ENSEIGNEMENT SUPERIEUR | Covid-19 : Les institutions tertiaires « en ligne » avec les nouvelles réalités  

Du fait du confinement imposé dans le sillage du COVID-19, les universités publiques et privées ont dû recourir aux technologies afin d’assurer la continuité de leurs services, notamment en proposant des cours en ligne à des milliers d’étudiants. Une nouveauté pour certaines institutions, alors que d’autres, elles, s’étaient déjà préparées à cette éventualité. 

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« Depuis que l’université est fermée en raison du COVID-19, on continue à offrir nos cours. Ainsi, les discussions qui se tiennent en classe le sont désormais à travers des forums sur Internet. Évidemment, nous avons dû mettre en suspens les activités qui se déroulent dans les laboratoires, mais elles reprendront une fois que l’université reprendra ses opérations normales », dit au Mauricien le Planning and Resources (Pro-VC) de l’UoM, Mohammad Santally. Ainsi, depuis la fermeture physique du campus, les chargés de cours dispensent leurs cours en ligne par le biais de plusieurs plateformes, telles Google Meet ou Zoom. Il rappelle toutefois que les outils offerts sont nombreux, et que, par conséquent, il serait préférable de les limiter, et ce pour ne pas créer de confusion entre les étudiants et les chargés de cours. « Nous gardons à l’esprit qu’il existe une panoplie de technologies faisant la même chose. Mais ce qui est important pour nous, c’est que notre but soit accompli », dit-il.

L’apprentissage et l’enseignement en ligne figurent parmi les priorités de l’Université de Maurice (UoM) depuis plus d’une dizaine d’année. Ainsi, même si les étudiants se rendent toujours en classe, ces centres technologiques permettent à l’institution d’étoffer son offre de cours dispensés « online ». Le Pro-VC rappelle que l’UoM a démarré son plan de « e-learning » en 2001 grâce à la mise en opération du Virtual Centre for Innovative Learning Technologies (VCILT), et dont le but est de promouvoir l’utilisation des technologies dans l’enseignement et l’apprentissage. Il fait ressortir qu’avec le VCILT, le Centre for Information Technology and Systems (CITS) a la responsabilité de la mise en place d’infrastructures technologiques afin de répondre aux besoins émergents des systèmes et des besoins éducatifs.

Depuis, le recours aux technologies s’est accentué. À ce titre, Mohammad Santally rappelle que l’UoM a revu sa stratégie d’apprentissage en ligne et l’utilisation des technologies de l’information et de la communication dans le domaine de l’éducation en 2017. Cette stratégie se focalise sur l’utilisation de Moodle pour les cours en ligne, et ce même si d’autres outils de Google sont également utilisés. Par ailleurs, des formations sont régulièrement dispensées aux chargés de cours afin que ces derniers puissent affiner leur maîtrise des outils informatiques proposés. « Nous avons noté une croissance de ces services par nos universitaires depuis le confinement », ajoute-t-il. D’ailleurs, des ordinateurs portables ont été mis à la dispoition des universitaires, de même qu’une allocation, et ce afin que ces derniers puissent être connectés et travailler de la maison. Par ailleurs, en vue d’assurer une parfaite éthique quant à l’utilisation de l’Internet, une IT Policy a été instaurée, laquelle a aussi pour but de garantir la bonne conduite du personnel de cette institution tertiaire lorsqu’il est en ligne.

Mohammad Santally fait ressortir que l’ICT Strategy Committee de l’UoM a réuni les  « stakeholders »  concernés pour des discussions en vue d’améliorer les services de l’université à tous les niveaux. « L’accent est mis sur l’apprentissage numérique et l’amélioration des procédures lorsque l’étudiant fait sa demande et son paiement en ligne », dit-il. Les technologies gagnent en outre du terrain dans d’autres départements de l’UoM, comme le prouve la numérisation, sur une base pilote, des documents et des mémos de l’UoM.

De même, dans le but d’assurer la continuité des activités de l’institution, deux réunions, présidées par le vice-chancellor, Dhanjay Jhurry, avec les membres du Senior Management Committee, se sont déroulées par le biais de l’application Zoom.

Transition rapide pour la Whitefield Business School

 

Du côté de la Whitefield Business School, le confinement avait déjà été anticipé. Ainsi, les chargés de cours devant dispenser les cours en ligne étaient déjà formés. « Nous avions déjà ce système en place et avions changé nos modalités de fonctionnement avant qu’on annonce le confinement », soutient Subheer Ramnoruth, Director Academic & International Affairs de la Whitefield Business School. Des mesures qui auront permis à l’institution d’assurer déjà leur présence virtuelle un jour avant l’annonce du confinement. « Dans un délai d’un jour, nous avons pu nous mettre tranquillement en ligne. Cette transition a été rapide pour nous », ajoute t-il. À noter d’ailleurs que la Whitefield Business School offre déjà un « Top Up Degree » en ligne avec une université britannique. « De ce fait, ce n’est pas nouveau pour nous », dit-il.

Depuis le confinement donc, les membres du personnel, les étudiants tout comme les chargés de cours de l’institution travaillent en ligne. Ce qui, pour Subheer Ramnoruth, présente aussi des avantages, en sus d’un « sentiment de liberté », que son équipe dit avoir ressenti.

Liberté ou non, pour le Director Academic & International Affairs de la Whitefield Business School, l’important reste de s’assurer que le travail réponde toujours aux mêmes normes de qualité, raison pour laquelle, dit-il, un système de « surveillance » a été mis en place. D’un point de vue pratique, les cours sont enregistrés afin que les étudiants puissent y accéder à leur aise. Mais travailler en ligne présente toutefois aussi des désavantages. Ainsi Subheer Ramnoruth rappelle-t-il qu’un « écran ne peut pas remplacer la présence d’un enseignant ».

Dans tous les cas, le COVID-19 aura quelque peu modifié la perception de l’enseignement, les institutions songeant en effet déjà à développer une plateforme numérique dans l’éventualité où, une fois la crise sanitaire passée, le monde se retrouvait à nouveau face par un événement obligeant le confinement. « Il est grand temps que cela se fasse. Ce virus a, d’une grande manière, poussé toute la société à adopter les mesures en ligne », dit-il. Car même si son institution est déjà engagée dans ce processus, il estime « crucial » de songer à l’avenir de l’éducation face à ces nouvelles réalités. Aussi, dit-il encore, son institution travaille sur un projet pilote avec l’Ukraine, les États-Unis et des pays d’Afrique en vue d’effectuer des essais et de conduire des recherches sur l’éducation « online ». Ce projet, dit-il, débute ce mois-ci. Des étudiants européens, américains et africains discuteront alors avec des chargés de cours issus de ces trois continents pour un cours sur la stratégie et le « leadership ».

Amity (Mtius) déjà prête pour ses cours « online »

 

Il aura fallu très peu de temps à Amity (Mauritius) pour démarrer ses cours en ligne. Cette institution tertiaire située à Ébène était en effet prête à les dispenser une fois le confinement annoncé, car elle s’était déjà préparée à cette éventualité. « Nous étions déjà préparés. Nous avons mené une planification des risques à l’avance et avons établi une série de protocoles et plans d’atténuation début mars », explique ainsi le professeur Kiran Bhujun, directeur et vice-chancelier d‘Amity (Mauritius). Afin que l’institution soit fin prête, ce dernier explique que le personnel a été formé dans les méthodes de cours en ligne et à distance, et ce grâce à la collaboration entre Amity (Mauritius) et Amity (Noida). À noter par ailleurs qu’Amity (Mauritius) possède déjà deux plateformes numériques fonctionnelles, dont l’une est utilisée en collaboration avec une université britannique. « Ces plates-formes ont toujours fait partie de nos cours », dit-il, ajoutant que l’offre des cours en ligne n’a été que du « business as usual » pour l’institution.

Toutefois, cette démarche numérique aura suscité quelques mises en place pratiques, non sans difficultés. Ainsi, selon notre interlocuteur, la plus grande difficulté aura davantage concerné les étudiants. Et de rappeler une évidence : rien ne sert d’offrir des services en ligne si ceux censés en bénéficier – en l’occurrence, ici, les étudiants – n’ont pas la bande passante appropriée. Aussi, afin de s’assurer que ce soit le cas, des discussions sont tenues avec des prestataires de services Internet. Amity (Mauritius) s’est également engagée à améliorer ses équipements. Kiran Bhujun avance par ailleurs qu’une option sera proposée aux étudiants à ce sujet pour la rentrée de l’année prochaine.

Soutenant en outre qu’en cette période d’examens, tous les étudiants de l’institution, qui compte plus de 90% d’étrangers, sont à Maurice, il en profite pour rappeler qu’Amity est « la seule institution tertiaire privée ayant un permis pour offrir des cours à distance par l’University Grants Commission (UGC) de l’Inde » et que la plate-forme en ligne de l’institution (amityopenlearn.com) est gratuite pour l’apprentissage.

Pour conclure, Kiran Bhujun reconnaît qu’aucun secteur n’avait prévu une crise d’une telle ampleur. Pour autant, il estime qu’il faut « montrer ses compétences en leadership en sachant anticiper puis planifier rapidement » afin d’être prêt pour des ajustements. « Je crois que le secteur de l’éducation tertiaire doit accepter que l’apprentissage en ligne et à distance fasse partie intégrante des opérations élémentaires de ce secteur », dit-il.

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