ENSEIGNEMENT SECONDAIRE : Un vent de malaise souffle sur la PSSA

De vives inquiétudes s’installent au sein de la Private Secondary Schools Authority (PSSA) avec des risques de voir cette dernière se transformer en bouledogue sans dents dans le secteur de l’éducation secondaire privée. La PSSA dispose d’un budget global de Rs 4,4 milliards annuellement pour le financement de l’éducation secondaire gratuite à Maurice et à Rodrigues avec des mesures de contrôle et d’évaluation des Norms and Standards bien établies. Toutefois, depuis ces derniers temps, de puissants lobbies sont montés au premier plan en vue de remettre en question des pouvoirs et des prérogatives de la PSSA. L’une des dernières initiatives, contestées par le syndicat des employés de la PSSA faisant partie de la Fédération des Syndicats du Secteur Public, dont le président est Rashid Imrith, concerne ce qui est présenté comme étant le nerf névralgique du système, en l’occurrence les inspections annuelles des laboratoires et des facilités académiques et sportives des institutions du secondaire privés. Les résultats de cet exercice déterminent le déboursement d’un budget de Rs 600 millions.
Techniquement, la PSSA avait émis en date du 19 mars dernier une lettre-circulaire décrétant que l’exercice d’inspections annuelles des collèges privés devait débuter à partir du 7 avril de cette année selon un calendrier à être précisé. Or, à ce jour, aucun collège privé n’a été visité par des membres de l’inspectorat de la PSSA pour s’assurer que le déboursement de Rs 600 millions pour ces facilités académiques se fasse selon les règles. En absence de ces mesures de contrôle, la direction de ces collèges continue à bénéficier de ces paiements.
Dans des milieux bien informés, l’on s’appesantit sur l’importance de ces assessments sur le plan académique, plus particulièrement dans le sillage des changements apportés par le Cambridge Examinations Syndicate dans le syllabus des matières aux examens de School Certificate et de Higher School Certificate pour les Home Sciences. Ces assessments seraient d’une importance capitale en raison des changements apportés par Cambridge dans le syllabus des matières faisant partie des Home Sciences. Ils ajoutent que ces contrôles menés par les inspecteurs de la PSSA ont également pour objectif le maintien des « norms and standards » afin d’assurer que les élèves obtiennent « value for money » avant d’avaliser le paiement des subventions provenant des fonds publics pour 2014 aux termes des provisions de la New Comprehensive Grant Formula.
Des sources autorisées avancent que l’annulation de ces contrôles par les inspecteurs de la PSSA serait la conséquence de pressions exercées par un puissant lobby de managers des collèges privés pour que le self-assessment par des collèges soit privilégié. « Les inspections prévues ont été suspendues suite à la démarche des managers de collèges pour que cet exercice, jusqu’ici effectué par les Supervisors de la PSSA en accord avec les provisions de la Loi, soit remplacée par le self-assessment, soit l’autoévaluation et l’approbation des paiements de subventions par les collèges eux-mêmes. C’est inacceptable. Comment le gouvernement s’assurerait-il que les élèves soient, ultimement, les véritables bénéficiaires des investissements de l’État ? » fait-on comprendre. Ces subventions sont payées en avance aux managers depuis le début de l’année et en principe c’est à la lumière des assessments des Supervisors que des ajustements et des recoupements des Grants Paid in Excess sont effectués. Avec l’abandon de ces inspections, les membres du personnel de ce département craignent déjà pour leur avenir.
La décision mise en pratique au début de l’année fait suite à une précédente adoptée en 2012 sur insistance des managers pour l’exemption sélective d’inspections sur des facilités éducatives tandis que les subsides y relatives sont continuellement payés sans l’approbation de l’inspectorat. Cela s’insérerait dans une série de mesures initiées depuis quelques années déjà et visant à assouplir, pour ne pas dire éliminer, le contrôle exercé par la PSSA sur les collèges privés.
À ce même chapitre, s’inscrit l’annulation de l’Annual School Report de l’inspectorat, qui servait de base pour le renouvellement annuel de l’enregistrement des collèges en y imposant des conditions adaptées à chaque établissement. Des éléments faisant partie du plan de réforme de la PSSA, annoncé dans le programme gouvernemental 2012/2015, font également tiquer. Parmi, l’on retrouve la possibilité d’éliminer l’exercice d’enregistrement annuel des collèges privés.
« Ce rapport final du plan de réforme, qui a déjà été circulé dans certains milieux, contient des propositions très valables. Toutefois, nous avons l’impression que sur certains aspects des recommandations, on veut nous faire prendre des vessies pour des lanternes. D’une part, on parle de plus de rigueur sur les dépenses, de plus d’accountability, plus d’exigence sur la qualité de l’éducation, plus de planning and monitoring sur la base du Performance Based Budgeting. D’autre part, on abonde dans la même foulée des mesures préréforme », s’appesantissent ceux qui ont eu accès à la teneur du plan de réforme de la PSSA.
Ainsi, parmi les recommandations, l’on retrouve l’abolition du renouvellement annuel de l’enregistrement des collèges en contravention de l’Education Act, le remplacement des assessments pour les grants par un self assessment, en dépit des dispositions légales en vigueur, une flexibilité accrue par rapport à certains critères jugés incontournables et un poids plus important dans le decision-making process des stakeholders bénéficiaires de grants et d’éventuels cas de conflit d’intérêts au niveau du board. « Nous appréhendons que les changements imposés soient plus à l’avantage des fat cats du système », avertit-on parmi le personnel de la PSSA, qui dénonce « le fiasco total de la présente direction ».

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