ENQUÊTE: Jayraj Sookur, « Stacey ti fini mor kan mo arrivé »

L’enquête policière sur le meurtre de la lycéenne Stacey Henrisson, âgée de 17 ans, le 5 mai dernier, entame aujourd’hui un nouveau tournant. En effet, depuis ce matin une escouade de limiers du Central CID a fait le déplacement à la Prison Centrale de Beau-Bassin en vue de consigner la nouvelle version des faits du présumé meurtrier Jayraj Sookur sur les circonstances de ce crime atroce commis au Myassa Healing Centre avec le cadavre de la victime abandonné dans un ravin à Plaine-Champagne dans la nuit du 5 au 6 mai. Le beau-père de la victime, qui a été placé en détention provisoire, clame toujours son innocence dans cette affaire. Mais le témoignage du suspect Tany Ramdassen, qui a retenu les services de Me Ashley Hurhanghee pour sa remise en liberté provisoire, s’avère être extrêmement accablant pour Jayraj Sookur même avec ses « révélations » du jour en présence de son troisième homme de loi, Me Bala Padyachy.
Les recoupements d’informations effectués par Le Mauricien auprès de sources concordantes en marge de cette nouvelle déposition indiquent que Jayraj Sookur compte revenir à la charge avec des accusations d’actes de brutalité policière, de chantage et d’aveux forcés contre des enquêteurs de la CID de la Western Division même si tout l’exercice d’interrogatoire s’est déroulé en présence de son précédent conseil légal, Me Arun Kutowaroo pendant tout le mois de mai. L’une des accusations portées par le suspect est que les hommes de l’assistant surintendant de police Daniel Monvoisin auraient menacé de procéder à l’arrestation de sa file aînée, issue de son premier mariage, s’il n’assumait pas toute la responsabilité du meurtre de Stacey Henrisson, la fille de sa seconde épouse, Béatrice Rouillon-Sookur. Le suspect principal a déjà alerté le Complaints Investigation Bureau à cet effet.
Pour soutenir son innocence dans le meurtre de Stacey Henrisson, Jayraj Sookur alléguera que quand il est rentré chez lui à Bonne-Mère, Flacq, ce samedi 5 mai, la victime avait été déjà agressée mortellement et gisait sans vie à son domicile. « Stacey (Henrisson) ti inn fini mor kan mo ti rantr lakaz sa zour-la », devait-il faire comprendre en substance aux enquêteurs du Central CID lors de la nouvelle séance d’interrogatoire ordonnée par le commissaire de police, Dhun Iswur Rampersad, à la lumière d’une Prisoner’s Letter.
« Kan mo inn trouv sa ki inn arrivé, mo inn panike. Mo inn désidé pou al zet lekor-la parski sinon la polis ti pou konsider mwa kouma principal sispe », soutiendrait Jayraj Sookur dans une nouvelle tentative de s’exonérer de tout blâme dans le meurtre de Stacey Henrisson.
À ce stade, aucune indication officielle n’était disponible pour confirmer si le suspect serait confronté séance tenante aux faits établis lors de l’enquête policière initiale. Dépendant des éléments apportés par le meurtrier présumé au sujet de cette affaire, les responsables du Central CID décideront s’il y a lieu de rouvrir cette enquête ou de laisser le dossier de la CID de la Central Division suivre son cours.
Menaces de mort
Néanmoins, des sources « conversant » avec les tenants et aboutissants de cette enquête policière avancent que Jayraj Sookur devra franchir de « gros obstacles » en vue de convaincre. L’un des plus importants est la version des faits communiquée par le co-suspect Tany Ramdassen, qui a retrouvé la liberté provisoire suite à une Bail Motion présentée en sa faveur par Me Hurhanghee devant le tribunal de Bambous. Ce suspect maintient qu’il ne se trouvait pas sur les lieux du crime au moment des faits.
« Mo inn gayn enn kout telefonn sa zour-la. Mo patron nek dir mwa : prepar twa mo pou pass pran twa », aurait déclaré Tany Ramdassen à la police pour expliquer comment il s’est retrouvé dans le 4×4 conduit par Jayraj Sookur en début de soirée le samedi 5 mai dernier. En entrant dans la cabine du véhicule, il a remarqué la présence d’un sac poubelle bien rempli dans le caisson.
« Ena inpe salte pou al zete. Banne zafer Stacey ki bizin zete e mo anvi al fer enn letour Grand-Bassin », aurait répondu Jayraj Sookur à son employé. Le moment de vérité allait intervenir quand il a fallu disposer du sac poubelle dans le ravin à Plaine-Champagne.
« Parski Jayraj inn dir mwa ki sak la, ena salte ladan, mo ti inn met enn la main tied pou tir sac-la. Lerla, mo inn trouv li bien lour. Kan mo inn poz li kestyon lor la, li dir mwa Stacey ki dan sa sac-la », aurait poursuivi Tany Ramdassen lors des interrogatoires dans les locaux de la CID de la Western Division.
La conversation devait reprendre entre Tany Ramdassen et Jayraj Sookur après qu’ils eurent balancé le cadavre de la victime dans le ravin. « Mo inn dir li (Jayraj Sookur) ki pa bon saki li inn fer la. Lerla li inn reponn mwa : Twa to mo anplwaye to rest trankil. To pa bizin koze », ajoute le co-prévenu.
Tany Ramdassen soutient que Jayraj Sookur l’aurait menacé de mort s’il évoquait à des tierces parties les circonstances de la mort de Stacey Henrisson. « La nou zis a de ki konn sa. Si ena enn trwaziem dimounn konn sa zafer la, to gayn enn kout bal ar mwa », aurait répondu sèchement Jayraj Sookur avant de prendre le chemin du retour vers Bonne-Mère dans la nuit du 5 au 6 mai.
La décision de consigner la nouvelle version de Jayraj Sookur a pris de court, hier après-midi, les enquêteurs de la CID de la Western Division. Ils se disent confiants de pouvoir affronter sans problème les allégations de brutalité policière formulées par un suspect contre qui un Prima face Case of Murder a été logé devant le tribunal de Bambous sur la base de faits quasi irréfutables.

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