En dépit de la nouvelle loi : de nouveaux Supply Teachers sous contrat

Le ministère procède, comme chaque année, au recrutement de “Supply Teachers” pour différentes matières. Ces enseignants, sous contrat, ont toujours déploré leurs conditions d’emploi, où l’insécurité règne. Le nouveau Workers Rights Bill fait pourtant provision pour limiter les pratiques de contrats déterminés quand il s’agit d’emploi disponible dans la durée. Force est de constater que le ministère de l’Éducation n’a pas encore revu sa copie pour s’adapter à la nouvelle loi. La question se pose également pour les autres services éducatifs, dont le Service diocésain de l’Éducation catholique (SeDEC), où les anciens éducateurs de l’APEIM ont été réengagés sous contrat.

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Le gouvernement donnerait-il le mauvais exemple ? Après Metro Express Ltd, qui recrute sous contrat à durée déterminée, cette fois, c’est le ministère de l’Éducation qui poursuit avec sa politique de recrutement de “supply teachers” sous contrat pour 30 matières. Le Workers Rights Bill, voté à l’Assemblée le 13 août dernier, avait pourtant pour objectif de protéger les enseignants de la précarité de l’emploi. Dans l’Explanatory Memorandum, on peut ainsi lire : « The Bill, inter alia –(a) protects workers against discrimination by expanding the definition of “discrimination” to include impairment and different treatment where a worker performing the same or similar work is employed by a subsidiary company or a parent company; (b) protects workers against precarious employment by –i) restricting a fixed term contract to a work of a temporary nature; (ii) considering the length of service of a worker on a fixed term contract as being continuous employment where the contract is renewed and where there is no break of 28 days between 2 fixed term contracts. »

Même si la nouvelle loi n’a pas encore été promulguée, de nombreux enseignants dans cette situation sont d’avis que le gouvernement aurait dû donner le bon exemple, en adoptant ce qu’il prêche. La situation des “supply teachers” a en effet été décriée depuis longtemps, puisque les enseignants sont recrutés pour un contrat d’un an et ne savent jamais si le contrat sera renouvelé ou pas l’année suivante.

Il faut aussi souligner que, contrairement aux enseignants permanents, ceux recrutés sous contrat ne sont pas nécessairement à l’école tous les jours. Au moins deux collèges leur sont attribués et ils passent au moins deux jours par semaine dans chacun d’eux. Parmi ces “supply teachers”, on retrouve beaucoup de jeunes qui viennent de terminer leurs études supérieures. D’ailleurs, l’appel à candidature mentionne que priorité sera donnée aux « jeunes diplômés ».

Dans les domaines où il y a un manque de compétences, comme certaines langues asiatiques, le ministère peut également recruter des retraités. Sauf que certains diplômés se sont retrouvés à faire ce travail depuis plusieurs années et ils n’ont pas eu la chance d’être considérés lorsque le ministère a recruté pour des postes à plein-temps.

Une jeune enseignante, engagée pour enseigner le Kreol Morisien, a ainsi exprimé sa déception d’avoir vu d’autres personnes, ayant un poste permanent, débarquer dans son collège du jour au lendemain, alors qu’elle y avait toujours enseigné. « Le ministère avait recruté des enseignants de KM pour le secondaire et nous pensions que nous allions être considérés, étant donné que nous étions déjà engagés dans ce domaine. Mais nous avons été choqués d’apprendre qu’on avait opté pour des enseignants venant du primaire, sous prétexte qu’ils avaient une formation pédagogique et nous, non. Comment se fait-il alors que nous avons été recrutés comme “supply teacher” ? Cela veut dire que nous pouvons faire le boulot, avec notre degré. Ce n’est que lorsqu’il faut recruter pour des postes permanents qu’on trouve que nous ne sommes pas qualifiés », a-t-elle expliqué.

La jeune enseignante en est à sa troisième année comme “supply teacher”. Même si elle dit aimer ce travail, elle concède que le « manque de sécurité » constitue un « découragement ». Elle ajoute : « J’ai mon salaire au même titre que les autres enseignants. Toutefois, je ne peux faire de projet à long terme, car on ne sait de quoi demain sera fait. » Elle dit toutefois persévérer, car enseigner a toujours été son rêve. Quant à savoir si le ministère de l’Éducation compte revoir sa politique en vue de la nouvelle loi, personne à ce niveau n’est en mesure de donner une réponse.

Dans les autres secteurs de l’Éducation, le recrutement des enseignants sous contrat à durée déterminée est aussi pratiqué. Toutefois, les modalités diffèrent. Au SeDEC, le service de communication explique que le recrutement des enseignants à durée déterminée se fait selon les besoins et de manière ponctuelle. « On recrute seulement quand il y a un besoin, par exemple, si un enseignant est en congé de maternité ou en “vacation leave”. Selon les procédures, il faut d’abord faire une demande auprès de la PSEA. Ensuite, le recrutement se fait au niveau de chaque collège », explique l’enseignante.

En ce qui concerne les anciens éducateurs de l’APEIM, qui sont passés sous la responsabilité du SeDEC et qui travaillent sur un contrat de deux ans, on explique que le personnel est recruté en fonction du budget accordé par le ministère de l’Éducation. Il reste maintenant à savoir comment le ministère du Travail gérera ce dossier d’enseignants sous contrat une fois la nouvelle loi promulguée. D’aucuns estiment que le gouvernement pourrait prendre les devants et donner le bon exemple au privé…

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