ENJEU : Face cachée de la criminalité

En parallèle à la façade d’une baisse du taux officiel de la criminalité l’année dernière, dont une réduction de 14% dans le nombre de cas de vol et de cambriolage rapportés à la police, les Crime Statistics publiées au cours de la semaine écoulée révèlent des zones d’ombre. Ainsi, des préoccupations majeures peuvent difficilement être occultées par rapport à la détérioration de la situation au chapitre des cas d’agression sexuelle avec au moins une victime sur deux âgée de moins de 16 ans et la délinquance juvénile en progression de 14% comparativement à l’année dernière. Toutefois, de leur côté, les automobilistes maintiennent leur réputation de vaches à lait pour les caisses publiques avec une injection potentielle de Rs 400 millions annuellement sous forme d’amendes à un minimum de Rs 2 000 par infraction au code de la route. Du côté de la Prison, la situation ne semble guère évoluer sur le plan de la surpopulation carcérale, soit une moyenne de 2 650 par jour. La prochaine mise en service de la Prison de Melrose est perçue comme un pas positif dans la solution de ce problème. Néanmoins, force est de constater que deux prisonniers sur cinq purgent des peines de moins d’un mois pour incapacité d’honorer des amendes de moins de Rs 25 000
Indépendamment des données officielles, la tendance enregistrée par rapport aux délits d’agression sexuelle traduit un mal-vivre au sein de la société mauricienne. Le problème se décline de manière plus inquiétante quand l’âge des victimes entre en jeu. L’année dernière, le nombre de Sexual Offences a progressé de 23% pour se retrouver à 190. Le nombre de cas d’attentat à la pudeur est monté en flèche avec une augmentation de 73%, alors les délits de relations sexuelles avec mineures de moins de 16 ans ont augmenté de 63%.
Statistics Mauritius concède dans son analyse des données officielles que “although, in 2012, there was a drop in rape (- 12,1%), an increase was noted in sodomy (+ (, 5%) and among sexual offences under the Child Protection Act”. Plus loin, ce rapport confirme que les femmes restent la cible privilégiée et vulnérable des prédateurs sexuels car “compared to 2011, the female victimisation rate for sexual offences rose from 55 to 57 per 100 000 female population”.
Des 418 victimes d’agression sexuelle, dont les cas ont été rapportés à la police, la grande majorité avec 86% sont des femmes et 57% âgées de moins de 16 ans. Les autres caractéristiques des victimes de délits de nature sexuelle sont que deux sur trois poursuivaient encore des études académiques, confirmant ce que Statistics Mauritius avance selon lequel “a higher proportion of victims of sexual assaults were young female students” et un peu plus de la moitié (55%) de ces agressions ont été commises dans des Private Households. Plus grave encore est qu’au moins une victime sur trois a des liens de parenté avec son agresseur sexuel.
Statistics Mauritius révèle également qu’en 2012, parmi les “juvenile victims of sexual offences”, dix ont subi des viols entre les mains de leurs agresseurs, 24, dont 17 jeunes garçons, de sodomie, 55, dont 46 mineures, engagées dans des réseaux de prostitution avec accès à des bordels et 95, toutes des filles âgées de moins de 16, victimes de relations sexuelles forcées.
Le début du démantèlement d’un réseau de prostitution infantile dans le Nord, avec l’arrestation de six suspects, confirme si besoin est que des efforts supplémentaires attendent d’être déployés de la part des autorités pour lutter contre ce fléau. Le Central CID, qui a été appelé à prendre le relais du CID de Port-Louis Nord, met actuellement un plan d’action pour mettre hors état de nuire les proxénètes aussi bien que des clients exploitant ces jeunes filles. Certains milieux persistent et signent en affirmant que les étapes subséquentes de cette enquête devraient déboucher sur une importante opération de Name and Shame car une liste de nom des clients, et non pas des moindres, existerait bel et bien.
L’”Ongoing Rise” (terme utilisé dans le rapport officiel) dans le nombre de délinquants juvéniles inquiète également. D’une année à l’autre, le nombre de jeunes impliqués dans des délits et autres écarts de conduite de nature criminelle a augmenté de 14%, soit de 701 à 799, dont 252 cas d’agression physique et 76 cas de délits sexuels. D’autre part, 812 autres jeunes ont été pris en contravention pour des cas de non-respect du code de la route.
Détérioration
Au cours de l’année dernière, les instances judiciaires ont prononcé 247 condamnations avec ses jeunes dans le box des accusés. Mais trois sur quatre portaient sur des amendes, soit la même tendance que pour l’année précédente. Le Conviction Rate, que ce soit au niveau du Correctional Youth Centre ou du Rehabilitation Youth Centre, est de 70 pour 100 000, soit une détérioration comparativement à 2011.
Le nombre de jeunes (entre 14 et 17 ans) en détention provisoire (Remand) au Correctional Youth Centre était de 159 en 2012, alors que le Rehabilitation Youth Centre, réservé à des “Child/Juvenile Offenders” de 10 à 17 ans, comprenait 156 internés, dont 83 de sexe féminin. Quatre jeunes sur cinq admis au RYC sont en détention provisoire.
Des 33 jeunes, purgeant des peines prononcées par la Cour, 13, dont cinq filles, sont classés dans la catégorie de Child Beyond Control. A cela, il faudra ajouter 50 autres cas où des jeunes enfants font l’objet de Probation Orders et 12 autres condamnés à des travaux de service communautaire.
De l’autre côté du tableau, plus d’un millier de jeunes ont été victimes d’actes de violence l’année dernière avec comme observation officielle que “juveniles are mostly likey to be victims of simple assaults. Boys made up 63% of victims of simple assaults”.
D’un point de vue général, la police a procédé à 18 883 arrestations, soit une moyenne de 50 par jour, pour divers délits l’année dernière. Ce chiffre est en légère baisse de 3% comparativement à 2011. Un suspect sur cinq (20%) ont été appréhendés pour des délits graves allant de meurtres à des agressions sexuelles en passant par des cas de vol avec violence. 71% des cas concernaient des délits jugés simples comme des agressions sans gravité, des cas de vol de téléphone cellulaire sur la voie publique ou de véhicules. Les 9% restants, dont 1720 prévenus, soit des cas ayant trait à la toxicomanie.
Le nombre d’enquêtes débouchant sur des procès devant les instances judiciaires compétentes a enregistré une baisse de 12% en 2012, 13 276 contre 15 115 pour l’année précédente. Un sur trois (32%) a été traduit en justice pour des délits d’agression, un sur cinq (20%) pour des cas de cambriolage, 11% pour des affaires de drogue et 2% pour des cas d’agression sexuelle.
Ainsi, le nombre de cas d’homicide est passé de 108 à 128 d’une année à d’autre. “Out of the 128 cases, 49 were intentional homicides committed, 13 were attempted intentional homicides and 66 were non-intentional homicides”, note Statistics Mauritius. La violence familiale se présente comme un des facteurs clés dans ces cas d’agression car “53% of those killed in private households were related to their offenders”. Deux victimes sur trois de cas d’agression mortelle sont du sexe masculin et un sur deux âgé entre 25 et 44 ans.
L’année dernière, 12 900 cas d’agression ont été portés à la connaissance de la police, soit une baisse de 9% par rapport à 2011 confirmant la tendance à la baisse amorcée depuis 2009. A ce tableau, le plus inquiétant est que 167 victimes ont été agressées dans des institutions scolaires.
Des 12 606 victimes, qui ont porté plainte pour agression en 2012, 57% sont des hommes, sept sur dix sont âgés de 16 à 44 ans, et un sur dix âgé de plus de 55 ans. Un cas d’agression sur deux a été commis dans des maisons et un sur trois dans lieux publics comme la voie publique, les plages ou autres centres commerciaux.
La baisse dans le nombre de cas de cambriolage et de vol rapportés constitue la principale raison expliquant l’amélioration dans le taux de criminalité l’année dernière. L’Overall Offence Rate est passé de 34,8 pour 1000 habitants en 2011 à 31,7% en 2012.
Le nombre de délits a baissé de 44 818 à 40 901 d’une année à l’autre en raison d’une réduction de 14% dans le nombre de cambriolages. En 2012, la police a enregistré en moyenne 27 cas de vol par jour (10 106) contre 32 en 2011 (11 759). “A longer time series indicates that thefts have been rising since 2002 to reach a maximum of 17 per 1 000 population. A drastic fall of 50% from 2008 to 2012 results in a drop in the theft rate from 16 to 8 per 1 000 population”, ajoute Statistics Mauritius à ce chapitre.

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