« ENN SEL LEPEP, ENN SEL NATION » ?: Communalisme vs. Mauricianisme

Les dernières rumeurs nous provenant des coulisses politiques ainsi que l’affaire du groupe Rezistans ek Alternativ nous rappellent que le communalisme, fléau qui segmente la population, est bel et bien présent dans notre société. Nous nous demandons alors quel avenir pour le mauricianisme. Non seulement le système politique, mais encore, la population elle-même, ne sont-ils pas tous autant responsables de cet état des choses ? Cependant, ainsi que le laisse entendre le discours commun, que ce soit parmi les jeunes, les personnes âgées ou certains politiques eux-mêmes, ne serait-on pas en droit de penser qu’il ne s’agit pas d’une situation irréversible ? Pouvons-nous encore croire à « enn sel lepep, enn sel nation » ?
La situation actuelle nous montre clairement la place importante qu’occupe le communalisme dans notre société. On pourrait presque dire qu’il fait partie du folklore local. On le retrouve dans tous les secteurs de la vie. Notre système politique lui-même encourage ce communalisme, aussi malsain soit-il. Il en est ainsi du « Best Loser System », qui en soi est contre toute revendication démocratique et laïque. Et nos chers politiques, en fins stratèges qu’ils sont, savent en tirer le maximum, tout en se faisant passer pour des rassembleurs. Il n’y a qu’à considérer les discours des différents politiciens et hommes religieux lors des rassemblements « socioculturels ». Ces discours sont alors admirablement adaptés à l’audience. « Lepep admirab », tout admirable soit-il, semble aussi trouver son compte dans cette atmosphère nauséabonde. En effet, le communalisme, avec tous ses désavantages, demeure malgré tout un atout pour certains.
Cependant, dans la rue, au bureau, dans les forums ou les réseaux sociaux, même si les discours sectaires persistent parmi certains, il semble régner un sentiment général de vouloir éradiquer ce fléau qu’est le communalisme. Il semble qu’une grande partie de la population prône le mauricianisme. Quant à la partie qui ne se prononce pas ouvertement, on a là aussi le sentiment qu’elle n’attend seulement qu’on lui tende la main, qu’on lui montre qu’elle a des raisons d’y croire. Certains politiques sont aussi en faveur du mauricianisme, même s’ils ont du mal à s’extraire du poids imposé par le système dans lequel ils sont enfermés. En effet, il ne serait pas juste de dire que tous sont pourris. Sauf que la situation n’est pas facile pour ceux qui osent montrer qu’on peut faire bouger les choses en faisant de la politique autrement.
Si le communalisme est bien vivant, le mauricianisme n’est pas mort pour autant. S’il peut nous sembler mourant, il est de notre devoir de tout faire pour le sauver si nous voulons un avenir pour notre pays. Si les politiques encouragent le communalisme, il n’en est peut-être que le résultat d’une demande de la population elle-même. Même si certains continuent à vanter le communalisme, personne n’est au fond pas foncièrement contre le mauricianisme. Les divers mouvements montrent que nous sommes nombreux à vouloir réaliser le rêve mauricien.
La population aura beau crier, et nous aurons beau vivre en démocratie, le pouvoir demeure le pouvoir. Tant que ceux qui détiennent le pouvoir, ou ceux qui font partie du système politique n’oseront pas, rien ne changera. Tant que nous aurons un système éducatif limité et trop académique, l’aspect humain sera négligé et l’importance d’une nation unifiée minimisée. A moins de souhaiter la mort de tout rêve de mauricianisme, il serait temps que les choses bougent. Que les responsables assument leurs responsabilités. Que le peuple se réveille et cesse d’être de la race des suiveurs ! Que les mots soient des actes et non seulement une image pour mieux « vendre » une île arc-en-ciel!

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