ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR : L’EIILM des Jeetah de nouveau à l’avant-plan

Les problèmes continuent à s’accumuler et à devenir chroniques dans le secteur de l’enseignement supérieur. La DY Patil Medical College Saga défraie encore la chronique avec le démarrage du Fact Finding Committee présidé par l’ancien chef juge, Arriranga Pillay. L’Eastern Institute of Integrated Learning and Management Branch Campus (Mauritius) de Jeetah Trust revient à grands pas aux devants de l’actualité. Et pour les mauvaises raisons. Cet Offshore Campus d’une université en Inde, non reconnu par les autorités indiennes, traverse une double mauvaise passe. D’abord, des diplômes universitaires de BSc (Management) octroyés à des étudiants mauriciens par l’EIILM Branch Campus (Mauritius) ne sont pas reconnus par l’University of Technology Mauritius. Ensuite, l’Independent Commission Against Corruption (ICAC) est actuellement en présence d’une série de dénonciations en règle et documentées au sujet des pressions exercées pour que le cas de la branche mauricienne de l’EIILM soit régularisé en dépit des dispositions du sixième accord signé à la fin de janvier dernier entre la Tertiary Education Commission et l’University Grants Commission de l’Inde.
Le premier problème, dont fait face l’EIILM Branch Campus (Mauritius) est des plus urgents et accablants. Envers et contre tout, la direction de cette institution tertiaire avait fait et continue à faire croire à ses étudiants inscrits qu’il n’y a aucun problème d’équivalence pour les diplômes sanctionnant les programmes d’études. Or, la vérité est tout autre en quittant les murs de l’EIILM Branch Campus (Mauritius).
Une vingtaine d’étudiants, qui viennent de terminer leurs études universitaires en Management, l’ont appris cruellement à leurs dépens. Ils ont voulu s’inscrire pour des cours en Post Graduate à l’Univesity of Technology Mauritius pour la prochaine rentrée universitaire. Ils ont essuyé un refus catégorique de la part du Registrar de cette dernière université. Ils ne pourront pas être admis dans les cours post-universitaires car leurs diplômes ne sont pas reconnus.
Véritable stupeur pour ces étudiants et leurs parents, qui ont dépensé des millions pour leur avenir professionnel. La seule condition imposée par l’University of Technology Mauritius est sous la forme d’une attestation de la Tertiary Education Commission, confirmant l’équivalence du diplôme émis par l’EIILM Branch Campus Mauritius. Ils ont tenté en vain d’obtenir ce document de la TEC malgré les assurances données.
Depuis la semaine écoulée, cette vingtaine d’étudiants mauriciens commencent à se rencdre compte du fait qu’ils se sont investis dans quatre années d’études universitaires pour rien. Des membres de la direction de la branche mauricienne de l’EIILM tentent encore d’intervenir auprès de la TEC en vue de contourner cette difficulté majeure avec des conséquences extrêmement graves pour l’avenir de cette institution.
Le directeur exécutif de la TEC, le Pr Ashok Kumar Bakhshi, a préféré jouer à cache-cache avec les représentants de cette université privée locale, qui se déplacent quasi régulièrement au QG de la TEC. Le principal handicap est qu’avec le nouvel accord signé par la TEC avec l’University Grants Commission de l’Inde, la marge de manoeuvre du directeur exécutif de la TEC est nulle et toute tentative de contourner les règlements en vigueur pourrait lui être fatale officiellement.
Des noms de personnalités
Entre-temps, l’ICAC a accusé réception d’une correspondance en 18 points étalant les dessous et tractations en cours afin que la branche mauricienne de l’EIILM soit reconnue officiellement par la TEC. Des noms de personnalités de même que ceux des officiels dans le domaine de l’enseignement supérieur sont cités dans ces dénonciations des cas d’abus de pouvoirs et de trafic d’influence sous le Prevention of Corruption Act. A ce stade, aucune indication si l’ICAC s’est déjà lancée dans une Fishing Expedition en vue d’établir un Prima Facie Case suite à la réception de cette lettre.
Dans la lettre, l’auteur, qui semble bien maîtriser son dossier, fait état d’une première intervention de haut niveau auprès de la TEC en date du vendredi 14 mars dernier. Les directives formulées à un haut cadre de la TEC sont claires : tout doit être fait dans les meilleurs délais pour concrétiser la reconnaissance des diplômes de l’EIILM Branch Campus (Mauritius).
Le 18 mars, des étudiants de l’université sous le contrôle de Jeetah Trust débarquent au QG de la TEC. Ils obtiennent la garantie que leurs diplômes seront reconnus par un responsable de la TEC en présence du Quality Assurance and Accreditation Officer de la TEC. L’auteur de la correspondance dresse un parallèle avec ce qui s’est passé pour les étudiants d’ISITECH Bunsiness School où la TEC avait exigé le remboursement des étudiants. « Why is it that the same practice is not being applied in the case of EIILM ? », est-il demandé officiellement à la direction générale de l’ICAC en guise de début d’enquête.
Vendredi 21 mars, un Board Paper, préconisant la reconnaissance des diplômes de l’EIILM, est rédigé sur des « instructions from higher quarters » en vue de la réunion du conseil d’administration de la TEC. « Can ICAC confirm that there is no conflict of interest? Can ICAC confirm that there is no abuse of power? », lit-on dans ce même document.
« Des affaires de familles »
Cette correspondance mentionne les noms de quatre officiels de la TEC impliqués dans les tractations pour la reconnaissance de l’EIILM Branch Campus et fait ressortir que « EIILM Branch is still operating illegally. What are being done by the Ministry and TEC apart from supportingh EIILM and giving it time to continue ? »
Cette lettre de dénonciations fait état d’une nouvelle mesure de sanctions qui entrera en vigueur incessamment dans le secteur de l’enseignement tertiaire. Toutes les institutions tertiaires devront effectuer des dépôts de plusieurs millions pour pouvoir procéder à des recrutements d’étudiants étrangers. Pour certains, cette mesure a un but spécifique, notamment éliminer les autres universités pour faire de la place à « des affaires de familles » dans l’enseignement supérieur.
Last but not least : la présence d’une université britannique à la récente Education Fair est considérée comme une entorse flagrante aux TEC Guidelines à l’effet que toute université n’est en mesure de vendre ou de présenter ses programmes d’études qu’après accréditation de la TEC. Or, dans le cas présent en février dernier, cette université britannique n’avait pas encore obtenu son accréditation de la TEC.
D’autre part, le Fact Finding Committee sur le scandale du DY Patil Medical College, présidé par l’ancien chef juge, Arriranga Pillay, a déjà procédé aux premières auditions. Les représentants de cette faculté de médecine aussi bien que l’ancien responsable de l’University of Technology Mauritius, Dharam Fokeer, ont déjà été entendus. Ce dernier a été acculé de questions sur la pertinence de l’UTM de se transformer en Awarding Body pour le DY Patil Medical College alors que le campus de La-Tour-Koenig ne dispose même pas d’une faculté de médecine ou encore des ressources humaines et professionnelles pour assurer la qualité des cours prodigués.
En fin de semaine, des représentants du ministère de la Santé devaient être convoqués pour des explications sur les moyens mis en place pour s’assurer que le Clinical Teaching Framework soit respecté et les conditions dans lesquelles le Jawaharlal Nehru Hospital a été impliqué dans ce projet et la collaboration des médecins du ministère à cette faculté de médecine.
Dans les prochains jours, des représentants du Medical Council et des membres du Management de la TEC et du ministère de l’Enseignement supérieur devront être convoqués par le Fact Finding Committee Pillay.

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