Enjeu – Menu politique : Lakwizinn du PMO sur la braise

Le menu politique élaboré en cette fin d’année par Lakwizinn du Prime Minister’s Office (PMO), avec comme plat principal une offensive du gouvernement Piti/Papa, et en première ligne le Premier ministre, Pravind Jugnuath, sur le projet de réforme électorale, est détourné. En fin de semaine, les top chefs, qui s’apprêtaient à dresser le bilan de la première étape de l’opération Koupe Riban, devaient vite déchanter. D’abord, la question du renvoi des élections villageoises à 2020, soit techniquement après les prochaines élections générales, ne devait être qu’une simple formalité. Finalement, le Prime Minister’s Office a été placé sous pression pour changer son fusil d’épaule sur la question en étant acculé à venir de l’avant avec des débats sur des amendements à la Local Governement Act. Pourtant, jusqu’ici, l’hôtel du gouvernement avait voulu éviter de faire grand cas de cette entorse à la démocratie régionale en allant jusqu’à repousser sine die l’adoption d’un Estimate of Supplementary Expenditure, présentée pourtant en première lecture depuis un mois déjà, avec un budget additionnel au nom de la Commission électorale. En parallèle, la dernière étape avant la présentation de l’Electoral Reform Bill, soit la réforme électorale mort-née, faute d’une majorité qualifiée des trois quarts sous la Constitution, a été franchie. L’Electoral Supervisory Commission, qui s’est réunie, vendredi après-midi, sous la présidence de Me Yusuf Aboobaker, Senior Counsel, devra soumettre au gouvernement, en début de semaine, ses commentaires sur la réforme du système électoral. Toutefois, en cette fin d’année et à 387 jours de la dissolution automatique de l’Assemblée nationale, la bombe à retardement sur le l’échiquier sociopolitique a été enclenchée par le ministre Soodesh Callichurn. Dans le cadre de la révision de l’Employment Rights Act, le ministère du Travail prévoit l’introduction du Portable Retirement Gratuity Fund en faveur de la masse des salariés du secteur privé. La levée de boucliers contre le projet Callichurn est unanime parmi les partenaires sociaux, employeurs et employés confondus. Mais pour des raisons différentes évidemment. Dans cette perspective, l’après-tripartites pour le paiement de la compensation salariale à partir du 1er janvier prochain devra voir surgir une nouvelle vague de contestations sur le plan social contre les dispositions du Portable Retirement Gratuity Fund. Déjà, l’encadrement technique de la General Workers Federation jette les bases des prochaines revendications, chiffres à l’appui pour démontrer que “the current proposal is trying to incorporate a legitimate demand into a financial scam”, d’où l’appel à la vigilance des salariés face aux manigances du gouvernement.

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La tournure des événements par rapport au report des élections villageoises à 2020 a pris Lakwizinn de court. La preuve demeure l’Order Paper-lougarou, puisque l’ordre du jour des travaux de l’Assemblée nationale de mardi prochain n’a été disponible sur le web site officiel que vers minuit dans la nuit de vendredi à samedi. Ce qui est un fait exceptionnel dans les annales parlementaires. Le gouvernement se retrouve sur la défensive avec la vice-Première ministre et ministre des Administrations régionales, Fazila Jeewa-Daureeawoo, pilotant The Local Government (Amendment  No 2) Bill. Les ministres devront venir de l’avant pour justifier ce renvoi à 2020, alors que le 25 juin dernier, le Leader of the House lançait un “Get Ready” des plus catégoriques quand il avait été confronté par le député du MMM, Rajesh Bhagwan, sur la tenue des villageoises.

La partie s’annonce des plus tendues avec une Night Sitting en vue mardi. L’opposition parlementaire, même si ce n’est pas la première fois qu’un gouvernement emprunte la voie du report du scrutin régional, compte faire feu de tout bois pour mettre en évidence les velléités d’atteinte à la démocratie et surtout “cette hantise d’affronter l’électorat des villages” à la veille des prochaines élections générales. “We’ll wait to take cognizance of the compelling reasons behind government decision to provide for the next general election of councillors to a village council to be held in the year 2020. Il n’y a aucune raison valable”, fait-on comprendre dans les milieux de l’oppostion, rappelant à juste titre l’échéance du 2 décembre pour la dissolution des conseils de village et de districts.

Comme pour ajouter du peps à la sauce politique, ces mêmes sources dressent un échantillonnage des plus importants villages susceptibles de confirmer le pouls sur le terrain, dont Triolet (No 5) avec 18 114 électeurs, selon le registre d’électeurs de la Commission électorale, Goodlands (No 6) 15 601, Bel-Air (Rivière-Sèche) (No 10) 13 414, Centre-de-Flacq (No 9) 12 265, Saint-Pierre (No 8) 11 789, Mahébourg (No 12) 11 488, Bambous (No 14) 10 536, Le-Hochet (No 4) 10 344, Chemin-Grenier (No 14) 9 108, Baie-du-Tombeau (No 5) 9571, Rose-Belle (No 11) 9 503 ou encore Rivière-du-Rempart (No 7) 8 481. “Même si les partis due mainstream évitent de s’afficher ostensiblement lors ds élections villageoises, les tendances enregistrées dans ces importantes agglomérations rurales ont valeur de symbole avec des répercussions sur le plan des législatives”, font aussi comprendre ds observateurs politiques.

Un exercice de damage control

Tour compte fait et avec les tractations et consultations de haut niveau engagées depuis jeudi matin autour du renvoi des villageoises avant la date-butoir du 2 décembre de par les dispositions de la Local Government Act, l’Hôtel du gouvernement et surtout Lakwizinn du PMO n’avaient pas inclus ces débats à l’Assemblée nationale sur les villageoises dans leur Political Matrix/Agenda. Techniquement, et en prélude aux amendements constitutionnels pour faire de la place à la réforme électorale, la com du PMO avait prévu de “set the one with the Declaration of Assets Bill”.

Les retombées des débats à l’Assemblée nationale, mardi, sur les élections villageoises se déroulant après les prochaines législatives influeront sur la mise en oeuvre et le ton de l’offensive du gouvernement sur le projet de réforme au système électoral. Les grands commis de Lakwizinn s’apprêtent à engager un exercice de damage control avant, pendant et après la séance marathon de mardi en vue d’aborder cette dernière ligne droite avant les vacances parlementaires. Le calendrier pour la présentation des Proposed Amendments for Electoral Reform indique que la séance du 4 décembre devrait voir la présentation en première lecture de ce texte de loi accompagné des Consequential Amendments à la Constition et les débats en deuxième lecture se déroulant probablement le mardi 11 à moins que le gouvernement ne décide d’en finir avec cette étape en fixant les débats au vendredi 7.

A ce stade, la balle est dans le camp des membres de l’Electoral Supervisory Commission et de la Commission électorale. Depuis jeudi, cette instance constitutionnelle est en présence du projet de loi préconisant la réforme du système électoral pour une Assemblée nationale avec un minimum de 81 parlementaires, soit 63 élus sous le First Past The Post, 12 sous la représentation proportionnelle et six repêchés par la formule revue et corrigée du Best Loser System, et un maximum de 85, dont 10 députés correctifs. Les membres de l’ESC, qui ont eu une longue séance de travail au QG de la Commission électorale, vendredi après-midi, s’apprêtent à transmettre en début de semaine au gouvernement leurs commentaires et observations sur les multiples aspects de la réforme. Cette procédure découle des dispositions de la Constitution qui stipule que le gouvernement est tenu à prendre connaissance de “the comments of the Electoral Supervisory Commission before a bill is introduced in the House”.

Redécoupage électoral: un autre round prévu

Par ailleurs, les membres de l’Electoral Supervisory Commission, qui font également partie de l’Electoral Boundaries Commission, ont été encore sollicités pendant toute la journée d’hier pour des auditions sur le redécoupage électoral. Sur la quinzaine d’intervenants qui se sont présentés, Joseph Tsang Mang Kin, ancien ministre travailliste et porte-parole de Fair Play, un groupe de réflexion, préconise le redécoupage de Maurice en 80 circonscriptions avec un député pour chacune d’elle. Il affirme qu’en divisant les 923 316 électeurs par 80, l’on se retrouvera avec une moyenne de  11 500 électeurs par circonscription. “Le siège uninominal libère le parti de la nécessité de faire du dosage communal dans le choix des candidats pour les différentes circonscriptions. Cette proposition permettra à tous les coins et recoins du pays d’envoyer chacun un représentant à l’Assemblée nationale”, fait-il comprendre.L’ancien ministre de Navin Ramgoolam est en faveur de l’enregistrement des partis politiques auprès du Registrar of Associations en vue d’assurer une plus grande transparence que ce soit sur le plan des finances ou des responsabilités des membres.

De leur côté, les animateurs de Think Mauritius, Faizal Jeerooburkhan et Pitch Venkatasawmy, sont revenus avec la formule de 50 circonscriptions uninominales tout en favorisant un rééquilibrage du nombre d’électeurs. “Avec les circonscriptions uninominales, chaque parlementaire s’occupera d’environ 20 000 électeurs et le député serait plus redevable envers ses mandants, car il sera l’unique représentant de sa circonscription”, déclare Faizal Jeeroburkhan. Think Mauritius ajoute que “les rapports de l’EBC ne doivent pas être traités avec désinvolture et laissés dans des tiroirs”.

Pour les animateurs de ce groupe, ces rapports ne sont pas destinés uniquement au gouvernement en place, mais aussi à tous les partis politiques et les citoyens. Ils proposent que les rapports de l’EBC doivent être soumis à l’Assemblée nationale et rendus publics.

Après la séance d’hier, l’Electoral Boundaries Commission prévoit un autre round pour consigner les points d’autres parties alors que le rapport officiel sur le redécoupage ne devrait être complété au plus tôt vers la fin du premier trimestre avec le suspens de mise quant à la mise en application des recommandations pour les prochaines élections législatives.

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