En plein dans la Lune

Ce n’est pas le moment de baisser la garde. Je la cherche des yeux alors que Yutu (aucun rapport avec Bono) est sorti de sa sonde pour inscrire la Chine au rang des puissances mondiales ayant conquis la Lune. Des choses étranges se passent ici-bas. Commençons par un chapeau bas à nos amis chinois pour leur prouesse technologique et leur vision pragmatique : coloniser le continent noir, sans trop avoir l’air d’y toucher, était déjà un bon plan du point de vue capitaliste. Tous les visionnaires le savent pertinemment : on n’a plus grand-chose à tirer des ressources terrestres déjà bien exploitées.
Nos amis chinois ont compris le truc : d’ici une cinquantaine d’années, notre planète sera vraisemblablement invivable. On pourrait en faire un dépotoir ! Car l’avenir de l’humanité se jouera de toute manière sur la Lune. Évidemment seuls quelques happy few sont pressentis pour la postérité; les autres (c’est-à-dire vous et moi) peuvent toujours crever engloutis par un super-tsunami, ou se faire cuire un oeuf transgénique dans des températures d’enfer, servies avec une pollution tout aussi infernale.
Pas super-folichon comme destinée ! L’ironie du sort veut que ce soient les superpuissants qui se tireront d’affaire. Alors, continuons à polluer allégrement. Empêcher une pauvre petite centrale thermique sans défense de charbonner paisiblement sur la côte d’Albion ou ailleurs ne changera rien au Schmilblick. Nos gamins devront comprendre que la pollution avait commencé bien avant nous et que, de toute façon, nous ne pouvions rien y faire, hormis detrwa ti zes ekolozik dérisoires. Ils devront nous excuser d’avoir impassiblement laissé de gentils investisseurs hypothéquer leur avenir écologique. À moins que quelqu’un ait une solution globale à proposer pour sauver le monde…
Revenons à la Lune. Un poète de bistrot avait avancé, suivant le petit pas pour l’homme et le grand pour l’humanité, une pensée que je vous restitue en substance : Ô ma belle Lune, je ne pourrais plus jamais te regarder avec les mêmes yeux fascinés… car l’homme t’a souillée.
On récidive ce viol tandis que la Terre subit les pires sévices. Mais tant que ça n’ébranle pas notre petit confort, pas la peine de s’en soucier, mes amis. Fermons les yeux ou regardons ailleurs. Car le commun des mortels est ridiculement petit face au fatalisme. Qui pourrait empêcher les maîtres du monde de poursuivre leurs exactions contre la nature ? Peut-être même pas l’avide dieu Dollar…

- Publicité -
EN CONTINU

l'édition du jour

- Publicité -