ENTREPRISE – MADE IN HEAVEN : Manque de matières premières

Made In Heaven, une petite entreprise artisanale créée il y a huit ans, à l’initiative de l’ONG Environment Protection and Conservation Organisation (EPCO), à Pamplemousses, a des difficultés à trouver des matières premières en vue d’augmenter sa production d’objets de souvenir destinés au marché touristique. Les aimants, de la colle de bonne qualité, des fils de fer, du plastique, entre autres, il faut tout importer de Chine. « Un magasin en importe actuellement mais il ne peut me fournir un millier d’aimants, par exemple, tous les mois. Je ne peux pas en importer moi-même faute d’investissements », déclare son directeur, Keshwar Beeharry-Panray.
Il y a un an, Made In Heaven avait pris son envol, dit Keshwar Beeharry-Panray, « grâce à quelques petites ouvertures dans le marché touristique ». Mais, voilà qu’il bute sur l’approvisionnement de matières premières à mesure que ses commandes augmentent. Proposant 35 variétés d’articles, il souhaite en fabriquer plus mais ne peut le faire faute de matières premières. « Nous voulons nous ouvrir au marché touristique, même si la route pour atteindre les hôtels est encore loin. Pour cela, nous avons besoin du soutien du gouvernement. Nous faisons une requête aux autorités concernées pour qu’elles demandent à une organisation gouvernementale, comme l’Agricultural Marketing Board (AMB) qui le faisait à une époque, d’importer ces matières premières, telles des pots pour les producteurs d’achards. Nous pouvons leur fournir une liste de matières premières dont nous avons besoin. Comme nous, il doit y avoir d’autres artisans qui en ont besoin pour leur production », estime-t-il.
Recyclage et réutilisation
Made In Heaven a été lancé d’après le concept de “scaling up nature’s value”, soit donner de la valeur aux matériaux naturels et locaux, soit la paille de la canne à sucre, les épices ou les noix de coco. Au début, Keshwar Beeharry-Panray pensait que les matières premières récupérées localement dans les déchets suffiraient à faire tourner sa petite entreprise mais il a vite découvert que le marché était dominé par les produits artisanaux importés de Chine, des produits bon marché, mais compétitifs. Il ajoute : « Je ne pouvais donc pas utiliser ces matériaux de la meilleure façon possible pour obtenir des revenus et créer des emplois. À Maurice, nous avons un très gros souci par rapport à la gestion des déchets solides. Nous sommes en train de tout enfouir à Mare-Chicose. Pourtant, entre 70% et 75 % de ces déchets sont organiques et récupérables. »
Les touristes, dit-il, qui achètent ces produits, ne savent pas faire la différence entre ce qui est fabriqué à Maurice et ceux qui sont importés. « Nous importons une partie des matières premières, mais nous utilisons, autant que possible, tout ce qui est disponible localement en récupérant des morceaux de bois de chez les menuisiers. Nos coffres à bijoux, par exemple, sont fabriqués à partir de matières recyclées. »
Made In Heaven emploie actuellement sept artisanes à plein-temps, et une douzaine à mi-temps, qui travaillent de chez elles. Ces dernières mettent les épices telles que l’anis, la cannelle, les clous de girofle et le safran, entre autres, achetés en gros, dans des petits pots, des petites boîtes ou des petites corbeilles, avant de les emballer dans du plastique joliment décoré. Des porte-clefs sont aussi fabriqués avec de la canne à sucre. « Nous faisons de la valeur ajoutée », déclare Keshwar Beeharry-Panray.
Après huit années d’opération, cette entreprise a pu avoir une petite place sur le marché touristique. Ses produits se vendent « assez bien » et elle a obtenu quelques bonnes commandes auprès de certaines grosses boîtes touristiques. Elle en reçoit d’ailleurs presque tous les jours, ce qui fait dire à Keshwar Beeharry-Panray que « Made In Heaven vit bien ».
Mieux faire
Selon notre interlocuteur, Made In Heaven peut « mieux faire », mais encore faut-il que cette petite entreprise ait un accès facile aux grands hôtels. C’est difficile, précise-t-il, en raison d’un problème de qualité dont souffre l’artisanat local. « Nous devons encourager nos artisans à faire mieux en leur offrant une bonne formation continue », déclare Keshwar Beeharry-Panray, qui trouve « impératif d’améliorer la qualité des produits artisanaux fabriqués localement si nous voulons pénétrer dans le grand marché touristique et si l’on veut exporter ».
Qui dit qualité, dit jolis emballages avec le plastique, le pot en verre, la boîte en carton et aussi les petites corbeilles mais, « il faut d’abord obtenir des matières premières ». Il poursuit : « Nou rod enn lakord nou pa gagne. Plus le marché cherche de plus bons et jolis emballages, plus nous devons nous tourner vers l’importation. Nous ne sommes ni en Inde ni en Chine. »
Exportation
Keshwar Beeharry-Panray estime que Made In Heaven est maintenant prête, malgré les difficultés à trouver des matières premières, à faire le saut vers le marché étranger. « Je suis allé voir du côté d’Hawaï, de Singapour et de la Thaïlande, et je peux dire que tous les produits qu’ils vendent aux touristes viennent de Chine. Je peux aussi dire qu’à Maurice nous avons un grand potentiel car nous avons préservé notre valeur artisanale. Nous avons encore de bons artisans chez nous », souligne-t-il. De ce fait, il prévoit un bel avenir pour notre artisanat, particulièrement pour sa petite entreprise, mais encore faut-il que celle-ci puisse pénétrer dans le marché hôtelier et qu’elle ne se fie pas qu’aux touristes qui viennent visiter le Jardin botanique de Pamplemousses pour venir dans son magasin. « S’ils ont entendu parler de notre atelier et de notre magasin ? », s’interroge le directeur de Made In Heaven, dont les produits sont en vente dans une vingtaine de boutiques situées dans les quatre coins du pays, à savoir à Grand-Baie, au Caudan, à Mahébourg, à Belle-Mare et à la boutique de la Mauritius Duty Free Paradise, à l’aéroport. L’e-marketing que projette de lancer SME Mauritius, avec le soutien de Mauritius Post « nous fera avoir de nouveaux clients mais ce projet prendra le temps qu’il lui faut ». Entre-temps, conclut-il, « nous avons une industrie touristique prospère et nous devons pouvoir capitaliser sur elle ».

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