Leading Counsel de la poursuite, a appelé à la barre Luciano Gérard. Interrogé par l’avocat, le témoin a indiqué qu’il a informé l’accusé, avant de prendre sa déposition, de tous ses droits constitutionnels, sauf celui ayant trait à la présence de son avocat, puisque Me Rutnah était sur place.
« Mo oule donn enn lanket la polis e mo oule ki ou inspekter Gérard ki ekrir sa pou mwa. Ou finn fer mwa konpran ki mo pa oblize dir naryen me tou se mo pou dir pou kapav servi kont mwa dan la Cour », a indiqué l’accusé dans sa déposition. Selon celle-ci, le 10 janvier 2011, soit le jour du meurtre, Treebhoowoon a pris son poste à 7 h 45 le matin. Sa tâche était de ranger un certain nombre de chambres, dont la 1025, où logeait le couple irlandais venu à Maurice en voyage de noces. Sa journée de travail a débuté par un briefing avec son chef hiérarchique.
« Kot ena kart Do not disturb lor laport nou pa rantre. Sak lasam ki mo fini netoye, Sandip vinn verifie si tou korek », dit-il. Treebhoowoon ajoute qu’il est entré dans la chambre 1025 vers 14 h 10. « Letan monn rantre, pa ti ena personn. Monn trouv enn portfey lor latab ar biye depase an deor. Sa finn tant mwa pou pran li. Letan monn finn rakont sa Sandip, li dir mwa pran portfey la apre nou partaz la mone. Portfey ti ankor dan mo la min ler enn madam etranze rantre. Li ti paret an koler. Li dimann mwa ki mo pe fer ar so portfey ». La jeune femme, qui était en bikini, a commencé à crier, poursuit Treebhoowoon. Pris par la peur d’être dénoncé, il a infligé un coup à la femme, qui s’est retrouvée par terre. À cet instant précis, Sandip Moneea se trouvait dans la salle de bains. Les deux employés de l’hôtel se sont penchés sur la touriste. « Mo finn pez so lipie pou anpes li bouze. Sandip inn pez so lagorz ziska li aret krie. Li finn perdi konesans. Mo regrete seki finn arive. »
Le témoin rappelle que le 12 janvier 2011, l’accusé N°1, citant le Diary Book de la MCIT, a avoué avoir commis le crime. Plus tard, Treebhoowoon a également pris part à une reconstitution des faits lors de laquelle il a volontairement montré la chambre où le crime a été commis.
Interrogé toujours par Me Manrakhan, le témoin a fait ressortir qu’il n’a pas brutalisé l’accusé – qui avait été arrêté le 11 janvier 2011, dans la matinée vers 11 heures –, parce que les enquêteurs avaient eu des informations sur le rôle que Sandip Moneea et lui auraient joué dans ce meurtre. Quant à la déclaration qu’Avinash Treebhoowoon a faite à la magistrate de la Cour de Mapou à l’effet qu’il aurait été brutalisé, le CI Gérard a affirmé que tout ce que l’accusé a dit était « completely false », précisant qu’il a été le seul à tenir de tels propos, alors que Sandip Moneea et Raj Teekoy étaient également en détention.
A d’autres questions de Me Manrakhan, M. Gérard a souligné que le 12 janvier, les enquêteurs de la MCIT avaient attendu pendant plusieurs heures que Me Rutnah vienne assister son client parce que l’on voulait prendre sa déposition. Toutefois, à l’heure à laquelle il est arrivé aux Casernes centrales, après maints appels téléphoniques effectués par des officiers de cette unité, une équipe était en route au Moka Detention Centre, où l’accusé N°1 devait être enfermé. Sur les instructions de l’ACP Yousouf Soopun, Avinash Treebhoowoon a été ramené à Port-Louis. Mais ce n’est que le lendemain que ses aveux ont été consignés.

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -